ITW - Forget : "Djokovic-Murray, on reste sur notre faim"

 

Vidéo - Open d'Australie - Sur TennisActu.net avec Eurosport !

Andy Murray s’est incliné en quatre sets en finale de l’Open d’Australie face à un Novak Djokovic de gala qui, contrairement à l’Ecossais, s’est montré plus réaliste et percutant dans les moments importants. Retour sur ce match et le cinquième sacre Australien de Novak Djokovic avec Guy Forget, consultant sur Eurosport.

  

Quelle est votre analyse juste après cette finale ?

Novak a été plus solide sur ce match bien qu’à un certain moment on croyait que les records de longueur allaient être battus, que Murray allait peut être battre Djokovic ici enfin à l’Open d’Australie. Le niveau de jeu était exceptionnel. Je crois que Murray a eu beaucoup d’occasions. A un moment donné, il a breaké, il a mené et il s’est retrouvé à deux-zéro pour lui au troisième set. Djokovic a montré des signes de fatigue, s’est plaint de petites douleurs aux jambes et à la main. Puis lorsqu’il était devant Andy a mal géré ces quelques jeux qui lui ont été fatales aussi bien, j’ai l’impression, psychologiquement que physiquement et à partir de là Djokovic a fait cavalier seul et a gagné je crois quasiment 9 jeux de suites pour s’imposer et soulever le trophée pour la 5^ème fois. Donc voilà une victoire logique mais une fin de match qui nous laisse un petit peu sur notre faim.

 

Quelle solidité ce Djokovic, contreur, défenseur, il est partout ?

C’est là où l’on se rend compte des petites modifications que Murray va pouvoir peut être travailler et mettre en place avec Amélie Mauresmo pour essayer d’être un peu plus saignant en attaque. On a vu qu’à conclusion à la volée, une ou deux fois, il a lâché quelques points qui auraient pu peut être faire la différence parce qu’au niveau de la résistance physique et au niveau de la couverture de terrain, bien que Murray soit probablement un des plus beaux athlètes du circuit, aujourd’hui Djokovic lui est supérieur. Il est quasi indébordable du fond du court et à moins d’avoir la puissance de frappe d’un Stan Wawrinka du fond du court, le moyen le plus simple c’est peut être d’être encore plus performant à la volée et au service. Je crois que c’est dans ces deux secteurs qu’Andy peut encore s’améliorer.

 

Djokovic est dans son jardin ici. Est-ce là où son tennis s’exprime le mieux ?

Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas autant gagner à l’US Open. C’est un peu le même genre de surface. Je crois qu’en début de saison c’est peut être lui qui est souvent le mieux préparé. Les autres n’ont pas forcément encore complètement leurs marques, certains étaient fatigués par une fin de saison dernière éprouvante. Je pense à Wawrinka qui l’a dit alors qu’il a perdu en cinq sets contre Djokovic en demi-finales. Maintenant c’est une série qui est en cours et qui va se prolonger pour Djokovic, je pense même dans d’autres tournois du Grand Chelem. Parce qu’il est au sommet de son art aujourd’hui. Il joue extrêmement bien et les autres essayent de s’en approcher. Federer a fait une très belle saison 2014, Nadal n’est pas encore à son meilleur niveau. Je crois que ça nous promet des semaines et des mois à venir passionnants à suivre.

 

Il manque un titre du Grand Chelem à Djokovic. Peut-il gagner Roland Garros ?

Je pense qu’il le gagnera. Je pense que c’est plus une question de temps qu’une question d’endroit. Même si son jeu est peut être un petit moins percutant sur terre battue que sur dur parce que sur terre il y a des faux rebonds, il prend la balle tôt, il est un peu plus friable, parfois on sait qu’il s’agace un petit peu. La terre battue est une surface encore différente psychologiquement. C’est vrai que Nadal est un épouvantail depuis des années, il a des petits soucis physiques et il ne va pas gagner 14 fois à Roland Garros. Celui derrière Rafa qui est le plus proche de gagner ce tournoi, c’est Djokovic. Donc j’imagine qu’il va arriver sur ce prochain tournoi du Grand Chelem avec les dents longues et une ambition encore plus grande.

 

6-0 contre Wawrinka au cinquième set, 6-0 contre Murray au quatrième set après des matches disputés. Cela signifie-t-il que soudain il fait trop mal ?

Non, cela signifie que les autres baissent. Ils accusent le coup et lui physiquement, il est toujours au même niveau, voir meilleur. Il y a une telle intensité physique, des échanges tellement longs. On parle parfois de raccourcir les matches et c’est vrai que ça irait peut être dans le bon sens parce qu’à un moment donné il ne faut pas que ce ne soit qu’un combat physique exclusivement du fond du court. Il faudrait qu’il y ait aussi parfois un petit peu plus de variété. Mais quand on engage un combat physique contre Djokovic du fond du court, c’est sûr qu’il n’y en a aujourd’hui aucun qui peut tenir la distance à la régulière avec lui comme ça.

 

On peut rendre hommage à Amélie Mauresmo qui a aidé Andy Murray à retrouver une finale de Grand Chelem après Wimbledon 2013. Belle performance après sept mois de collaboration ?

Oui. En plus c’est une collaboration qui a l’air chouette. Je crois que le travail se fait dans la bonne humeur. L’un et l’autre sont contents de se retrouver sur le terrain. Andy a retrouvé quasiment son meilleur niveau. Même si je pense qu’il est encore perfectible et ce qui va être intéressant maintenant, dans les semaines et les mois à venir, c’est de voir comment Andy aujourd’hui peut battre des garçons comme Djokovic et comme Rafael Nadal. Je crois qu’il va être dans les 4 meilleurs joueurs du monde et je ne peux pas imaginer qu’Amélie et Andy ne visent pas la deuxième ou la première place. Mais ça, ça passe par un travail, il doit encore progresser. Je pense notamment au niveau du service. Il fait 1,92m, il peut servir à plus de 210 km/h et il n’est pas normal que parfois il serve des petites deuxièmes balles et qui d’un coup deviennent un peu médiocres. Je crois que pour être numéro un, il faut pouvoir arriver encore à progresser dans certains secteurs. Celui de la volée et peut être du service sont ceux où Amélie va peut être lui apporter le plus de choses.

 

Propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu