ATP - Masters - Londres va accueillir du sang neuf
Par Christophe de JERPHANION le 01/11/2014 à 11:23
Avec la victoire vendredi en fin de soirée de Kei Nishikori sur David Ferrer, en quarts de finale du BNP Paribas Masters, on connaît les 8 joueurs qui vont participer dans une dizaine de jours maintenant, aux finales de l'ATP World Tour, tournoi qu'on appelle plus communément les Masters.
Et, le moins qu'on puisse dire, c'est que le changement d'époque et de génération entrevu tout au long de la saison se retrouve dans le plateau des joueurs qui en découdront à l'O2 Arena. Bien sûr, l'absence sur blessure de Rafael Nadal modifie un peu la donne, mais ils seront tout de même 3 "rookies", cette année, à fouler le court bleu de la salle londonienne. Et l'on peut même considérer Stan Wawrinka, certes demi-finaliste l'an passé mais qui ne jouera le Masters que pour la deuxième fois de sa carrière, comme un petit nouveau.
Les habitués, ce sont Novak Djokovic, Roger Federer, déjà 6 fois vainqueur de l'épreuve, Andy Murray ou encore Tomas Berdych. Et puis, les bizuts, ce sont les deux qualifiés de ce vendredi : Milos Raonic et Kei Nishikori. Sans oublier Marin Cilic, qu'on connaît depuis plus longtemps, mais qui débutera lui aussi au Masters en 2014.
Kei Nishikori a fait son entrée dans le Top 10 le 12 mai dernier pour la première fois, devenant le premier joueur asiatique depuis Paradorn Srichaphan, qui le fut plusieurs fois entre 2003 et 2004, à obtenir un tel classement. Vainqueur de quatre titres cette saison, à Memphis, Barcelone, Kuala Lumpur et Tokyo, ce sont pourtant deux défaites en finale qui ont marqué les esprits : au Masters 1000 de Madrid au printemps, puis à l'US Open en septembre.
En Espagne, Kei Nishikori était tout proche du titre, malmenant Rafael Nadal sur sa surface de prédilection quand son dos a dit stop. Un abandon qui a tronqué la saison du Japonais, qu'on attendait à Roland-Garros et qui n'a pu y briller.
A New York, c'est tout l'inverse. Blessé au pied avant le tournoi, on ne donnait pas cher de ses chances. Pourtant, après un début piano, il est monté en puissance pour battre Milos Raonic et Stan Wawrinka dans des matches fous, de plus de 4h de jeu à chaque fois, puis le n°1 mondial Novak Djokovic, en demi-finales, en le rendant fou.
Au bout du rouleau, Kei Nishikori n'avait pas pesé lourd en finale face à Marin Cilic, mais il devenait le premier joueur asiatique à atteindre uen finale en Grand Chelem et intégrait, cette fois, de façon durable le Top 10. Avant cette nouvelle étape, puisque jamais un joueur asiatique n'avait encore joué le Masters.
L'année a été faste pour le tennis canadien avec la révélation Eugenie Bouchard, chez les femmes, et la confirmation du talent de Milos Raonic chez les hommes. A 23 ans, il est non seulement le premier Canadien à disputer le Masters (Greg Rusedski avait déjà opté pour la nationalité britannique lorsqu'il a joué ce tournoi en 1997 et 1998), mais aussi le premier joueur né dans les années 1990 à obtenir son billet pour le tournoi des Maîtres.
Vainqueur du tournoi de Washington, première finale 100% Canadienne de l'histoire de l'ère Open, face à Vasek Pospisil, Milos Raonic a aussi disputé la finale du tournoi de Tokyo, battu par Kei Nishikori. Mais, on l'a vu briller en Grand Chelem, cette saison, avec une demie sur le gazon londonien et, plus surprenant, un superbe parcours lors de la saison sur terre : à Rome comme à Roland-Garros, c'est Novak Djokovic qui l'élimine, non sans avoir eu du fil à retordre à chaque fois.
Brillant en Masters 1000, il s'est qualifié ce vendredi pour sa 3e demi-finale de l'année au BNP Paribas Masters, après Rome et Cincinnati. Une victoire symbolique, puisque, à Bercy, il a vaincu pour la première fois le Suisse Roger Federer.
Enfin, l'arme favorite de Milos Raonic, on la connaît : un service surpuissant et d'une précision diabolique. Pour la deuxième fois de sa carrière après 2012, le Canadien aura inscrit plus de 1000 aces en une saison en 2014. Et certains le sacrent d'ores et déjà comme le meilleur serveur de l'histoire. Quand on connaît sa marge de progression dans d'autres compartiments du jeu, il est certain que Milos Raonic ne devrait pas être un champion éphémère.
Enfin, Marin Cilic. On en parle moins ces jours-ci, pour deux raisons : il a déjà son ticket en poche pour Londres depuis quelques semaines et il a choisi de faire l'impasse sur le BNP Paribas Masters, justement pour souffler avant le rendez-vous londonien. Mais, lui aussi va découvrir le tournoi des Maîtres et lui aussi aura une belle carte à jouer après son fol été américain.
Vainqueur à Zagreb, Delray Beach et Moscou, le Croate est surtout entré en 2014 dans la cour des grands, dans le club fermé des vainqueurs de Grand Chelem. Une victoire complètement inattendue à l'US Open, lors d'une finale inédite face à Kei Nishikori. Mais, au regard de son parcours à New York, un titre complètement mérité et qui en appelle d'autres. Malmené en huitièmes par Gilles Simon, le Croate a puisé dans cette rencontre des ressour ces insoupçonnées qui l'ont rendu intouchable ensuite.
Tomas Berdych et Roger Federer, laminés en 3 sets chacun, peuvent en témoigner : l'élève de Goran Ivanisevic avait, sur cette quinzaine, emprunté à son mentor son gigantesque service. Rarement, on a vu Marin Cilic, le timide, l'introverti, frapper aussi fort et aussi juste, au point de devenir injouable. En finale, Kei Nishikori, à bout de souffle, n'avait pas les armes pour inquiéter celui qui revient au plus haut niveau après avoir été suspendu pour une affaire de dopage.
Mais maintenant, il faut confirmer et surtout maintenir la qualité de jeu proposée à l'US Open. Et, après ce titre, on a senti que le Croate avait eu besoin de souffler, lui aussi. Il a pris une quinzaine de jours loin des courts, espérons le retrouver à Londres dans sa meilleure forme, car, s'il est dans les mêmes dispositions qu'à Flushing Meadows, il ne sera pas bon à prendre.
Faites vos jeux ! En attendant de retrouver ces huit champions à Londres à partir du 9 novembre, il reste encore à vivre un superbe weekend à Bercy. Et, si vraiment il vous faut de quoi patienter, voici la bande-annonce des ATP World Tour Finals, pour utiliser l'appellation officielle des Masters :