Perdue de vue - Flipkens, l'héritière désignée
Par Christophe de JERPHANION le 06/08/2014 à 16:06
Ce mardi, Kirsten Flipkens a chuté dès le premier tour du tournoi de Montréal face à l'Australienne Casey Dellacqua. Une nouvelle performance assez médiocre, dans une saison qui avait pourtant bien commencé, avec une demie à Auckland et un quart à Hobart, mais qui depuis, peine sérieusement à décoller. Cette défaite au Canada devrait faire sortir la joueuse Belge du Top 50 mondial, elle qui était aux portes du top 10 il y a tout juste un an...
En août 2013, au sortir d'un incroyable Wimbledon où elle arrive pour la première fois en demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem, elle est 13e mondiale, son meilleur classement en carrière. Sur le gazon londonien, où elle a le statut de tête de série n°20, elle bat Flavia Pennetta en huitièmes, puis Petra Kvitova, la lauréate 2011, en quarts avant de chuter face à Marion Bartoli, future vainqueur, en demies, dans un match qui doit encore lui laisser des regrets, car elle l'a joué très crispée, sans jamais vraiment parvenir à donner son meilleur.
On se dit qu'à 27 ans, sa carrière est lancée, qu'enfin, elle va suivre la voie de ses prestigieuses compatriotes, Justine Hénin et Kim Clijsters, ces noms qu'elle entend depuis 10 ans... Mais la confirmation attendue n'est pas venue, pire, 2014 est une année de recul, de retour à l'anonymat, bien loin des ambitions de Top 10 de l'été 2013, bien loin des derniers carrés de Grand Chelem. Bien loin surtout, des espoirs immenses placés en elle après sa brillante carrière chez les juniors...
Un passage difficile des juniors aux seniors
En 2003, en effet, Kirsten Flipkens devient, à 17 ans, championne du monde juniors, succédant à ses deux illustres compatriotes. Elle a remporté Wimbledon et l'US Open (en même temps que Jo-Wilfried Tsonga) dans cette catégorie et on la voit déjà reprendre le flambeau du tennis belge des mains de ses aînées. Mais le passage des juniors au circuit WTA ne va pas se faire aussi naturellement pour Kirsten Flipkens que pour Justine Hénin et Kim Clijsters, qui se sont rapidement mêlées à la lutte pour la place de n°1 mondiale. Elle remporte bien quelques titres sur le circuit secondaire, mais ne brille pas lorsqu'elle joue, rarement, sur le circuit principal. Petit à petit, Kirsten Flipkens grimpe pourtant les échelons et finit tout de même l'année 2006 à la 105e place mondiale. On reste cependant loin des attentes suscitées.
C'est alors que des problèmes physiques vont encore venir ralentir sa progression. En 2007, touchée au poignet, Kirsten Flipkens connaît une année presque blanche et retombe au-delà du 360e rang mondial. Tout est à refaire. Courageuse, elle s'accroche, entreprend une remontée au classement, gagne plusieurs titres sur le circuit ITF en 2008 et assure même, aux côtés d'une autre jeune joueuse, Yanina Wickmayer, le maintien de la Belgique, orpheline de Kim Clijsters, retraitée, et de Justine Hénin, absente, dans le Groupe Mondial II de la Fed Cup.
Un déclic en 2012
Les années suivantes vont la voir entrer et s'installer dans le Top 100, même si elle ne perce toujours pas au plus haut niveau mondial. A son meilleur, Kirsten Flipkens est 58e avant de se blesser encore au poignet et de redescendre au-delà de la 100e place. Le tennis belge voit ses deux plus grandes championnes se retirer et la relève peiner. Il va devoir attendre 2012 pour que Kirsten Flipkens réussisse enfin ses premiers grands résultats. A 26 ans, c'est sur le gazon, sa surface favorite, qu'elle brille. Elle atteint les demi-finales du tournoi de Rosmalen, avec, au passage, une victoire sur l'Australienne Samantha Stosur, la première de sa carrière sur une joueuse du top 5. Cette même année, elle remporte son premier tournoi WTA à Québec, après avoir battu Dominika Cibulkova et Mona Barthel, têtes de série n°1 et 3. A ce jour, cela reste son seul titre dans un tournoi WTA.
Suivra cette fabuleuse année 2013, avec un huitième de finale à l'Open d'Australie et son épopée londonienne, point d'orgue d'une carrière prometteuse. Un pic, en fait, car Kirsten Flipkens ne confirme pas et revient vite aux réalités, laminée dès le premier tour de l'US Open par une Venus Williams en regain de forme. Pas de chance au tirage au sort... Mais, ensuite, malgré une position favorable au classement, elle ne parvient plus vraiment à briller dans les tournois qu'elle dispute.
2014 : le couac
Même le gazon ne lui est plus si favorable, malgré son jeu offensif parfaitement adapté. Quart de finale à Birmingham, battue par Barbora Zahlavova Strycova, deuxième tour à Den Bosch, battue par la jeune Ukrainienne Elina Svitolina et surtout, une défaite dès le 3e tour à Wimbledon, vaincue par Angelique Kerber. Il faut tout de même dire que, retombée au 26e rang, Kirsten Flipkens n'avait pas été heureuse au tirage au sort, encore une fois, tombant dans la partie de tableau la plus dense du tournoi. Impossible dans ces conditions, de reproduire son fabuleux parcours.
La chute se poursuit, inexorablement, pour Kirsten Flipkens avec un début de saison sur dur très moyen : une victoire pour deux défaites, à Washington et Montréal. Elle qui a mis tant de tant à se hisser dans les premiers rangs de la hiérarchie mondiale, elle qui a mis tant de temps à concrétiser les espoirs placés en elle, elle qui a surmonté les blessures et les difficultés, aura constaté à ses dépens que se maintenir au plus haut est parfois plus difficile encore. Malheureusement pour lui, le tennis belge se cherche toujours des joueuses capables de succéder à Justine Hénin et Kim Clijsters...