Roland-Garros - Pauline Parmentier, c'est fini : "20 ans de ma vie !"

Voilà...C'est fini... Pauline Parmentier a disputé mardi le tout dernier match de sa carrière sur le court 14 de Roland-Garros. La Tricolore a tout donné pour sa der mais n'a pas pu faire d'exploit contre Veronika Kudermetova, 6-2, 6-3. L'émotion de la tricolore à la sortie du court était palpable, même si elle avait sans doute imaginé d'autres conditions pour dire au revoir au public de la Porte d'Auteuil. Peut-être le Central...

Vidéo - Parmentier : son dernier Roland-Garros et son dernier match

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"Je me dis : quand même, j'ai tenu"

Pauline Parmentier, c'est avant tout une superbe longévité. La native de Cucq a débuté sa longue carrière sur le circuit 2000, année de son premier match sur le circuit ITF. En 20 ans, "Popo" a remporté 4 titres, Tashkent en 2007, Bad Gastein en 2008 mais aussi Québec et Istanbul en 2018. Elle aura tout de même vaincu Caroline Wozniacki en 2018, 2e mondiale à ce moment, et Elina Svitolina 6e. "C'est là que je vois que j'ai quand même duré. Il y avait plusieurs générations dans les tribunes. Je parle des joueuses. Il y avait Minou, Amé, Nath, c’est canon, il y avait Chloé. Quand je regardais, je me dis : quand même, j'ai tenu", a-t-elle confié après la rencontre.

 

"Ce côté équipe, équipe de France, c'est quelque chose qui m'a toujours fait rêver"

Son plus beau souvenir. Bien entendu la victoire en Fed Cup en 2019. Pauline Parmentier avait eu un rôle important à jouer puisqu'elle s'était imposée en simple en demies contre Irina Begu. Une victoire importante qui avait permis à la France de revenir à 2-2 avant que Caro Garcia et Kiki Mladenovic ne s'imposent en double. "Quand j'ai commencé à jouer au tennis, c'était pour être championne de tennis, joueuse de tennis. Mais ce côté équipe, équipe de France, c'est quelque chose qui m'a toujours fait rêver. Pouvoir, sur la fin de ma carrière, aller chercher le trophée, même si c'était en Australie, en plus, avoir participé vraiment à la qualification avec le match en demi-finale, c'est vraiment le moment, toute cette campagne, qui ressortira, s'il y avait un moment", a-t-elle expliqué.

�'�🇫🇷 Pauline Parmentier à Roland-Garros, c'est terminé !

Malgré toute sa détermination, la Française n'a pas tenu le choc face à Kudermetova. Parmentier s'incline 6/2,6/3 face à la jeune Russe, et quitte définitivement la Porte d'Auteuil. #RG20

Pauline, Merci pour tout ! 👋 pic.twitter.com/31UYEHAdfv

— France tv sport (@francetvsport) September 29, 2020

 

 

"Je suis contente d'avoir encore un match à faire ici"

Mais tout n'est pas encore complètement fini. La Tricolore a encore le double avec sa grande amie Alizé Cornet. Elles affronteront ce mercredi Laura Siegemund et Vera Zvonareva. Une dernière occasion de vibrer Porte d'Auteuil. "J'ai le double demain avec Alizé Cornet. Je suis très contente de pouvoir faire ce double avec Alizé. On n'a pas un tirage facile. On joue les vainqueurs de l'US Open. Je suis contente d'avoir encore un match à faire ici, avoir une autre chance pour continuer et rester dans le tournoi." L'occasion d'un baroud d'honneur.

 

Je voudrais savoir comment cela s'est passé sur le court ? Qu'est-ce que tu t'es dit quand tu es arrivée pendant le match, à la fin du match, un peu que tu nous racontes ?

Avant le match, c'était compliqué. On m'a parlé un peu de tous les terrains du stade. J'ai du mal à me projeter. Je me suis emballée en me disant que je pouvais être sur le Central. J'ai fini sur le 14, qui est un super court, mais je trouvais cela un peu sévère pour un potentiel dernier match. Une fois que je suis rentrée sur le terrain, j'ai tout donné, j'ai joué une fille qui a vraiment très bien joué aujourd'hui. Le score est sévère, mais j'ai l'impression d'avoir plutôt fait un bon match. J'ai essayé de mettre toutes les émotions de côté sur le match, parce que je ne voulais pas être rattrapée par cela, sur le fait que c'était la fin de ma carrière. Après, forcément, une fois que la balle de match est terminée et qu'il y a tout le monde au bord du terrain, il y a quand même pas mal de monde qui était là pour moi, j'étais contente de pouvoir partager cela avec eux, malgré le contexte. Forcément, comme je suis quelqu'un de sensible, c'était à prévoir, les petites larmes sont arrivées. Après, on a passé un petit moment un peu tous ensemble. On essaye de faire comme on peut, avec le contexte.

 

Je suis obligée d'être masquée, je suis en salle de presse. J'ai trouvé que tu avais quand même très bien maîtrisé tes émotions, que tu étais dans un match de tennis comme si de rien n'était. De l'extérieur, ça donnait cela, à part à la fin. Ce n'est pas la fin dont tu rêvais, mais finalement, est-ce que ce n'est pas une fin qui te ressemble, avec tes proches qui étaient là, en toute simplicité ?

En toute simplicité, oui c'est sûr. Après, j'aurais aimé avoir un moment aussi sympa avec le public, avoir un court, pas « digne » je vais dire, le court 14 est un très beau court aussi. Mais finalement, c'est bien. Ils étaient là, tout près de moi, sur ce court. J'avais quand même une belle bande, une belle brochette dans les tribunes, à chaque fois que je les regardais, j'étais bien. Je n'avais pas besoin de beaucoup plus. Après, depuis le début on me dit : si tu te projettes sur ton dernier match, sur ton dernier Roland, comment tu le vois ? Je n'avais pas du tout prévu que ce serait comme cela, finir à minuit. Je n'avais pas envie de passer à côté de mon match, j'avais envie de produire du jeu. Je m'étais préparée à fond pour bien terminer. Je suis tombée sur quelqu'un de plus fort que moi aujourd'hui. Je n'ai pas forcément de regret. Il y a des petits points par-ci, par-là, où j'aurais pu mieux maîtriser le jeu. Mais elle m'a vraiment poussée, elle a mieux joué que moi. Sur les derniers points, il y avait toute la bande qui m'encourageait un peu, qui faisait un peu de bruit. Il y a un peu les émotions qui arrivent. Mais j'ai plutôt bien géré, oui.

 

En dehors de l'émotion, qu'est-ce qui va te manquer le plus, et qu'est-ce qui ne va pas te manquer du tout ?

Ce qui va me manquer le plus, c'est quand même le tennis en lui-même, parce que c'est un sport que j'adore, qui m'a permis de vivre énormément d'émotions, qui m'a apporté beaucoup. C'est ce qui m'a formée, ce qui a forgé mon caractère aussi sur toutes ces années. J'ai fait plein de belles rencontres. J'ai passé 20 ans de ma vie vraiment fabuleux. La compétition, les tournois, les gros tournois, les beaux tournois, cela va me manquer, parce qu'on a la chance de vivre de notre passion. Franchement, quand on commence à 11 ans, que l'on part de chez nous, c'est vraiment un gros pari, ce sont des gros sacrifices aussi pour toute la famille, tout l'entourage. C'est sûr que quand on y arrive, il faut savoir savourer tout cela. C'est cela qui va me manquer.

Après, ce qui ne va pas me manquer, il y a pas mal de choses. C'est tout ce stress aussi au quotidien, sur le classement, les matchs, le fait de ne pas passer à côté, sur tout ce qui est rapport au match. Après, un peu le jugement, les critiques, les insultes que l'on peut recevoir aussi parfois après les matchs, tout ce contexte, cela ne va pas forcément me manquer.

Après, il y a plein de personnes de ce milieu qui vont me manquer, mais en même temps, je serai toujours là. Je ne pars pas non plus à l'autre bout du monde. Je suis toujours dans les parages. Je vais garder du lien avec beaucoup de personnes, je pense, parce que ce sont des gens qui font partie de moi, avec qui j'ai passé vraiment des supers moments.

 

Tu oublies un truc, c'est que ce n'est pas fini, Pauline.

J'ai le double demain avec Alizé Cornet. Je suis très contente de pouvoir faire ce double avec Alizé. On n'a pas un tirage facile. On joue les vainqueurs de l'US Open. Je suis contente d'avoir encore un match à faire ici, avoir une autre chance pour continuer et rester dans le tournoi.

 

Je dis cela, ce n'est pas une boutade. Tu es encore dans le tournoi, quand même.

Bien sûr, je suis encore dans le tournoi. Après, ma carrière est plus en simple. C'est sûr que là, de terminer le simple, j'ai l'impression que c'est la dernière page qui a été écrite aujourd'hui. Après, forcément, j'ai le double demain, je serai au taquet. Si on peut aller le plus loin possible, c'est fantastique, je prends.

 

Et avec ton service-volée.

Viens dès le début. Il ne faudrait pas que tu le rates, quand même.

 

On était là, quand même. On était tous là.

Je sais. Ça fait plaisir. Franchement, quand je suis partie là-bas, sur le 14, je me suis dit : un peu dur. J'ai vu tout le monde qui était là. Je me suis dit : je n'ai pas besoin de plus, j'ai les gens que j'aime, ceux qui sont là sont là pour moi et qui ont envie de partager cela avec moi. C'était très bien.

 

On était tous sur le Simonne, sache-le. On a tous migré. Tu sais ce qu'il s'est passé, pourquoi tu n'as pas joué sur le Simonne-Mathieu ?

Je n'ai pas tout compris, je t'avoue. On m'a parlé du Central aussi pendant un moment, parce que cela a fini. On m'a dit : si cela finit là, tu vas au Central. C'était entre le 14, le Central et le Simonne. Les 3 ont fini en même temps. On m'a dit : tu vas sur le 14. Je n'ai pas trop compris. Après, je me suis tout de suite dit : il faut que je sois dans mon match. On m'a parlé du court 9, là j'ai dit non, c'est un peu sévère.

 

Si tu as un moment à retenir de ta carrière ? Elle est super dure la question, je sais.

Un seul ? Pourquoi vous n'êtes pas là ? J'ai envie d'être avec vous.

 

On n'a pas le droit.

Un seul ? C'est dur. Je dirais quand même la victoire en Fed Cup.

 

Pourquoi ?

Pourquoi ? Quand j'ai commencé à jouer au tennis, c'était pour être championne de tennis, joueuse de tennis. Mais ce côté équipe, équipe de France, c'est quelque chose qui m'a toujours fait rêver. Pouvoir, sur la fin de ma carrière, aller chercher le trophée, même si c'était en Australie, en plus, avoir participé vraiment à la qualification avec le match en demi-finale, c'est vraiment le moment, toute cette campagne, qui ressortira, s'il y avait un moment. Après, il y en a beaucoup. Mais s'il y en avait un, je dirais que c'est celui-là.

 

D'ailleurs, il y avait toute l'équipe de Fed Cup.

Oui, il y avait tout le staff, c'est cool. J'ai des messages des filles aussi, je n'ai pas encore tout regardé. Je sais qu'elles étaient là. Après, j'ai joué très tard. Je les ai toutes croisées dans l'après-midi. Elles ont toutes eu un mot très sympa. C'est cool. Après, je ne pars pas non plus, on a vraiment l'impression qu'il y a une petite page qui se tourne.

 

Pour nous aussi, une grande page.

C'est là que je vois que j'ai quand même duré. Il y avait plusieurs générations dans les tribunes.

 

Ce n'est pas bien du tout en revanche, tu enlèves cette phrase.

Je parle des joueuses. Il y avait Minou, Amé, Nath, c’est canon, il y avait Chloé. Quand je regardais, je me dis : quand même, j'ai tenu.

 

Tu as ratissé large. C'est bien. C'est super. Demain, il va y avoir un public de dingue.

Demain, il y a la ola je crois, sur le 13.

 

Tes parents étaient là ?

Oui, mes parents étaient là. Mes parents sont là depuis, ils sont arrivés dimanche. Je ne les ai vu qu'aujourd'hui, parce que je n'avais pas le droit de les voir avant. Ils ont pu venir sur le match, le fait d'être sur un gros court, j'avais 4 places. J'avais aussi acheté 2 places en plus. Ils ont pu venir.

Ce qui est dur, c'est qu'au-delà du match, cela se termine, on est là dans les allées, on nous dit : il faut partir, il est tard, vous êtes les derniers. On ne peut même pas avoir un petit moment. Pour moi, ce sont des trucs qui me tiennent à cœur, qui sont importants pour moi, c'est dur de se dire au revoir dans les allées, en deux secondes après tout cela. On va prendre le temps de tous se retrouver après, de faire un bon petit dîner tous ensemble en respectant la capacité de personnes.

 

Et avec modération ?

Ça, non.

 

Tu appréhendes un peu la suite ?

Non, je n'appréhende pas… pas du tout ce n'est pas le mot. Je suis très heureuse de passer à autre chose, d'avoir un nouveau départ sur une nouvelle vie. J'ai vraiment été au bout de mon aventure tennistique. Je pense avoir arrêté et je suis même certaine d'avoir arrêté au bon moment. J'ai hâte de voir ce que l'avenir me réserve. Je suis très bien entourée. J'ai hâte de construire aussi autre chose que le tennis après.

 

Tu te dis que dans le monde d'après covid-19, c'est compliqué le tennis en ce moment ?

Oui, ça fait un peu peur, je ne te le cache pas. Oui, c'est sûr que dans ces conditions, en plus quand cela devient difficile de voyager, de devoir partir 4 jours avant à chaque fois sur les tournois, être pas mal isolé, ce n'est pas un truc qui m'excite. Ce n'est pas un truc qui me donne envie mais, après, on a quand même l'occasion et l’opportunité de pouvoir jouer Roland-Garros, on a eu beaucoup de chances, on s'en sort bien sur cette saison ; il y a eu 2 Grands Chelems, c'est fabuleux mais c'était le bon moment pour moi.

 

Vous êtes contente de votre carrière ?

Oui, je suis très contente de ma carrière. C'est une carrière qui me ressemble, avec mon caractère aussi, avec des hauts et des bas, mais je suis fière de tout ce que j'ai fait. Je n'ai pas forcément de regrets sur ma carrière. Si à 11 ans, quand je suis partie de chez mes parents en sport-études, on m’avait dit que j'allais faire cette carrière et terminer à 34 ans à Roland, j'aurais signé direct. Je suis vraiment fière de tout cela. J'ai vécu de très belles émotions, j'ai rencontré des gens fabuleux. Forcément, il y a eu des moments difficiles, il y a eu plein de remises en question, des moments de doute, etc., mais je ne retiendrai vraiment que du bonheur et du positif de toutes ces années.

 

Tu nous lâches quand même.

Je suis désolée.

 

Un mot sur le tennis féminin français, Pauline ?

Je n’en peux plus de cette question ! Je n’ai plus envie de répondre. (Rires)

Derrière, Fiona, par exemple, que tu as côtoyée en Equipe de France, elle est prête à reprendre le flambeau ?

Oui, je pense que Fiona a une très belle carrière qui l'attend. Elle est vraiment de plus en plus régulière, elle a pris du volume, de la puissance, elle a son jeu bien en place et elle est hyper structurée, cela prend vraiment forme. Elle a gagné un tournoi cet été. Cela fait deux ans qu'elle est vraiment bien et qu’elle monte. Je suis sereine. Après, il peut se passer plein de choses mais je pense qu'elle va avoir une belle carrière. Après, il y a Clara Burel qui est aussi au deuxième tour, ainsi que Diane qui a perdu là mais qui est aussi sur le chemin d'une belle carrière. Il y a quand même quelque chose qui arrive. Il y en a moins qu'avant, je sais, mais il y en a toujours quelques-unes.