Roland-Garros - Nicolas Mahut voulait rendre sa wild-card...
Par Alexandre HERCHEUX le 26/05/2019 à 08:20
Nicolas Mahut avait fort à faire face au terrien Marco Cecchinato, demi-finaliste l'an passé. Plus à l'aise sur surface rapide, l'Angevin a eu besoin de deux sets pour se mettre en route. Mais une fois que la machine était lancée, il n'a eu de cesse de prendre l'Italien de vitesse. Distillant quelques revers de toute beauté, il élimine le demi-finaliste surprise de l'an dernier en cinq sets sur le score de 2-6, 6-7(8), 6-4, 6-2, 6-4.
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C'est seulement la deuxième fois de sa carrière qu'il renverse un match. On savait l'Angevin encore capable de gros coups, mais on n'osait trop y croire. Espérons qu'il pourra continuer à nous faire rêver encore quelques matchs. L'Italien n'était certes pas dans la forme de sa vie, mais il espérait sans doute renaître à Roland Garros, terre de ses premiers exploits. Il va quitter le Top 40 dans quinze jours. Pour la petite histoire, Nico Mahut était prêt à rendre sa wild-card il y a une semaine à cause de petits soucis physiques... L'Angevin a visiblement fait le bon choix.
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C'est quoi ce revers en retour, où tu as les deux pieds bloqués ? C'était presque du Boris Becker. C'est un point important, en plus.
Je l'ai tenté pas mal de fois pendant 5 sets. Il y a plein de fois, il n'est pas passé, plein de fois, il était un peu trop long. Celui-là est passé, forcément c'est un moment très important. Il fait du bien. Mais bon, c'est aussi le fait de jouer beaucoup en double. C'est un retour de double, en fait.
Nicolas, c'est une victoire assez incroyable. Comment tu l'as vécue, et comment tu y crois encore, maintenant ?
C'est très compliqué. Déjà, il y a des personnes qui ont pris des risques en me donnant cette wild-card. Je sais que le capitaine (Sébastien Grosjean) a poussé pour moi, Thierry Champion aussi, le DTN. Cela a été validé par Guy, et le Président aussi derrière. Mais ce n'était pas évident, parce que je n'avais pas très bien joué, parce que j'avais été blessé ces dernières semaines. Ils m'ont fait confiance. Déjà pour cela, j'en profite pour les remercier. C'était loin d'être gagné. Pour la petite anecdote, vendredi, il y a une semaine, vendredi avant les qualifications, on était à l'entraînement, cela ne s'était pas bien passé. J'avais eu encore un peu mal au dos. Je voulais rendre la wild-card en disant : je ne serai pas prêt. Le staff m'a dit : attends, de toute manière tu as jusqu'à dimanche, prends encore un peu de temps, repose-toi. Et puis, c'est allé de mieux en mieux. Samedi, c'était mieux, dimanche, c'était mieux. J'ai eu une semaine de préparation, avec les coachs, avec Jean-Michel, qui ne m'ont pas lâché. Ma femme aussi, tous les soirs, me répétait : ne te mets pas de pression, lâche prise, cela va bien se passer. Finalement, je leur ai fait confiance et aujourd'hui, j'ai été récompensé.
Elle signifie quoi, pour toi, cette victoire qui vient de très loin ? C'est vrai que depuis longtemps, tu n'arrivais plus à avoir de bons résultats. Cela veut dire quoi ?
Je ne sais pas, pour l'instant, je savoure uniquement. C'est vrai que c'est de loin ma plus belle victoire à Roland. Je n'en ai pas eu 50. Celle-là, je m'en souviendrai, sur ce court qui est extraordinaire. Quand j'ai su que j'allais jouer, j'avais dit que s'il y avait une possibilité de jouer sur ce court, j'aimerais bien. Je trouve que c'est une vraie réussite. Je sentais qu'il pouvait y avoir une ambiance incroyable, et c'est ce qui s'est passé. Aujourd'hui, je suis mené 2 sets 0, je gagne le troisième, je me dis : allez, on fait un petit effort sur le quatrième, et cela prend au cinquième. Au cinquième, c'est ce que je disais, il n'y a plus de classement, plus de 20e mondial contre le 250e. C'est un vrai combat. Le public, à ce moment, fait la différence. C'est l'avantage d'être Français quand tu joues à Roland. Cette victoire, je la place très, très haut dans mes souvenirs.
Est-ce que tu as le souvenir d'avoir pris des options de jeu aussi radicales sur terre battue, c'est-à-dire vraiment première balle court "mean", retour bloqué, comme tu en parlais ? Tu étais focus sur une filière, et quoi qu'il se passait, même si tu ratais, tu t'entêtais là-dedans. C'est ce qui a marché, d'ailleurs.
Je l'avais fait une année, où j'avais perdu au troisième tour, contre Gilles. Je ne sais plus en quelle année c'était. J'avais déjà essayé de prendre cette option, et puis encore plus aujourd'hui, je savais que je n'avais vraiment aucune chance, au début du match, en plus, il jouait plutôt bien. Il a une balle qui rebondit beaucoup, donc si je ne vais pas au rebond, si je n'agresse pas, je me fais dominer, pas sur la première, mais il me fait courir, une, deux, et en 3 coups j'ai perdu le point. Aujourd'hui, je sentais que je n'avais pas de solution, enfin, je n'avais que cette solution pour gagner, donc je suis allé à fond là-dedans. Au début, c'était un peu difficile. Et puis, cela s'est mis en place. Oui, cela m'a souri. Je n'avais vraiment pas le choix aujourd'hui.
Vous avez parlé du court. Qu'est-ce qu'il a de particulier, en termes d'ambiance et en termes de décor, par rapport à tous ceux que vous avez pu connaître ?
Le fait qu'il soit dans les serres. Le chemin pour y aller, on part du Central, on marche un peu mais on rentre dans les serres, déjà c'est magnifique. Il est vraiment réussi, avec ses petites verrières. On sent à la fois que c'est un grand court, mais que les spectateurs sont proches de nous. En jouant dessus, j'avais le sentiment que c'était entre le court 1 et le court 2, en termes de sensations. Je pense que c'est un court génial pour les attaquants. Et puis forcément, après, le public, cela fait beaucoup de bruit. C'est vraiment agréable. J'ai ressenti beaucoup d'émotions sur le court aujourd'hui.
Est-ce que tu t'en croyais capable, de faire cela ?
En tout cas, comme je l'ai dit, que ce soit mon staff, mes coachs, mon entourage professionnel, ma femme, ils me l'ont mis dans la tête. Au final, j'ai fini par y croire. Quand j'ai vu le tirage, je me suis dit : ce n'est pas évident. Oui, quand on s'est vu, c'était le lendemain, je me suis dit : déjà, je vais pouvoir avoir peut-être le Simonne-Mathieu, il fallait attendre le tirage. Et puis, je l'avais déjà battu, même s'il n'était pas à ce classement. Je me suis dit : par rapport à la manière dont je vais jouer ce match, peut-être que cela peut passer. Forcément que c'était une petite chance. En tout cas, je l'ai saisie, ils m'ont mis cela dans la tête, et cela a bien pris aujourd'hui.
Vous pouvez nous parler de ce jeu à 3-3, au cinquième set, où je crois que vous sauvez 3 balles de break. C'est là que cela finit de basculer ?
Oui, forcément, parce que je suis en difficulté sur ce jeu, je sers moins bien. Je varie moins les zones. Je sens que lui, à ce moment, il en remet un peu plus. Forcément, c'est un jeu charnière. S'il me break à ce moment, peut-être qu'il se libère, et je ne fais pas le jeu à 5-4. En restant devant, au cinquième set, il y a quand même un avantage de faire la course en tête parce que très clairement, le jeu que je fais à 5-4, je prends une option, je me dis que quoi qu'il arrive, sur ce jeu, je vais tenter sur tous les points, et faire un 0-15, un 0-30. Forcément, après, on se retrouve à 2 points du match. Ce jeu était très important, vraiment crucial.
Allez-vous demander à rejouer sur le même court au prochain tour ?
J'ai déjà demandé beaucoup de choses, depuis le début du tournoi. (Rires) J'ai demandé la wild-card, j'ai demandé le premier tour. Il ne faut pas être trop gourmand. Déjà, je vais demander à jouer le double, après mon premier tour de simple. A un moment donné, j'ai un crédit limité quand même. (Rires)