ITW - Nicolas Mahut : "La France, un réservoir de double"

 

Vidéo - Open d'Australie 2015 - Sur TennisActu.net avec Eurosport

Voilà une paire française qui fait de plus en plus parler d'elle. Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert se sont qualifiés ce mardi pour les demi-finales de l'Open d'Australie, pour leur tout premier Grand Chelem ensemble. Suffisant désormais pour se placer en tant que favori au titre selon les spécialistes. En conférence de presse, Nicolas Mahut croit en ses chances et ne veut surtout rien changer. Et ce, avant d'affronter pour une place en finale la paire Ivan Dodig-Marcelo Melo, tête de série n°4 du tournoi. Une rencontre qui se déroulera cette nuit.

 

Nicolas, il n'y a rien à redire aujourd'hui, vous avez fait un grand match

On a fait un super match. Il fallait faire ça pour gagner. On le savait de toute manière. C'était plus facile pour nous de préparer ce match, on avait tout a gagner. J'ai juste demander à Pierre-Hugues de se lâcher, c'était juste la consigne. Etre performant sur ce que l'on faisait et surtout d'y aller sur les jeux de retours. Il ne fallait pas commencer à retenir et c'est ce qui s'est passé. C'est une grosse satisfaction de voir ce que l'on a pu produire en niveau de jeu et puis d'être en demies quoi. Encore deux.

C'est d'autant plus sympa et agréable que vous êtes une paire toute neuve. Qu'est-ce qui vous a poussé à jouer ensemble ?

Ce qui m'a poussé à l'appeler c'est que Mika (Llodra) il a arrêté, déjà (rires). Ensuite j'ai beaucoup réfléchi. J'ai déjà dit à Pierre-Hugues tout le bien que je pense de lui et la carrière qu'il aura et je sais qu'il va être un très très grand joueur de double. J'ai eu des propositions de joueurs qui étaient dans les 10 ou dans les 15, donc c'est toujours plus simple quand on est tête de série. Mais après j'ai voulu prendre le pari avec Pierre-Hugues de voir sur le moyen, long terme. Même si à 33 ans pour moi le long terme on sait pas très bien jusqu'où ça me mène. J'avais une vision sur 10 ou 12 Grand Chelem, sur la durée il y en aura bien un que l'on va faire péter, ou au moins se rapprocher de la victoire. Il se trouve que dès le premier on est en demi donc ça me donne raison et je suis content. 

Vos adversaires le disent, vous êtes la paire la plus forte qui reste. Pour eux c'est vous qui allez gagner de le tournoi. 

On va chercher la coupe maintenant ou on les joue quand même les matches ? C'est sympa de leur part, ils ont gagné un Grand Chelem donc ils savent de quoi ils parlent. Si ils pensent que l'on peut y aller c'est que l'on a les capacités. Maintenant, comme je le répète à Pierre-Hugues, on va savourer. Notre match est dans deux jours, on va se préparer tranquillement et on va regarder nos adversaires. Mais surtout il faut que l'on ne change rien, que l'on garde ce qui fait notre force, être performant au service, être agressif, être percutant. Parfois on fait des fautes mais des qu'on arrive à être ensemble, là on fait mal. Moi aussi je suis convaincu que l'on peut aller au bout. 

Julien et Edouard disaient que votre qualité de service était très au dessus des autres équipes de double. C'est vraiment ce qui fait votre force ? 

Oui c'est vraiment notre point fort. On sait que si on est concentré et que l'on sert bien, on est difficile à breaker. Ensuite le temps joue en notre faveur pendant le match dès qu'on arrive à se libérer et à se lâcher sur les retours. C'est vrai que les équipes que l'on a joué savent que dès qu'ils ne passent pas une première, ils ont une seconde à jouer et on va être agressif. Il suffit que l'on se retrouve à 15-30 ou 30-A et là c'est un peu le danger parce que nous effectivement on sert bien jusqu'à présent. On a pas trop de balles de break à sauver. Donc oui c'est notre manière de jouer et surtout il ne faut rien changer. 

On sent que vous travaillez dans la bonne humeur aussi, avec un coach qui aime bien détendre l'atmosphère. 

C'est comme ça que l'on va bien jouer dès le début. On a commencé à Bercy où c'était notre tout premier match ensemble. On était tendu tous les deux, on ne se connaissait pas, on voulait bien faire. Pierre-Hugues voulait me montrer qu'il savait bien jouer en double alors que je le savais déjà. A la fin du match on perd 7-6 7-6 je crois et on s'est dit on va aller jouer le meilleur challenger de l'année ensemble et là on va faire tous les matches pour se faire plaisir. On l'a gagné ce fameux Challenger, à Mouilleron-Le-Captif, je précise. Depuis on s'est dit que c'était comme ça, dans la bonne humeur avec le bon état d'esprit. Essayer de rigoler quand il y a un moment de tension. 

On voit que la paire Sock/Pospisil est aussi une paire récente qui fonctionne. Le double est-il toujours une question d'automatisme ? 

Il faut des automatismes pour être bon car il y a plein de balles au milieu. Il y a plein de combinaisons à travailler, nous on en a fait beaucoup beaucoup à l'entraînement. Sock/ Pospisil c'est deux très bons joueurs de simple. Quand les joueurs de simple se mettent au double on sait que ça peut être très dangereux. Nous on est des joueurs de simple mais on a des qualités de joueur de double, on fait tout le temps du service volée. On a fait plein d'exercices, on a beaucoup discuté, regardé des vidéos. Et ça nous permet de gagner du temps sur les équipes qui jouent ensemble depuis longtemps.

C'est peut-être assez tôt mais la Coupe Davis dans un mois vous y pensez déjà un peu ?

Pas du tout. Ma préocupation première et je le dis depuis plusieurs années, c'est de gagner un Grand Chelem. Cela reste mon objectif, avec les Jeux Olympiques mais c'est dans longtemps.  Donc la Coupe Davis non ce n'est pas dans un coin de ma tête. En plus je ne sais pas sur quoi Arnaud va partir donc je n'y pense pas du tout. 

Quand vous entendez dire que le double est le maillon faible de l'équipe de France cela vous inspire quoi ? 

Il faut être prudent dans les réponses (rires). On a d'excellent joueurs de double après je pense que l'on peut mieux les préparer, quelque soit la composition. Il y a beaucoup de nations qui envieraient notre réservoir de double, on peut faire tellement de combinaisons avec Jo, Bennet, Richard, Edouard et il y avait encore Mika l'an dernier. Plus que le choix d'hommes, c'est la manière dont tu prépares les joueurs qui pour moi est le plus important. 

Propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu.