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ITW - Kuerten : "Au Brésil, le tennis est encore amateur"

Par Thibault KARMALY le 28/02/2016 à 18:27

ITW
Photo : TennisActu.net / @TennisActu

 

Vidéo - Kuerten : "J'ai voulu faire parti de l'histoire de Roland"

Buenos Aires, Rio de Janeiro, Acapulco, Sao Paulo : la planète tennis était en Amérique latine en cette fin février. L’occasion de donner à la parole à l’une des figures les plus mythiques du tennis brésilien, Gustavo Kuerten. Pour le site Roland-Garros.com, le triple vainqueur du "Grand Chelem" parisien (1997, 2000, 2001) évoque la santé de son sport dans son pays. Malgré les difficultés et les embûches, "Guga" estime que le Brésil est sur le bon chemin.

 

image"Guga", comment évaluez-vous l’état général du tennis de votre pays ?

Ecoutez, j’ai l’impression que le tennis brésilien poursuit sa phase de croissance de façon… cohérente. A l’époque de ma première victoire à Roland-Garros, en 1997, il a connu une explosion incontrôlable. C’est plus mesuré aujourd’hui, mais ça avance. On se développe de façon moins anarchique et c’est de cette façon qu’on va atteindre de meilleurs résultats dans la durée.

 

Au niveau de l’élite, les résultats sont-ils bons à vos yeux ?

Ils sont corrects. Marcelo Melo est numéro 1 mondial en double et à gagné Roland-Garros l'année passée, Bruno Soares vient de gagner deux Grand chelems (double masculin et double mixte à l’Open d’Australie, ndlr). Ce qui est dommage, c’est que ces résultats passent un peu inaperçus car les gens attendent le nouveau "Guga" ou la nouvelle Maria Ester Bueno (victorieuse de 7 tournois du Grand chelem en simple dans les années 1950, ndlr). Mais Thomaz Bellucci est là, dans le Top 40, depuis au moins 5 ans. C’est une régularité difficile à atteindre et pourtant peu de gens y accordent la valeur que cela mérite. Teliana Perreira a gagné deux tournois WTA sur terre l’an passé. Derrière, des jeunes comme Thiago Monteiro (tombeur de Jo-Wilfried Tsonga à Rio et de Nicolas Almagro à Sao Paulo, ndlr) poussent. Tout ça n’est pas anodin.

 

Vous êtes donc satisfait de la façon dont la situation a évolué depuis la fin de votre carrière ?

On ne se débrouille pas trop mal, disons. Les perspectives sont positives… Le seul regret que je peux avoir concerne nos lacunes en matière de formation. Nous avons besoin d’entraîneurs, de formateurs de qualité avec une vision précise, professionnelle. C’est ça qui nous fait défaut. Dans notre pays gigantesque, cela prend du temps de semer les graines qui vont permettre aux jeunes d’éclore. Mais quand ça fonctionne, ça va à une vitesse folle.

 

imageComment le tennis se développe-t-il au Brésil ?

Par le biais de la Confédération brésilienne de tennis, la CBT, mais aussi grâce à des initiatives indépendantes, comme par exemple l’Institut Guga Kuerten qui contribue à donner des résultats (Thiago Monteiro en est issu, ndlr). Mais le Brésil est encore otage de certaines choses, de la politique notamment. Quand le tennis tombe dans la sphère publique et politique, là ça devient difficile d’avoir des résultats…

 

Le Brésil a-t-il une méthode bien à lui ?

Non, et c’est là notre problème principal. On n’a jamais réussi à monter une méthode de formation efficace de développement de notre tennis. C’est pourtant ça le meilleur chemin : investir pour construire une plateforme unique. Il y a beaucoup de projets individuels mais ça ne suffit pas. Il manque un socle commun. Et puis, ce qui fait défaut c’est le manque d’entraîneurs qualifiés. Qui sont les vingt principaux coachs brésiliens aujourd’hui ? Il faudrait les réunir autour d’une table, échanger et organiser des réunions tous les mois pour mettre en pratique une stratégie de développement. A l'heure actuelle, le Brésil fourmille de projets mais ils sont trop isolés, fragmentés.

 

La perspective des Jeux Olympiques ne pourrait-elle pas apporter cette cohérence ?  

Disons que le tennis de haut niveau traverse un moment favorable avec les Jeux olympiques. Il y a eu des investissements énormes effectués ces 5 dernières années. La réalité et le quotidien des jeunes joueurs sont largement meilleurs qu’à notre époque.  Tout ça, c’est un succès incontestable, tangible. Ensuite, il y aura le défi de la gestion de l’après-JO. Il faudra réussir le désinvestissement. C’est normal qu’il se produise, donc il faut s'y préparer. Le pays n’avait jamais traversé un moment aussi propice en terme d’investissement autour du sport, donc il faut planifier la suite et espérer que l’édifice ne s’écroule pas.

"Plus facile de se frotter aux difficultés quand tu as une boussole"

 

Vous parlez de moment propice, mais aujourd’hui, les jeunes joueurs brésiliens semblent éprouver les pires difficultés pour investir et se lancer dans le monde pro…

Ce n’est pas comme en France, c’est certain. Chez vous, il y a d’abord les connaissances. Vous avez grandi avec le tennis, il est dans votre ADN. En France, c’est comme si tout était déjà établi, réglé, organisé. Chez nous, c’est encore une sorte de chantier. Il faut développer presque toutes les étapes, la formation des 4-10 ans, celle des 10-14 ans... A la CBT, il existe des cellules qui essayent de favoriser l’éclosion des jeunes talents. Mais il y a beaucoup de pertes, beaucoup de gâchis. Sans parler de tous les talents potentiels qui ne vont même jamais tenir une raquette dans les mains. Nous avons pris la mauvaise habitude au Brésil de perdre des jeunes talents entre 18 et 25 ans. C’est vraiment dommage.

 

Pourquoi ?

Parce que c’est difficile de voir ce qu’il y a au bout du chemin. Ils ne savent pas trop ce qu’ils vont trouver, alors ils doutent, ils ont peur, ils abandonnent… Ce sont les âges les plus cruciaux au tennis, et au Brésil on les gère moins bien. En France, c’est plus facile car les bases sont solides, elles ne bougent pas. Les jeunes savent ce qui les attend, que plus de 50% des jeunes talents vont réussir et que les autres auront d’autres perspectives derrière. Au Brésil c’est différent. Regardez Tiago Fernandes, numéro 1 mondial chez les juniors : il a arrêté de jouer à 20 ans ! Idem pour Bruno Rosa. C’est plus facile de se frotter aux difficultés, d'apprendre à souffrir, quand tu as une boussole et que tu sais où tu vas. Mais même si tu avances dans le noir, il faut t’engager et y aller de toutes tes forces car parfois la réussite est juste là, à coté.

 

Qu’est ce qui manque alors au Brésil ?

Ce qui manque ce sont des bases, des centres d’entrainements nationaux. A Rio, nous avons Tennis Route qui bénéficie du soutien de la CBT. Joao Zwetsch, le capitaine de l'équipe nationale de Coupe Davis, y est, Bellucci, Monteiro et Guilherme Clezar aussi… C’est un peu comme à l’époque de l’académie de Larri Passos (entraîneur historique de Kuerten, ndlr). Les jeunes ont besoin d’émulation pour progresser, de points de repères représentés par des pros déjà installés. Un peu comme au foot, où les meilleurs vont soit au Flamengo, soit au Fluminense. Ce n’est pas spécifique aux Brésiliens. Les Argentins ont les mêmes difficultés mais ils sont plus vaillants, plus courageux au moment d’affronter les moments suffoquants.

 

C’est pour ça que les Brésiliens sont réticents à l’idée d'aller jouer sur le circuit européen ?

Oui, ils préfèrent rester en Amérique du sud, où le niveau est moins élevé. Tu gagnes davantage de matchs, c’est plus confortable, plus facile. Mais les meilleurs sont surtout en Europe et moi j'encourage les jeunes Brésiliens à affronter cette réalité du tennis européen. C’est là que ça se passe.

 

Quelle est l’importance de tournois comme le Rio Open ou le Brésil Open de Sao Paulo ?

Ils sont essentiels. Le Rio Open c’est comme un mini Roland-Garros ! Pour moi c’est magnifique de voir ça, chez nous. Je vois les bénéfices d’un tournoi de cette envergure. Je vois que c’est une pièce fondamentale au développement du tennis brésilien. On parvient tout à la fois à donner goût au tennis aux plus jeunes et à célébrer les anciens, à inspirer nos joueurs mais aussi attirer un public qui ne s'intéresserait pas sinon au tennis. C’est incontournable, surtout dans une ville aussi magnifique. Cette année, il y avait 8 membres du Top 30 à Rio : ce n’est pas rien. Le travail est bien fait, les organisateurs font quelque chose de très professionnel dans un sport encore très amateur chez nous.

 

Avec un ATP 500, un ATP 250 et un "International Event" WTA, le Brésil est une place forte de la terre battue au plus haut niveau. Pourquoi cette surface est-elle aussi omniprésente au Brésil ?

C'est à la fois historique et peut-être économique. Et c'est peut-être un peu ma faute, aussi : les Brésiliens ne m'ont vu gagner qu'à Roland-Garros, alors il n'existe pour eux qu'une seule surface au tennis, la terre battue (rires) !

* Entretien réalisé par Roland-Garros.com à retrouver ICI 

 

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