Tennis. Roland-Garros - G. Ysern : "Ce rapport n'est pas sérieux"
Par Bastien RAMBERT le 17/02/2015 à 17:01
Vidéo - Roland-Garros et son nouvel écrin
L’humour plutôt que la colère. Gilbert Ysern était calme ce mardi lors de sa conférence de presse téléphonique faisant suite au rapport du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD) concernant le projet de modernisation de Roland-Garros. Le directeur général de la Fédération Française de Tennis estime qu’il ne faut pas s’attarder sur des conclusions hâtives mais plutôt se concentrer sur ce qui est vraiment important : la délivrance des permis de construire. Extraits.
Gilbert, quel est votre sentiment après le rapport du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD) ?
Notre projet est une nouvelle fois attaqué. Ce n’est pas la première fois et l’on est un peu habitué mais là il est critiqué par une administration. C’est tout de même assez étonnant car le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD) est une émanation du Ministère de l’Ecologie. Tout cela arrive dans un calendrier assez surprenant à l’heure où le gouvernement milite pour une candidature française aux Jeux Olympiques de 2024. On est un peu perdu et l’on a du mal à comprendre. Inutile de dire que l’on ne pense pas beaucoup de bien du rapport. Il y a des choses vraiment étonnantes dedans mais je préfère en rire car l’humour est parfois une très bonne défense.
Quel peut être l’impact de ce rapport sur le projet de modernisation de Roland-Garros ?
J’espère qu’il sera nul. Aujourd’hui, on est dans la dernière ligne droite. On savait que cela serait long quand on s’est lancé dans le projet d’extension en 2010. Vous m’avez souvent entendu dire que cela ne serait pas un 100 mètres mais plutôt un 3000 mètres steeple. Là, on vient nous taper sur les doigts pour nous dire : "vous allez rire il reste trois tours de plus." Tout cela n’est pas très sérieux. C’est la première chose que j’ai envie de dire. Il ne faut pas croire que cela va avoir un impact sur le calendrier de nos travaux et pour commencer le calendrier d’attribution des permis de construire. Nous les attendons dans les deux mois qui viennent et nos dirigeants s’en sont émus lors de l’assemblée générale de dimanche dernier.
Le projet alternatif peut-il ressortir grandi de toute cette affaire ?
Le rapport ne valide pas le trop célèbre projet alternatif (Ndlr : projet à 62 millions d'euros défendu par des associations pour préserver l'intégrité du Jardin des Serres d'Auteuil et qui prévoit notamment la couverture de l'A13 voisine). Le rapport dit simplement qu’il est faisable. Il y a beaucoup de choses qui sont faisables dans la vie […] Ce qui est assez étonnant est que les deux personnes auteurs du rapport plaident souvent en notre faveur mais on sent bien qu’elles ne sont pas "autorisées" à conclure dans notre sens. Il faut vite passer à autre chose et revenir à notre projet qui est pertinent comme l’a rappelé récemment le rapport d’enquête publique. C’est faisable de couvrir l’autoroute A13 comme je peux demain commenter un rapport qui montre que c’est faisable de démonter la Tour Eiffel et de la reconstruire chez moi à Narbonne. Cela fera très plaisir à mon maire de savoir qu’elle viendra. Cela sera une étude de faisabilité. Est-ce que cela aura du sens ? Le rapport montre que ce que propose le projet alternatif est faisable mais cela n’a vraiment aucun sens.
D’où vient cette nouvelle contestation selon vous ?
Je n’en sais trop rien. On ne peut pas s’empêcher de penser que l’on est dans une démarche que l’on qualifierait de dilatoire puisque le rapport a été conduit en 4-5 semaines. Cela fait 5 ans que l’on est sur notre projet. On a fait beaucoup d’études et dépensé beaucoup d’argent mais c’était normal. Dans un délai aussi court, le rapport ne peut que conclure qu’il faudrait des études complémentaires pour aller plus loin. On repartira pour trois tours alors que l’on est dans la dernière ligne droite. J’espère sincèrement que l’on ne peut pas justifier cette démarche et ses études en nous disant qu’il faut travailler sérieusement dans un esprit de démocratie participative. On n’a pas de leçons à recevoir sur ce plan-là car on s’est inscrit complètement dans cette démarche depuis le début du projet. On a étudié les alternatives et l’on n’a pas attendu que l’on vienne nous dire qu’il fallait faire des études préalables au lancement du projet.
Le Ministère de l’Ecologie traînerait des pieds
"Notre pays a un appétit olympique et veut montrer que Paris mérite les Jeux. Notre projet ne coûte pas un centime à l’Etat et lui rapportera de l’argent car le projet est financé avant tout par la Fédération Française de Tennis avec la contribution de la Mairie de Paris. Pensez-vous un seul instant que le gouvernement va s’opposer à ce projet de modernisation de Roland-Garros ? Je ne peux pas y croire" nous explique Gilbert Ysern avant d’indiquer qu’il faut l’aval des Ministères de la Culture et de l’Ecologie pour que tout soit approuvé. Pour lui, cela coincerait du côté du second nommé car la CGEDD relève du Ministère de l’Ecologie. Le directeur général de la Fédération Française de Tennis espère que tout cela ne sera qu’un "épiphénomène" et attend que le gouvernement "fasse le nécessaire pour que les permis de construire soient délivrés"
Propos recueillis par Bastien Rambert pour Tennis Actu