Tennis. Roland-Garros - Chardy : "Je ne me vois pas jouer un autre tournoi..."

Il y a des défaites qui font mal. Surtout en cette période compliquée pour tout le monde... Ce dimanche, au 1er tour de Roland-Garros, Jérémy Chardy n'a pas réussi a venir a bout de l'Autrichien Jurij Rodionov, sorti des qualifications. Au bout d'un combat épique de 4h36, Chardy a finalement craqué sur la septième balle de match de son adversaire et s'est incliné 3-6, 4-6, 7-6, 6-4, 10-8. Suivez ce Roland-Garros 2020 avec et sur France TV Sport en cliquant ICI.

Vidéo - Roland-Garros - Jérémy Chardy : "J'aime mon boulot mais... "

La pilule va être extrêmement difficile à avaler car le Palois s'est procuré une balle de match dsans le tie-break du 3e set. Le Français de 33 ans a ensuite perdu le fil du match et puis la bataille psychologique du 5e set. Seule joie cette semaine, les retrouvailles avec sa famille que Jérémy n'avait pas vu depuis 1 mois. Le moral est forcément touché. "Pour moi, c'est vraiment difficile cette période. Je n'ai pas pu voir ma famille en plus, c'était encore plus difficile. Ils sont venus ici, cela faisait plus d'un mois que je ne les avais pas vus. C'est difficile pour moi. D'habitude j'adore jouer au tennis, j'adore être en tournoi. Là, cela devient vraiment un boulot. J'ai du mal à m'entraîner, je ne prends pas du tout de plaisir sur le court à l'entraînement, en match. Voilà, c'était Roland Garros. J’ai essayé de tout faire pour être prêt mais sur le court, je ne prends pas beaucoup de plaisir aujourd'hui. Il me reste le double, je ne sais pas si je vais continuer ma saison ou si je vais arrêter après Roland Garros. C'est le plus dur. Dans ma tête, je ne prends pas de plaisir dans mon jeu, ni en dehors. Cela devient compliqué", a-t-il confié en toute transparence. 

Chardy éliminé !

Après 4h36 d'un combat acharné, Jurij Rodionov s'impose alors qu'il était mené 2 sets à rien. L'Autrichien l'emporte finalement 3/6, 4/6, 7/6, 6/4, 10/8. Chardy pourra s'en vouloir après avoir manqué une balle de match dans le tie-break du troisième set! pic.twitter.com/XAFmMF9rbN

— France tv sport (@francetvsport) September 27, 2020

J'imagine qu'il y a énormément de frustration après avoir laissé passer cette chance dans le troisième set ?

Oui ça c'est sûr. Je menais… J’avais bien commencé, même si les conditions n'étaient pas faciles. Je faisais bien le job. Voilà, je me retrouve 2 sets zéro 5/4. Je sers pour le match, je ne le fais pas. J'ai une balle de match, après tout a basculé, il a pris confiance, j'ai moins bien joué, j'ai commencé à me mélanger dans la tête. Et puis voilà. Je pense que mon match, c'est le même résumé que la situation en ce moment. Donc voilà, c'est dur.

À quel point les conditions compliquées ont pu peut-être joué en votre défaveur ?

De toute façon, c'est compliqué pour tout le monde, pas que pour moi aujourd'hui. C'était difficile pour tout le monde. C'est de ma faute d'avoir perdu ce match. J'aurais dû le finir, être à 3 sets zéro et être au vestiaire. Beaucoup de regrets sur mon match. Après, les conditions, c'est sûr que je préfère quand cela va vite et quand ça rebondit plus. C'est comme ça. Je me suis battu. J'ai cherché des solutions, j'aurais pu gagner, j'aurais dû gagner même. C'est comme ça.

Il y a beaucoup de joueurs qui parlent justement du quotidien qui est difficile, par rapport au fait que vous soyez un peu bloqués dans les bulles sanitaires, etc. dans les tournois depuis la reprise. Comment tu vis ça ? Certains nous ont parlé de déprime. Il y a aussi la peur des tests positifs. Comment tu vis ce quotidien, qui est totalement différent que d'habitude sur le circuit ?

Pour moi, c'est vraiment difficile cette période. Je n'ai pas pu voir ma famille en plus, c'était encore plus difficile. Ils sont venus ici, cela faisait plus d'un mois que je ne les avais pas vus. C'est difficile pour moi. D'habitude j'adore jouer au tennis, j'adore être en tournoi. Là, cela devient vraiment un boulot. J'ai du mal à m'entraîner, je ne prends pas du tout de plaisir sur le court à l'entraînement, en match. Voilà, c'était Roland Garros. J’ai essayé de tout faire pour être prêt mais sur le court, je ne prends pas beaucoup de plaisir aujourd'hui. Il me reste le double, je ne sais pas si je vais continuer ma saison ou si je vais arrêter après Roland Garros. C'est le plus dur. Dans ma tête, je ne prends pas de plaisir dans mon jeu, ni en dehors. Cela devient compliqué.

Pour vous, c'est viable ces conditions si la pandémie se poursuit, que l'on est obligé de garder les joueurs isolés pendant tous les tournois ?

Pour moi ou les joueurs en général ?

Pour vous.

Pour moi, cela va être difficile. J'espère que l'on va pouvoir revenir vite à la normale, même si je pense que cela va être compliqué. Après, je pense qu'ils sont obligés de faire tous ces tests et de nous isoler. Il serait bien de pouvoir amener au minimum un peu d'atmosphère dans les stades, sur les terrains, pour les fans, les joueurs, c'est important, pour les gens qui regardent à la télé aussi. Je ne vois pas trop le problème d'avoir des gens. En plus, c'est grand, on peut les disperser. Au moins, ce serait plus facile. Pour nous, ce n'est pas nous qui décidons. On subit un peu la situation.

Tu es arrivé à un tel point de lassitude, de déception que tu pourrais vraiment ranger les raquettes et retrouver ta vie de famille après Roland Garros, c'est ça ?

Si je te réponds tout de suite, ce n'est pas jusqu'à la fin de la saison (Rires). Oui, en fait, le confinement a été génial pour moi, j'ai pu profiter de ma famille. Tennistiquement, c’était difficile. Je n'ai pas pu m'entraîner, tout était fermé. Cela a été difficile pour mon tennis. C'est passé au second plan pendant le confinement. Après, j'ai été aux États-Unis, je n'étais pas prêt tennistiquement ni physiquement. J'ai essayé de me remettre bien depuis les États-Unis avec l'objectif de Roland Garros. Roland Garros est fini. Je ne me vois pas jouer un autre tournoi cette saison. C'est difficile de parler juste après un match, qui est frustrant. Cela n'a pas aidé pour me donner envie de continuer.

Salut Jeremy, excuse-moi d'enfoncer le clou. On sait que les Australiens, Craig Tiley a imposé aux joueurs d'arriver avant le 14 décembre. Cela paraît hallucinant. C'est un nouveau coup de massue pour vous. Comment tu comptes d'organiser pour jouer l'Open d'Australie ?

Je ne sais pas (Rires), tu me poses une colle. J'ai vu ça hier. C'est sûr que pour s'organiser… En plus, certains disent que pendant 2 semaines, tu dois rester dans ta chambre. Je ne sais pas. Cela ne va pas être facile, être là le 14 décembre et rester un mois et demi là-bas. Après, peut-être qu'ils vont nous enfermer encore 2 semaines avant de repartir ! Je n'en sais rien. En plus, ils n’ont pas de cas. Je ne comprends pas trop.

Jeremy, tu peux nous parler de l'ambiance ? Tu avais l'impression d'être presque à huit clos ? Tu as quand même senti une atmosphère différente ?

Je n'ai pas eu du tout l'impression de jouer à Roland Garros. Cela fait bizarre de jouer à Roland, en plus quand tu es français et qu'il n'y a personne. Le Lenglen est un beau court, c'est toujours une chance de jouer dessus, il y a toujours de l'ambiance. Tu vis toujours un beau moment sur ce court, que tu gagnes ou que tu perdes. Aujourd'hui, je n'ai pas senti du tout d'émotion pendant le match. C'est un peu dommage. C'est ce qui est assez frustrant.