US Open - Nishikori-Cilic : deux bizuths, une révolution
Par Bastien RAMBERT le 08/09/2014 à 19:09
Une finale du Grand Chelem va se dérouler sans un membre du Big Four pour la première fois depuis l'Open d'Australie 2005. S'il laisse sceptique les adorateurs du quatuor fantastique, le duel entre Kei Nishikori et Marin Cilic pour le titre à l'US Open s'annonce palpitant entre deux joueurs au sommet de leur tennis et qui vont disputer leur première finale majeure.
La foudre a frappé deux fois samedi à New York et le public de l'US Open aurait bien aimé ne pas prendre un deuxième coup de jus. S'il s'est montré très enthousiaste à l'occasion de la splendide victoire de Kei Nishikori sur Novak Djokovic lors de la première demi-finale, il n'a pu masquer sa déception devant le récital de Marin Cilic face au chouchou des lieux - comme partout dans le monde -, Roger Federer. Le rêve d'un 18e Majeur pour le maestro suisse s'est envolé et les spectateurs américains s'en remettront. Le plus important est désormais de se délecter de cette finale de Grand Chelem totalement inattendue, la première sans membre du Top 10 depuis l'US Open 1997 et l'affrontement entre Patrick Rafter et Greg Rusedski et surtout la première sans membre du Big Four (Djokovic-Nadal-Federer-Murray) depuis l'Open d'Australie 2005 et la victoire de Marat Safin sur l'enfant du pays Lleyton Hewitt ! Fin janvier, Stan Wawrinka avait ouvert la brèche en s'imposant à Melbourne. Ce lundi, un nouveau vainqueur en Grand Chelem sera sacré puisque Nishikori et Cilic vont disputer leur toute première finale majeure.
En l'absence d'un Rafael Nadal touché au poignet droit, la finale entre Djokovic et Federer semblait presque inévitable même si Tsonga avait scalpé quatre membres du top 10 à Toronto. Finalement, c'est Gaël Monfils qui a été le Tricolore le plus en vue à Flushing Meadows. Le Parisien regrettera longuement ses deux balles de match gâchées en quarts contre Federer, qui a pris ensuite trois sets dans la musette samedi contre Cilic. Il y a un an, le Croate de 25 ans purgeait une suspension de quatre mois pour dopage. La Fédération internationale de tennis (ITF) a reconnu depuis qu'il n'avait pas "l'intention d'améliorer ses performances" en prenant une tablette de Coramine-glucose. Désormais, Cilic, 16e joueur mondial, peut savourer son éclatante revanche. Sous la houlette de son compatriote Goran Ivanisevic depuis début février, le grand échalas a fait évoluer son jeu tout en puissance. Il est désormais bien plus solide en défense et ses frappes respirent la confiance. Scalper Berdych puis Federer à chaque fois en trois manches est une sacrée performance. Reste désormais à Cilic à gravir la dernière marche, la plus haute.
Un duel Chang-Ivanisevic en parallèle
Cilic va demander de précieux conseils à Ivanisevic pour devenir le roi de New York. Le gaucher croate a l'expérience nécessaire pour aider son poulain, lui qui avait triomphé à Wimbledon en 1991. Dans le camp adverse, un autre ancien vainqueur en Grand Chelem vibrera à chaque coup de raquette de son protégé. Couronné à Roland-Garros en 1989 à l'âge de 17 ans, Michael Chang est le mentor de Kei Nishikori depuis le début de l'année. Les similitudes entre les deux finalistes de cet US Open 2014 sautent aux yeux mais chacun possède ses propres atouts. Si Cilic s'appuie sur une première balle tranchante et des frappes incisives dès le début de l'échange, Nishikori possède un bagage technique supérieur à celui du Croate. Le Japonais de 24 ans, onzième au classement ATP, prend la balle très tôt et peut varier à merveille. Son service n'est pas assez percutant mais il compense avec une excellente couverture du terrain et un très bon dynamisme sur les jambes au moment de retourner. Premier joueur asiatique en finale d'un Grand Chelem, Nishikori provoque une véritable ferveur populaire du côté du Pays du Soleil Levant. La pression risque d'être forte sur ses épaules mais rien ne semble impossible dans cet US Open pour le natif de Shimane.
On pensait pourtant que Nishikori n'allait pas pouvoir défendre ses chances à 100 % en raison d'une blessure au pied droit qui l'a obligé à renoncer aux Masters 1000 de Toronto et Cincinnati. Pourtant, c'est bien le Japonais qui jouera le titre à Flushing Meadows et non Milos Raonic, Wawrinka ou encore Djokovic, ses trois dernières victimes sur le ciment américain. Si Kei est sur un nuage, il faut toutefois émettre des doutes concernant ses capacités physiques si le match venait à durer car il a terminé son match contre Raonic à 2h26 du matin (record égalé du tournoi) avant d'enchaîner sur un nouveau combat de plus de quatre heures face à Wawrinka. De son côté, Cilic vient de foudroyer Berdych et Federer sans puiser dans ses réserves mais le Croate est mené 5-2 dans ses confrontations directes avec Nishikori. Première finale entre deux bizuths à ce stade de la compétition en Grand Chelem depuis Nadal-Puerta à Roland-Garros en 2005, l'épilogue de cet US Open 2014 s'annonce historique, très ouvert et alléchant. Un beau pied au nez à ceux qui trouvaient que le tennis masculin tournait en rond.