Coupe Davis - Rétro 1991 : la Saga Africa de Noah à Lyon
Par Roxane TEJERINA le 25/11/2018 à 13:28
1er décembre 1991. Ce jour est marqué au fer rouge. Pourquoi ? Demandez aux passionnés de la petite balle jaune. Au Palais des Sports de Gerland à Lyon, Guy Forget met fin à cinquante neuf ans de disette. Presque soixante longues années durant lesquelles l'équipe de France de Coupe Davis regarde le prestigieux Saladier d'Argent filer dans les bras de l'Australie et des Etats-Unis, beaucoup, et surtout ces derniers, en 1982. Mais ce premier week-end de décembre du début de la dernière dizaine du vingtième siècle, le vent tourne.
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Ce nouveau souffle, il provient d'un capitaine qui jouait encore avec "ses" hommes un an auparavant : Yannick Noah, alors âgé de 31 ans. Depuis, le Saladier d'Argent, "captain Yan" l'a offert deux fois à ses joueurs. La dernière fois, il y a un an à peine. Dans un Stade Pierre Mauroy de Lille endiablé. Il aura peut-être l'occasion de le soulever une quatrième et dernière fois en novembre, si ses hommes franchissent les Espagnols mi-septembre. Une dernière fois puisque ce 16 août, l'ITF a adopté une réforme qui ne fera garder à la Coupe Davis que son nom. Rétro sur la Saga Africa de 1991.
Lorsqu'il prend les commandes de l'équipe de France de Coupe Davis en 1990, Yannick Noah a déjà touché de très près son rêve. En tant que joueur. A Grenoble en 1982, il est alors âgé de 22 ans et conduit la France jusqu'en finale où les Bleus s'inclineront finalement très lourdement (3-0 dès le samedi soir) 4-1 face aux Américains de John McEnroe. Pas question de se faire voler le Saladier une deuxième fois. Pour la finale de 1991, "Yan" parit sur deux hommes. Ils ne seront que deux face à Pete Sampras (6e) et Andre Agassi (10e). Fabrice Santoro et Arnaud Boetsch sont les deux seuls autres français à prendre part à la campagne cette année-là. Les hommes de la finale se nomment Guy Forget (7e) et Henri Leconte. Ce dernier revient de blessure et a chuté à la 159ème place mondiale, mais "captain" a confiance et espère le relancer. Il a du nez. Parce que le vendredi soir, c'est bien Henri Leconte qui remet contre toute attente les deux équipes à égalité après la défaite de Guy Forget face à Andre Agassi (6-7, 6-2, 6-1, 6-2), grâce à sa victoire sur Pete Sampras 6-4, 7-5, 6-4. Le samedi, devant un public qui sait que le match du jour, le double, sera décisif, s'emballe. Et il a raison. Le duo s'impose en quatre manches 6-1, 6-4, 4-6, 6-2 face à Ken Flach et Robert Seguso, contre qui Leconte et Noah se sont inclinés un mois plus tot au Masters de Bercy.
Dimanche 1er décembre, Guy Forget, qui réalise à 26 ans sa meilleure saison, retrouve Pete Sampras, qu'il a dominé deux fois plus tot dans la même année, en finale des Masters 1000 de Cincinnati et Paris-Bercy. L'ascendant psychologique de ses deux précédentes défaites et de son manque d'expérience dans cette compétition historique qu'est la Coupe Davis auront raison du jeune américain, 20 ans, pourtant vainqueur du Masters. Le natif de Casablanca s'impose face au futur n°1 mondial en quatre manches et offre à la France et à son capitaine son premier Saladier d'Argent depuis cinquante neuf ans. Score final 7-6 (6), 3-6, 6-3, 6-4 dans une salle en liesse. Euphorique, Yannick Noah vit cette victoire comme s'il était le joueur de 1982 et lance la désormais mythique Saga Africa (tube de l'été en 1991 qui devient le premier single du joueur reconverti) avec ses joueurs. Une finale qui inspirera Julien Benneteau, originaire de Bourg-en-Bresse, présent dans les gradins. Des scènes de liesse qu'on ne vivra certainement plus avec la réforme menée par David Haggerty et Gerard Pique: la Coupe Davis aura désormais lieu en terrain neutre. Une page qui se tournera après la finale 2018.