ATP - Pour franchir un cap, Mathias Bourgue aidé par un "coach de vie"

Mathias Bourgue fête ce lundi ses 26 ans. L'Avignonnais, 214e mondial, aurait préféré célébrer son anniversaire dans une chambre d'hôtel à Melbourne mais il a échoué la semaine dernière au dernier tour des qualifications de l'Open d'Australie face au Néerlandais Botic Van de Zandschulp. Avant de s'envoler pour Doha, il s'était confié à Arnaud Di Pasquale dans le cadre de cet échange intimiste qu'est Dip Talk.

@_bourguinho dans DiP Talk.
Plein de sincérité, de doutes et d'espoir.
Un épisode qui m'a beaucoup touché.
MERCI Mathias de t'être livré comme tu l'as fait 🙏
2021 sera ton année 😉😘@Eurosport_FR https://t.co/VVV48Ey7Ro

— Arnaud Di Pasquale - OLY (@ArnaudPasquale) December 15, 2020

Comme le souligne le médaillée de bronze aux JO de Sydney dans son teasing, son interlocuteur "s'est livré". Mathias Bourgue a en effet évoqué la pandémie et l'absence de revenus problématique pour les joueurs qui sont au delà du Top 100. Il est également revenu sur les années d'insouciance où, avec Lucas Pouille, Grégoire Barrère et Laurent Lokoli, ils gagnaient beaucoup chez les jeunes. Il se voyait beau - peut-être trop - et reconnaît qu'il n'avait pas été prévenu que la route serait semée d'embûches. "J'avais gagné un Grade A alors que je n'étais que cadet, on parlait de génération dorée et on a tous ressenti une petite pression. Ce truc, on ne l'a jamais abordé à l'INSEP. Le premier entraîneur qui m'a parlé d'humilité, c'est Manu Planque quand je suis arrivé au CNE. Paradoxalement, Lucas a été beaucoup plus protégé de cela parce qu'il était souvent blessé. Parfois, tu te complais dans ce que tu as fait, tu n'es plus dans le travail."

Ses premiers pas chez les pros ont été douloureux. Mathias Bourgue admet avoir eu des résultats "nuls". Et cela le questionnait. "Je me demandais si mes parents allaient toujours m'aimer, si mes entraîneurs me trouvaient bon... Tu arrivais dans la salle de gym du CNE, il y avait Tsonga, Gasquet, Simon, tu venais d'un Future où tu avais pris un point ATP et je me sentais gêné, pas à ma place."

Célèbre pour avoir poussé Andy Murray - alors n°2 mondial - aux cinq sets sur le Central de Roland-Garros en 2016, Mathias Bourgue n'a pas réellement surfé sur cette performance qui avait épaté les spectateurs. Son pic reste à 140 en avril 2017. "Ce qui me maintient, c'est que je suis passionné, dit-il. Tu sais que ça se joue sur deux-trois résultats. Ce qui me manque, c'est du recul sur le plan émotionnel pour traverser une saison en ayant moins de hauts et de bas. En fait, j'ai trop d'attentes."

Mathias Bourgue n'a pas refusé les aides. "Je travaille avec Christophe Bourgois. Il est coach de vie mais je le prends plus comme un mentor. Il approfondie la dimension psychologique et mentale. Ca fait un an et ça va m'aider pour la suite. Je cherche vraiment des solutions. Jusque là, je n'avais vu que des préparateurs mentaux qui me disaient: ''A 5-5 30A au troisième set, il ne faut pas que tu penses au résultat." Super, d'accord mais je n'arrive pas! Il me fallait un truc plus profond. Avec Christophe, je creuse certaines croyances qui me permettent d'évoluer. Aujourd'hui, je suis beaucoup mature et calme."

Mathias Bourgue mise beaucoup sur 2021: "Je me sens capable d'entrer dans les 100 meilleurs mais je suis lucide pour me dire que si, à 30 ans, j'ai le même classement, j'arrêterai. Il faudra accepter d'avoir raté le wagon." La semaine prochaine, il va s'aligner au Challenger de Quimper.