Tennis. US Open - Marin Cilic, le banni devenu roi de New York
Par Bastien RAMBERT le 09/09/2014 à 01:03
Marin Cilic a remporté l'US Open en dominant Kei Nishikori en trois manches (6-3, 6-3, 6-3). Le Croate de 25 ans, suspendu quatre mois pour dopage l'an dernier, décroche son premier titre du Grand Chelem après un nouveau récital en fond de court face à un adversaire pas assez mobile lors de cette finale inédite.
Et Marin Cilic s'envola vers le septième ciel. Monstrueux en demi-finales de l'US Open contre Roger Federer, le Croate de 25 ans, 16e joueur mondial avant le début du tournoi, a continué sur sa lancée pour coller trois sets (6-3, 6-3, 6-3) à Kei Nishikori et remporter son premier tournoi du Grand Chelem, son douzième titre en carrière. Le Stadium Arthur Ashe sonnait creux, en raison de cette affiche inattendue et pas assez "sexy" aux yeux de ce public américain difficile. L'histoire s'écrit pourtant à chaque Majeur. Sauf que cette année, ce n'est pas un membre du Big Four qui a repoussé ses limites pour devenir le roi de New York mais bien un Marin Cilic XXL, comme sa taille (1,98 m). Impérial au service et très solide dans les moments importants depuis son marathon de 4h13 face à Gilles Simon en huitièmes, le protégé de Goran Ivanisevic est désormais, avec une couronne en Grand Chelem sur la tête, l'égal de son coach actuel mais aussi des Michael Stich, Thomas Muster, Andy Roddick, Juan Carlos Ferrero ou encore Stanislas Wawrinka, vainqueur fin janvier à l'Open d'Australie.
Demi-dieu dans son Japon natal, Nishikori a reçu (tout?) le soutien du public new-yorkais mais cela n'a rien changé. L'habituel métronome nippon de 24 ans, huitième au classement ATP depuis ce lundi, n'avait plus vraiment d'essence dans le réservoir. Il avait déjà souffert physiquement contre Novak Djokovic en demie après ses deux combats en cinq manches face à Milos Raonic et Stanislas Wawrinka. En finale, son dynamisme au niveau du jeu de jambes est resté trop longtemps aux vestiaires pour endiguer la montée en puissance d'un Marin Cilic qui n'a mis qu'un jeu pour rentrer dans sa première finale en Majeur alors que son vis-à-vis était lui aussi novice dans ce genre d’événement. Contrairement à son entraîneur Michael Chang vainqueur de Roland-Garros en 1989, Nishikori ne réussira pas le coup parfait. Il doit se contenter du plateau de finaliste, laissant à Cilic l'honneur de marquer au fer rouge cet US Open 2014 après cette première finale de Grand Chelem privée d'un membre du Big Four depuis Safin-Hewitt à l'Open d'Australie 2005.
L'avènement du roi Marin
Suspendu quatre mois - il était absent en 2013 à Flushing Meadows - l'an passé pour dopage après avoir ingéré une substance interdite par inadvertance, Cilic était revanchard mais peu de monde pensait que le Croate puisse un jour inscrire son nom au palmarès d'un tournoi d'un Grand Chelem. 1H54 après son one-man show face à Nishikori, il faut désormais souligner l'extraordinaire performance de celui qui reviendra dans le Top 10 lundi prochain, égalant au passage son meilleur classement en carrière (9e). Cilic a été confronté à une balle de break d'entrée lors de cette finale inédite. Le scénario aurait pu être tout autre si le Croate n'avait pas bombardé la ligne avec son coup droit pour remporter ce point déjà crucial. Marin a pris des risques ce lundi, les bons risques comme au tour précédent contre Federer. Pas assez mobile, Nishikori n'a pu lui donner la réplique. Un coup droit chopé du Japonais dans le couloir permettait à Cilic de réaliser le premier break du match, à 3-2. Libéré, l'ancien banni déroulait derrière sa mise en jeu et ne se privait pas d'enfoncer un Nishikori qui jouait trop au centre, faute de mobilité.
Après 45 minutes, Cilic menait 6-3, 2-1 service à suivre. 25 minutes plus tard, il avait deux sets d'avance face à un Nishikori toujours en quête du bon timing. S'il a subi la foudre (17 aces) de son adversaire au service, le Japonais a manqué le coche sur balle de debreak à 4-2 dans le troisième set, forçant son retour alors que Cilic commençait à montrer quelques petits signes de fébrilité. Nishikori quitte New York avec un 1/9 sur balle de break lors de cette finale. Un ratio lié à la faible prise de risque du principal intéressé mais aussi à la force mentale de Cilic, qui a encore été magistral derrière son engagement. Désormais, Ivanisevic a un successeur, lui qui était le dernier vainqueur croate en Grand Chelem avec son succès à Wimbledon en 2001. Goran s'est arrêté à un sacre majeur. Cilic fera tout pour ne pas connaître le même sort, lui qui vient de faire rentrer, peut être une bonne fois pour toutes, le tennis masculin dans une nouvelle ère.