Tennis. ITW - Benneteau : "Si j'ai envie d'être à Lille ? Évidemment"

On a senti qu'il n'y avait plus beaucoup d'essence...

Je pensais qu'il y en aurait un peu plus. Il m'a fait mal d'entrée avec certains rallyes où il prenait le contrôle avec son coup droit, c’est ce que je voulais éviter. C’est pour ça qu’il est si fort, il arrive quand même à prendre le contrôle des échanges comme ça. Il a été meilleur dans tous les compartiments. C'est sûr qu'il aurait fallu que je charge un peu mieux et que j'ai plus de jambes pour défendre. Le but contre lui n'était pas trop de défendre ; on est obligé derrière son service d'aller chercher des balles, de contrer. C'était compliqué. Je n'ai pas eu trop de réussite à la fin du premier non plus. Le premier, c'est dur, parce que cela ne se joue pas à grand-chose. Le premier jeu, je loupe une volée de coup droit facile sur la balle de break. Si je la sauve, ça peut me mettre dans le match d’une autre manière. J’ai une balle de debreak derrière que je ne fais pas. Derrière, je reviens deux fois. Je me crée des opportunités, mais si j'arrive à prendre un peu le score, à être moi devant, ça peut m'aider dans ce premier set en tout cas.

Tu penses que les formidables émotions que tu as vécues durant la semaine puisent beaucoup d’énergie ? Par exemple, as-tu bien dormi ? Tu étais bien ce matin ?

Je me suis endormi tard, parce qu'il y a les émotions mais c'est aussi de finir pas très tôt. Vous allez me dire que lui aussi a fini tard. Forcément, quand on finit de tout faire vers minuit, on ne peut pas trouver tout de suite le sommeil. C'est impossible. Honnêtement, je pense que la dizaine d'années d'écart fait peut-être la différence aussi au bout de la semaine. Il y a eu les émotions, il y a eu des matchs durs. C'est compliqué de tenir cette intensité.

Comment cela se ressent la fatigue ? Les jambes lourdes, le souffle un peu court ou plutôt une fatigue mentale ?

Mentalement, il n'y a pas de fatigue. Les jambes sont lourdes, dures, elles m'empêchent de bien pousser au service, par exemple, ou de tenir un peu en bout de course ou en revers, des choses comme ça. C'est dur, parce qu’on en prend un peu plein la gueule c'est un peu comme un combat de boxe et de temps en temps, on perd un peu de la lucidité aussi, sur les zones au service, sur les choix. Cela se traduit par des moments anodins. À 15A, il y a une balle de jeu pour moi. Deux petites attaques de coup droit sortent, qui hier restaient. Sa qualité de balle me gêne beaucoup plus que ce que j'ai eu dernièrement. Il a un coup droit d'une lourdeur incroyable, même sur cette surface.

Il y a trois semaines, j'imagine que tu ne pensais pas beaucoup à Lille, tout comme lundi dernier. Tu y penses beaucoup plus aujourd’hui ? Quelle est ta position par rapport à cela, par rapport à un éventuel stage ? Tu serais prêt à aller au stage ? Tu attends ? Tu espères ?

On attend la décision de Yannick pour savoir combien il va en emmener au stage de préparation. J'aurai plus le sentiment de faire vraiment partie de l'aventure de cette finale si on m'appelle pour faire partie du stage de préparation. Je ne sais pas avec quels joueurs il va partir et surtout à combien il va partir pour le stage.

Tu l'as évoqué tout à l'heure rapidement. Tu peux développer sur sa qualité de balle à lui ? Quel effet cela fait dans la raquette ?

C’est une balle qui a beaucoup d'effets. On le ressent quand on est au filet, par exemple, dans ses passings. Notamment en coup droit, quand il passe, il a une balle qui redescend, qui tourne un peu dans la raquette là où la plupart des joueurs sur cette surface font des passings plus tendus avec une balle un peu neutre. Si on est dessus, on arrive donc à un peu mieux contrôler. En coup droit, il arrive à toucher des zones, avec une sécurité et une violence incroyables. On a l'impression qu'avec sa technique, il peut être en retard. En fait, non. Il est toujours bien à l'heure. Son service, c'est pareil. Il est capable de servir s’il a envie de temps en temps à 215 mais la plupart du temps, il sert à 180 ou 190 mais avec énormément d’effet, et dans certaines zones, ce qui fait que derrière c'est dur de contrôler un retour quand il est à 190 avec de l'effet. Et elle tombe dans la zone qu'il a envie, pour agresser tout de suite derrière. Il est redoutable là-dessus.

Dimanche dernier, tu as annoncé que c'était ton dernier Bercy. Tu peux revenir sur cette semaine folle et nous dire de quoi tu es le plus fier ?

Je suis fier d’avoir joué quatre matches de suite à très haut niveau. Au premier tour, contre Shapovalov, j’ai très bien joué. Et d’être capable de tenir pour battre Jo, Goffin et Cilic à la suite. En indoor, ce n'est pas rien. Avoir été capable de le faire ici, à Paris, cela rajoute quelque chose de supplémentaire. J'ai vécu des moments forts auxquels je me suis accroché ces deux dernières années, en simple. C'était personnel, pour moi, et en même temps partagé avec le public français, avec ma famille et mes amis, ici. C'est une semaine qui restera à jamais marquée, qui me donne des choix pour l'année prochaine. Forcément, ce n'est que du bonus pour moi.

De quoi es-tu le plus heureux ? Savoir que tu vas repartir pour un tour dans de bonnes conditions en 2018 ou être totalement en position pour être dans les quatre à Lille ?

Bonne position pour les quatre, je ne sais pas. La finale de Coupe Davis est l'objectif de tous les joueurs français « sélectionnables » en cette fin d'année. Comme je l'ai dit, cela dépend de beaucoup d'options que va décider Yannick. Cela faisait longtemps, même si la hiérarchie n'est pas bousculée pour autant… On ne pensait à moi que pour le double, alors que les autres années, avant ma blessure, je pouvais pallier les deux en cas de coup dur ou je faisais partie du double titulaire à un moment donné. Là, je ne sais pas si dans l’esprit de Yannick je suis redevenu un candidat s'il y a des pépins pour le simple. En tout cas, j'ai toujours très bien joué en double grâce à mes qualités de simple aussi. Avoir bien joué en simple récemment et avoir fait des matches de double aussi, si on doit faire appel à moi, ça ne peut que m’aider pour un double.

Tu as un peu répondu. Ton parcours de simple peut t'ouvrir les portes du double pour la finale.

Je n'en sais rien. Je ne peux pas répondre à ces questions. Je n'en sais rien. Si vous me demandez aujourd’hui si j'ai envie de jouer à Lille dans trois semaines, évidemment ! Personne ne va vous dire le contraire. On verra quel groupe il va appeler pour préparer cette finale.

Cela dépend. S'il n’en prend que quatre, ça voudrait dire que voilà. S'il en prend 5 ou 6, peut-être que j'ai une petite chance. Cela fera vraiment partie de l'aventure de cette finale.