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Livre - Découvrez "Les monuments du tennis moderne"

Par Christophe de JERPHANION le 25/12/2014 à 16:14

Livre
Photo : Editions Alan Sutton & @ATPWorldTour

 

Vidéo - Roger Federer - Best points 2014

Marc Gdalia, passionné de tennis, s'est associé à deux journalistes spécialisés dans ce sport et très expérimentés, Guillaume Duhamel, ancien de Tennis Magazine, et Guillaume Willecoq, rédacteur en chef du site 15-lovetennis, pour écrire et publier un très beau livre consacré aux champions et aux matches qui nous font et nous ont fait vibrer : "les monuments du tennis moderne", aux éditions Alan Sutton, avec une préface de Philippe Bouin, qui fut longtemps une des grandes plumes de l'Equipe. Entretien avec Marc Gdalia pour évoquer cet ouvrage, qui peut faire un beau cadeau de Noël pour tout passionné...

 

Marc Gdalia, pouvez-vous nous présenter "les monuments du tennis moderne" ?

L’ouvrage retrace l’histoire du tennis masculin à travers ce qu’il a produit de plus beau, de plus grand, de plus prestigieux, au cours des quarante dernières années. De Connors à Djokovic en passant, par exemple, par Borg, McEnroe, Agassi, Sampras, Federer ou Nadal, de longs portraits des douze champions légendaires de cette période invitent le lecteur à seimage plonger dans leurs carrières et leurs destins personnels. La seconde partie raconte ensuite par le menu seize matchs d'anthologie, autant de rencontres emblématiques qui restent gravées dans la mémoire collective. Parce qu'il s’applique aussi bien à un artiste mythique qu’à une œuvre majeure, le terme "monuments" nous a donc paru s’imposer pour résumer les deux thématiques du livre.

 

Qu'entendez-vous par l'expression "Tennis moderne" ?

Du point de vue de l’histoire d’une discipline, rien n’est par définition plus relatif et plus fluctuant qu’une telle notion. Nous avons situé précisément le début de l’ère moderne en 1974. Une année charnière qui, avec le double avènement de Borg et de Connors au palmarès du Grand Chelem, voit une irrésistible "lame de fond" déferler sur le tennis de l'ère Open pour le propulser dans une dimension nouvelle. Si nous avions choisi d’inclure dans ce panthéon les géants du début de l’ère Open, tels Rod Laver ou Ken Rosewall, le récit de leur carrière nous aurait du reste conduits à remonter jusqu’aux années 1950, ce qui nous aurait passablement éloignés de la période contemporaine.

 

Pourquoi choisir de couvrir une période précise de l’histoire du jeu ?

Parce que, avec des biographies de joueurs de 30 à 35 000 signes en moyenne et des comptes-rendus de match deplus de 10 000 caractères, nous souhaitions apporter une densité et une richesse à nos récits. Remonter jusqu’aux origines du tennis en maintenant un tel format (sans compter les photos correspondantes et les annexes statistiques de chaque joueur) n’aurait donc pas été compatible, en termes de volume de pages, avec les standards de l’édition…

 

Comment avez-vous travaillé : comme des journalistes, des biographes, des écrivains ou des conteurs ?

Nous avons d’abord voulu faire œuvre d’historiens en entreprenant un important travail de documentation et de recoupements entre des sources multiples. Notre bibliographie comprend ainsi plusieurs dizaines d’ouvrages de natures et de périodes assez diverses.

Nous souhaitions également dénicher des verbatim éclairants pour chacun des champions traités, voire même en obtenir imagedirectement (certaines révélations intéressantes de Mats Wilander proviennent d’un entretien accordé à Guillaume Willecoq). Abonné à Tennis Magazine depuis le milieu des années 80, j’avais conservé ses anciens numéros dans mes archives, de même que de nombreuses revues sportives et autres coupuresde presse. Quant à ma vidéothèque personnelle, elle a naturellement dû être scrutée et complétée au fil des nécessités de la rédaction du livre. Enfin, si la Toile regorge d’informations de qualités très disparates, certaines pépites nous ont été utiles (quelques articles mythiques de Sports Illustrated datant des années 70, plusieurs sites de statistiques assez pointus).

Mais, notre souhait était d’offrir au lecteur des clés et des analyses permettant de mieux comprendre ces quatre décennies de tennis ; de faire revivre, par le texte et par l’image, des carrières, des exploits et des moments de grâce qui ont marqué les mémoires de plusieurs générations de passionnés ; et enfin de raconter les destins hors norme, parfois romanesques, des empereurs de ce sport. De ce point de vue, il nous a donc fallu endosser chacun des rôles que vous avez évoqués dans votre question.

 

Le choix des joueurs comme celui des matchs recèle forcément un peu de subjectivité. Comment s'est fait la sélection ? Avez-vous eu des désaccords ?

Nous sommes à chaque fois parvenus aisément à un consensus, en dépit de notre différence de génération (je suis né en 1971, et mes deux coauteurs dans les années 80). La sélection des champions fut d’abord extrêmement simple à établir, le nombre de titres majeursayant fait office de juge de paix pour définir cette "élite ultime" du tennis moderne. Ainsi les douze monstres sacrés traités dans l’ouvrage ont-ils notamment pour point commun d’avoir triomphé à au moins six reprises en Grand Chelem : Agassi, Becker, Borg, Connors, Djokovic, Edberg, Federer, Lendl, McEnroe, Nadal, Sampras et Wilander.

À l’inverse, le choix des rencontres comportait une part de subjectivité dès lors qu’aucun critère factuel ne permettait bien entendu de dessiner une hiérarchie indiscutable à travers l’histoire. Nous nous devions en outre de préserver un équilibre minimal entre les époques en évitant, par exemple, de céder à la tentation de surreprésenter de manière excessive la dernière décennie – au demeurant prolifique en duels somptueux. Nous avons subdivisé cette rubrique en deux sous-parties.

La première, intitulée "Chefs-d’œuvre absolus", rassemble des classiques unanimement salués par les observateurs, car ils réunissent tous les ingrédients d’un match à couper le souffle : niveau de jeu, intensité dramatique, champions de très haut rang, cadre et contexte prestigieux... Les finales de Wimbledon 1980 et 2008, celle du Masters 1996 entre Sampras et Becker, le quart de finale de l’US Open 2001 entre Sampras et Agassi ou encore la demi-finale de Roland-Garros 2011 entre Federer et Djokovic correspondent, avec quelques autres, à tous ces canons d’une rencontre d’exception.

Il est également des duels où les émotions ont culminé. Des matchs qui ont consacré le dépassement de soi comme valeur suprême. Des rencontres où l’ordre, la mesure et les limitesont volé en éclats ; où les péripéties, parfois insolites, ont succédéimage
aux morceaux de bravoure les plus invraisemblables. Toutes ces épopées, nous les avons racontées dans une seconde sous-partie que nous avons intitulée "Au bout d’eux-mêmes". Le service à la cuillère d’un Chang perclus de crampes à Roland-Garros contre Lendl, les larmes de Sampras à Melbourne, en 1995, durant le cinquième set de son quart de finale contre Courier, la victoire du même Sampras titubant face à Corretja lors de l’US Open 1996, après avoir vomi sur le court et s’être servi de sa raquette comme d’une canne, le marathon du siècle entre Isner et Mahut au premier tour de Wimbledon en 2010, et tant d’autres.

 

Pour les joueurs, vous êtes-vous intéressés aux champions, aux hommes, à l'ensemble ?

Nous souhaitions décrypter la vie et l’œuvre de ces légendes du tennis dans toutes leurs dimensions, en montrant justement à quel point leur parcours personnel, parfois chaotique ou douloureux, a pu retentir sur leur carrière, et réciproquement. Comment comprendre le cheminement de Borg, et plus encore celui de Federer, sans évoquer la manière dont chacun d’entre eux est parvenu à dominer totalement sa nature impétueuse ? Comment ne pas faire le lien entre les origines modestes de Connors, fils d’un péagiste qui officiait sur un pont de Saint-Louis, et sa propension à considérer chaque adversaire comme celui qui veut "l’empêcher de gagner sa vie" ?

Comment réduire Becker à un guerrier des courts égotique à la présence presque brutale, en omettant ses engagements humanistes, sa fibre pacifiste, son rôle d’éveilleur de consciences face à la résurgence du racisme dans l’Allemagne du début des années 90, ou encore sa fragilité psychologique et son effroi absolu devant le harcèlement de ses fans, qui le conduiront notamment à une addiction aux somnifères durant certaines années cruciales de sa carrière ?

 

Avez-vous un ou deux exemples d'anecdote à nous donner ?

Saviez-vous, par exemple, que l’arbitre de la finale de Wimbledon 1991, sans doute aussi abasourdi par son résultat que tous les spectateurs du Centre Court, a annoncé "Jeu set et match… Becker !", juste après la balle de match ? Que, au cours de deux finales de Grand Chelem (Roland-Garros et l’US Open) disputées la même année (1980), un certain Björn Borg, pourtant peu réputé pour son sens de la facétie, renvoya la balle adverse d’une impeccable frappe… du pied, après avoir fait tomber sa raquette ?

Que, quelques années avant sa célèbre révolte contre l’arbitrage au cours du Masters de janvier 1981, celui que l’on ne surnommait pas encore "Iceborg" s’était illustré en traversant tout le court pour montrer avec sa raquette la trace d’une balle qui venait d’être annoncée faute ?

Même les connaisseurs de la carrière de Federer ignorent parfois LE moment où, de son propre aveu, il a pris conscience qu’il devait changer radicalement de comportement : ce fut après avoir fracassé une raquette de rage contre la chaise de l’arbitre, à l’issue d’une défaite à Hambourg en 2001 contre l'Argentin Squillari.

Personnellement, deux de mes anecdotes préférées concernent des altercations légendaires impliquant John McEnroe, l’une imagecontre Ilie Nastase (US Open 1979) et l’autre face à Jimmy Connors (Chicago 1982), au cours desquelles il fallut dépêcher respectivement sur le terrain des policiers et des membres du service de sécurité pour éviter que les événements ne dégénèrent davantage... Avec Ilie Nastase, les deux hommes finiront par dîner ensemble, le soir même, dans un restaurant de Manhattan

 

Se rend-on compte, au travers de vos récits, de l'évolution du jeu et des joueurs au fil de cette période ?

Nécessairement. J’évoquais tout à l’heure la double révolution initiée par Björn Borg (le précurseur du lift moderne) et Jimmy Connors (le premier grand attaquant de fond de court de l’histoire récente) au milieu des années 70. Peu après l’abandon des raquettes en bois, le service de Boris Becker créa lui aussi une forme d’électrochoc durant l’édition 1985 de Wimbledon et préfigura une ère de puissance nouvelle dans le jeu, que la prise de pouvoir d’Ivan Lendl, quelques semaines plus tard à l’US Open, ne fera que confirmer.

Face à la vague des grands artilleurs qui déferlera ensuite, au cours des années 90, avec Pete Sampras comme fantastique figure de proue, Andre Agassi aura le mérite de proposer une parade, à coups de retours supersoniques, de trajectoires tendues et surtout de prises de balle extrêmement précoces. Le fameux quart de finale de l’US Open 2001 entre les deux légendes américaines marquera une sorte d’apogée d’un tennis basé à la fois sur la vitesse et sur une opposition de style classique entre un immense attaquant de fond de court et un serveur à l’adresse et à la détente diaboliques au filet.

Enfin, sans entrer ici dans le détail des transformations survenues depuis le début du XXIe siècle (ralentissement des surfaces les plus rapides, poursuite de l’évolution du matériel) et de leur impact sur le jeu (avec par exemple la quasi-disparition du service-volée), la dimension physique est clairement devenue aujourd’hui la variable fondamentale de l’équation sur le circuit : la finale de l’Open d’Australie 2012 entre Djokovic et Nadal symbolise ce phénomène avec force.

 

L'iconographie tient-elle une place aussi importante que le texte ?

Elle revêt une place essentielle, avec de superbes images en couleur qui agrémentent chacun des récits et confèrent à l’objet une touche d’élégance et d’esthétisme. En quantité, surl’ensemble de l’ouvrage, le poids des mots reste néanmoins plus important que le choc des photos.

 

On dit souvent que le charisme des joueurs actuels est moindre que celui de la génération des années 70-80, qu'en pensez-vous ?

Il est évident que le tennis des années 70 et 80 aura connu son lot de "bad boys"... Je ne crois pas, cependant, que les champions d’aujourd’hui soient réellement dépourvus de charisme ; ils sont surtout devenus des "marques" à part entière et, à ce titre, se doivent d’apparaître comme des gendres idéaux aux yeux du public et de leurs sponsors. D’autant plus que, commeimage Roger Federer en a pris conscience assez tôt dans sa carrière, il est nettement préférable de chasser ses démons pour optimiser sa performance sur le court.

Ajoutez à cela l’invention du hawk-eye et la mise en œuvre d’un code de conduite draconien, et vous obtenez un circuit bien moins mouvementé qu’à l’époque de Connors, McEnroe ou Nastase. Plus aseptisé, regretteront certains. John McEnroe avait coutume de dire : "I’ll let the racket do the talking" ("Je laisserai parler la raquette"). Ce sont, d’une certaine manière, les joueurs actuels qui ont appliqué le précepte à la lettre.

 

Êtes-vous plutôt fan de la génération Borg, Sampras ou Federer / Nadal, pour ne citer que les joueurs qu'on voit en couverture ?

Je garde un peu au fond de moi la nostalgiie des grands duels entre serveurs-volleyeurs et relanceurs. Mais comment ne pas rester un spectateur plus que comblé avec l’âge d’or exceptionnel que nous vivons depuis près d’une décennie ?

 

Propos recueillis par Christophe de Jerphanion pour Tennis Actu.

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