Open Australie - Herbert/Mahut : "On monte en puissance"

 

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L'association Pierre Hugues Herbert/ Nicolas Mahut est précoce, mais elle fonctionne déjà. Les deux Français se sont qualifiés ce lundi pour les quarts de finales de l'Open d'Australie en domptant la paire Zimonjic/ Qureshi. Entre l'Alsacien de 23 ans et l'Angevin de 33 ans, l'entente semble parfaite. Pour Tennis Actu ils sont revenus ensemble sur ce qui fait la force de leur équipe. 

 

Nicolas, Pierre-Hugues, qui est le boss en fait dans cette équipe ?

Herbert : C'est lui le plus expérimenté de nous deux, c'est lui qui me guide, qui me rassure, car moi ce sont des choses que je n'ai pas encore vécu. Mais si on veut être une bonne équipe de double il faut que l'on soit deux capitaines sur le terrain et je pense que c'était le cas aujourd'hui. On a fait le "taff" chacun de notre côté avec cet état d'esprit où on est bien ensemble et où on joue bien en double. 

Mahut : Je lui dit depuis le début, "Pierrot" ça va être un très grand joueur de double. En simple aussi il peut faire quelquechose mais en double je pense qu'il aura quelques sélections en Coupe Davis dans un avenir plus au moins proche. C'est mon avis. Avant ici il n'avait pas encore gagné de matches en Grand Chelem. C'était la première fois qu'on passait le premier tour, première fois que l'on était en huitièmes, première fois que l'on va être en quarts. Moi j'en ai quelques un de quarts donc mon rôle c'est de relativiser un petit peu, de garder la bonne humeur, parce que c'est là que l'on joue le mieux, quand on est détendu et relâché. Aujourd'hui on a fait un super match, on a eu un premier tour difficile, hier c'était un peu mieux et la c'était encore mieux. On est sur la bonne voie. 

 

Vous vous doutiez que ça pouvait marcher entre vous deux ? 

Mahut : Non parce que moi ma logique elle est au moins sur le moyen terme. Quand j'ai demandé à Pierre-Hugues de jouer avec moi, sur le premier Grand Chelem, on peut se dire que ce n'est pas une bonne idée. On est pas tête de série, on peut jouer nimporte qui sur un premier tour. Moi ma réflexion elle est sur un ensemble, sur une dizaine de Grand Chelem, qu'est-ce qu'on va produire sur 10-12 Grand Chelem. Je suis persuadé que si l'on regarde sur la globalité, il y aura un moment où on ne sera pas loin d'aller au bout. Il fallait commencer, j'avais envie de me lancer là-dedans et pour l'instant cela me donne raison. 

Herbert : On s'est fixé une limite là ou on peut aller au bout ? 

Mahut : Là on est en quart déjà, donc trois matches. 

Herbert : Ouai, on va faire match par match. 

 

Battre la paire Qureshi/ Zimonjic cela doit vous donner confiance pour la suite, parce que c'est un paire habituée à ce niveau là, des vrais spécialistes ?

Mahut : Oui et déjà le deuxième tour c'était une équipe qui a gagné des titres (ndlr : Cabal/ Farah, tête de série n°11). On les a super bien négocié en deux sets. Là effectivement il y avait Zimonjic qui a gagné des Grand Chelem, Qureshi qui a fait des finales etc. Donc oui ça nous donne confiance, maintenant on va avoir une journée, on va continué à travailler. Nous on a perdu au premier tour des qualifs mercredi il y a deux semaines pratiquement. Donc à partir de là on s'est dit "Ok, on va bosser, que du double". Çà nous arrive pas souvent, mais on faisait deux heures d'entrainement pour apprendre à se connaître parce que finalement, même si on joue bien en double, on avait pas joué ensemble, donc il a fallu apprendre à se connaitre. La on monte en puissance. 

 

En quoi Pierre-Hugues Herbert peut-il être un excellent joueur de double selon toi ?

Mahut : Avec ses qualités. Il sert toutes les vitesses, il sert tous les effets, il volleye très très bien. Il aime partager car en double il faut savoir partager. Déjà ses qualités de joueur de tennis sont faites pour être un bon joueur de double. En plus il sent le jeu donc forcément avec un peu d'expérience il sera un très très grand joueur. 

 

Cela te fait de la peine de voir que l'équipe de France de double a raté sa finale ? Il est peut-être temps que Arnaud change sa stratégie ... ?

Mahut : Je vais être très prudent. Je ne vais pas parler à la place d'Arnaud, je pense qu'il sait très bien ce qu'il a à faire. Moi j'étais triste pour eux d'abord, triste pour l'Equipe de France. Forcément ils l'ont pas aussi bien préparé dans les meilleurs conditions, ça ne devait pas être cette équipe là. C'est assez compliqué donc j'imagine qu'ils vont fonctionner différement cette année. Moi j'ai observé ça de très loin, j'étais juste déçu pour les gars qui voulaient l'a gagner. Je pense que l'on peut être meilleur même en gardant les mêmes gars, mais en la préparant mieux. 

 

Pierre-Hugues, la Coupe Davis, c'est dans un coin de ta tête ? 

Herbert : Biensûr que c'est dans un coin de ma tête, c'est un rêve de gamin. Comme le rêve que je suis en train de réaliser là en jouant un Grand Chelem. Au départ c'était en simple mais pouvoir le vivre en double c'est quand même extraordinaire. Donc biensûr oui la Coupe Davis est dans un coin de ma tête. 

 

Un quart pour un premier en Grand Chelem avec Nicolas, c'est pas mal. Cela aurait-il une saveur particulière si il y avait deux Français en face ? 

Herbert : Moi je préfererai jouer des Français, ça voudrait dire qu'il y aurait au moins à coup sûr une paire française en demies. Je suis content que Nicolas ai cru en moi en fin de saison dernière, il est venu vers moi il m'a dit:  "La saison prochaine on joue ensemble". Effectivement je pense qu'il y avait le potentiel, j'ai fait des bons tournois notamment à Tokyo où j'ai très bien joué en double. Après il faut assurer sur le terrain. Il m'a mis très à l'aise, il ne m'a pas mis de pression. En plus sur ce début de saison il a pas mal de points à défendre. C'était pas évident, c'était un risque qu'il a pris sur le long terme et je suis très content de pouvoir lui rendre ça. Il ne faut pas que l'on s'arrête là, on a un match dans deux jours, il faut garder cette état d'esprit car aujourd'hui ça s'est bien passé, on a très bien joué. 

 

Sur le dernier jeu il y a un peu de nervosité avec deux doubles fautes mais on vous voit garder le sourire. Comment ça se passe ce moment là ? 

Mahut : A ce moment là c'est normal. Cela arrive à tous les joueurs, il y a les émotions, c'est pour le match, pour aller en quarts de finale. Donc forcément je sais qu'à un moment donné ça va être difficile. Moi encore une fois j'essaye de le faire rire, de le détendre. 

Herbert : Moi dans les moments comme ça il faut me détendre. Lui il parraissait pas très tendu, en tout cas je n'avais pas l'impression, ça parraissait normal. Moi c'est quelque chose de très nouveau, et en plus j'ai pas très bien géré. Effectivement il y a deux doubles fautes, mais voilà il faut être prêt à ça. 

Mahut : Les deux doubles, il n'en a pas fait du match, et là elles arrivent. Mais finalement si on avait gagné le jeu 40-0 ça aurait été anormal. Là il s'est passé ce qui devait se passer et ça donne un peu d'expérience pour les prochains matches. Je me souviens au début quand j'ai commencé avec Mika (Llodra), il y avait des moments un peu difficiles où lui prenait les choses en main. Il essayait de me relâcher donc j'essaye un peu de transmettre ce que Mika m'a transmis ces dernières années. 

 

Propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu