Tennis. Coupe Davis - Mahut : "J'ai attendu pendant 15 ans"
Par Christophe de JERPHANION le 08/03/2015 à 10:10
Nicolas Mahut est le héros de cette journée de samedi. L'Angevin a fêté, à 33 ans, sa première sélection en équipe de France par une victoire dans le double face à l'Allemagne. Avec Julien Benneteau, il a apporté le point décisif ç la France face à l'Allemagne, celui de la qualification pour les quarts de finale de la Coupe Davis et réalisé un rêve de gamin. Rencontre avec un joueur aux anges...
Vous voilà joueur de Coupe Davis à part entière, avec une victoire nette et sans bavure, après un double bien maîtrisé...
Oui, ça c'est super bien passé, mais c'est aussi grâce aux deux bisons d'hier qui nous ont apporté les deux premiers points. Le fait que Gilles gagne le premier simple 10-8 au 5e nous fait vraiment du bien, parce qu'il permet à la Monf' d'entrer sur le court plus détendu. Nous, on est parti, mais on avait vraiment confiance en lui, parce qu'il jouait vraiment bien à l'entraînement, qu'il avait déjà battu Kohlschreiber en Coupe Davis. Je vous avoue que je n'étais pas mécontent d'entrer à 2-0 sur le court, aujourd'hui.
Parlez-nous de ce double, votre premier match en Coupe Davis, parfaitement négocié...
Ce double, on l'a vraiment bien préparé toute la semaine. "Scud" (NDLR : Nicolas Escudé, son entraîneur) est venu hier. On a passé beaucoup de temps avec lui, parce que Julien et moi étions seuls à l'hôtel. On a beaucoup discuté, essayé d'anticiper tout ce qui pouvait se passer. Il nous a dit que ce serait normal si le début de match était un peu difficile, mais qu'il fallait garder à l'esprit que l'objectif était de gagner. Même s'il y avait des moments difficiles, même si on jouait un peu moins bien, il fallait continuer à jouer en équipe. Arnaud en a rajouté une couche ce matin. J'ai vraiment été soutenu par les gars pendant toute cette semaine. Tous sont venus me parler, on voit que le staff est riche mais que chacun a un rôle à jouer.
Et ça fait quoi, d'être un joueur de Coupe Davis ?
Aujourd'hui, je suis un joueur différent. J'ai été sélectionné, j'ai joué et en plus, on a gagné. J'ai accompli beaucoup de choses dans ma carrière et ça en fait partie. Je suis vraiment fier et, encore une fois, les gars m'ont mis dans les meilleures conditions pur jouer aujourd"hui. On se sentait très bien à l'entraînement, mais encore fallait-il le faire en match. On a fait un match solide, pas extraordinaire, j'ai l'impression, mais ça a suffi pour gagner aujourd'hui.
Qu'est-ce que cette journée, cette semaine représentent pour vous ?
J'ai attendu pendant 15 ans, mais ça y est, je l'ai fait. Toute la semaine, je savais que c'était là. Mais j'avais en tête d'être bon sur le terrain, parce qu'il ne suffit pas d'être sur le terrain. Il fallait assurer. On avait une mission à remplir, on l'a remplie. Maintenant, je vais pouvoir rentrer à la maison et souffler, parce que c'était une semaine intense et, même si on a joué que 3 sets, au niveau de la concentration et de l'influx, c'était chargé.
Je voudrais dire un mot sur Edouard (NDLR : Roger-Vasselin, le 5e homme). Il méritait tout autant que moi d'être sur le court aujourd'hui. Il est dans les 10 premiers mondiaux en double. Arnaud a dû faire un choix et c'était moi. C'était une déception de son côté, alors j'avais à coeur de gagner aussi pour lui.
Pensez-vous déjà aux quarts de finale ?
Oui, forcément, mais je crois que c'est pour tout le monde pareil. Quand tu es appelé une première fois, tu as envie de revenir. Mais, aujourd'hui, on a réussi à gagner sans Jo, n°1 Français, ni Richard qui sont blessés, c'est le signe qu'on a un groupe fort. Maintenant, je vais faire comme avant cette première sélection, prendre un peu de disyance pour simplement me concentrer et être le meilleur joueur possible. Et ainsi, si Arnaud, à un moment donné, a besoin de me sélectionner, il ait l'impression que je peux répondre présent. Si je n'ai pas été sélectionné avant, c'est qu'il y avait des grands joueurs et ces grands joueurs vont revenir.
Et ces quarts, ce serait peut-être chez les Britanniques. Comment imaginez-vous cette rencontre ?
Beaucoup de ferveur, comme lorsqu'ils soutiennent leur équipe nationale au rugby ou leurs clubs de foot tout au long de l'année. On a vu quelques images, hier, ça avait l'air d'être une folle ambiance. Et puis, il y a Andy Murray, qui doit avoir envie de rajouter la Coupe Davis à son palmarès. Ce sera forcément très difficile, avec un double qui pourra être important. Mais il faut d'abord qu'ils gagnent, voir quelle surface ils vont choisir. Mais, d'ici juillet, de l'eau va couler sous les ponts.
Propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu.