ATP - E. Winogradsky : "Laisser du temps à nos jeunes"
Par Laurence DJENTO le 22/01/2015 à 19:09
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Eric Winogradsky, ancien joueur Français, devenu entraîneur de Jo-Wilfried Tsonga de 2004 à 2011 puis ponctuellement en 2013 de Gaël Monfils, est, depuis juillet 2013, responsable du haut niveau masculin à la Fédération Française de Tennis. Actuellement présent à Melbourne pour le premier Grand Chelem de l’année, il a accepté de répondre à quelques questions sur l’avenir du tennis masculin français.
Il y a eu 6 français au 2ème tour de cet Open d’Australie. Au delà des résultats un constat s’impose, tous les joueurs présents avaient plus de 25 ans. Est-ce inquiétant pour le tennis français ?
A partir de quel moment peut on juger de la maturité d’un joueur de tennis professionnel. Aujourd’hui, on sait que le temps de formation pour intégrer le top 100 et donc le tableau d’un tournoi du Grand Chelem, c’est à peu près 5 ans. Donc les joueurs arrivent à maturité dans leur 24ème ou 25ème année. Le plus important étant d’amener des jeunes pour un jour assurer la relève. Ces jeunes ont donc participé cette année en plus grand nombre aux qualifications. C’est une nette amélioration par rapport aux précédentes années puisque les générations 95 et 94 sont dorénavant représentées dans ces qualifications.
La question que tout le monde se pose est de savoir si la relève existe vraiment derrière les Gasquet, Monfils, Tsonga et Simon ?
Je crois qu’on a eu un bon aperçu de la relève avec le match de Lucas Pouille contre Gaël Monfils. Dans les qualifs, on a eu le plaisir d’observer la qualification pour le tableau final de Laurent Lokoli. De la même manière, il a des camarades d’entrainement avec lesquels il s’entraine au Stade Roland Garros qui l’ont suivi. Je crois qu’ils font tous leurs premières expériences à ce niveau là. Ils ont tous nettement progressé l’année dernière et en tous cas on souhaite qu’ils continuent dans cette voie pour un jour prendre la place de leurs ainés quand ceux ci bien évidemment seront arrivés à l’âge de la retraite.
Ne craignez-vous pas qu’il y ait un creux générationnel ?
Nous faisons tout ce que nous pouvons pour arriver à mener le maximum de joueurs à jouer régulièrement sur le grand circuit. On a commencé un travail de fond assez important pour former suffisamment de jeunes joueurs et ces jeunes joueurs, il faut leur laisser le temps. Ce ne sont pas seulement les joueurs français qui sont concernés, ce sont des statistiques qui concernent l’ensemble du circuit professionnel, les statistiques démontrent que sur les 26 meilleurs jeunes joueurs du top 100, la moyenne du temps de formation est de 5 ans. Celui qui a mis le plus de temps d’ailleurs a mis pratiquement 10 ans pour arriver à se qualifier directement dans un tournoi du Grand Chelem. Effectivement, il faut rester suffisamment ambitieux pour ne pas se contenter de coller à cette moyenne correspondant au temps de formation. Il faut se donner les moyens et donner les moyens à nos jeunes d’aller encore un peu plus vite, pour coller au temps de passage des vainqueurs des tournois du Grand Chelem qui ont été trustés jusqu’en 2014 par les membres du Big Four.
Depuis l’année dernière, on voit qu’il y a peut être une porte qui a commencé à s’entrouvrir. Nous on va essayer de s’engouffrer par cette porte en proposant à nos jeunes joueurs, ceux qui sont entrainés par la Fédération mais également ceux qui le sont indirectement dans le cadre du programme des parcours associés tel Corentin Moutet qui va disputer ici pour la première fois le tournoi junior, ou Corentin Denolly, de travailler dans ce sens. Ce sont des joueurs que nous accompagnons depuis déjà quelques années et que nous souhaitons bien entendu les voir figurer un jour parmi les meilleurs joueurs du monde.
Les jeunes espoirs français ne sont donc pas en retard ? Ils sont dans leur temps de passage ?
Ils sont dans les temps de passage que j’évoquais précédemment. Si vous me demandez s’ils sont dans les temps de passage
des joueurs du Big Four, la réponse est non. Ça serait malhonnête de ma part de vous dire qu’ils font partie de ces temps de passage là. Notre objectif, à terme, est de remporter des médailles d’or et des titres du Grand Chelem. En 2014, Stan Wawrinka et Marin Cilic ont prouvé que c’était possible sans être dans les temps de passage du Big Four.
Sur quels joueurs fondez-vous les plus grands « espoirs » ?
On a la chance d’avoir une génération qui arrive avec les joueurs qui sont nés en 1994, 1995 et 1996. Pour l’instant, il y a un joueur qui se détache de ce groupe qui est Lucas Pouille. Mais de manière plus générale, quand on la chance d’avoir un groupe homogène avec un leader, on espère quel’émulation qui règne dans ce groupe là depuis maintenant quelques mois va continuer à tirer tout le monde vers le haut et que le leader qu’est aujourd’hui Lucas va entrainer dans son sillage ses camarades d’entrainement.
Propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu