Wimbledon (H) - Maria : "Je les aurais arrêtés à 8-8..."
Par Christophe de JERPHANION le 19/07/2014 à 09:26
Vous vous souvenez forcément d'un des plus grands matches de ces dernières années, et peut-être même de l'Histoire du tennis, la fameuse finale qui avait opposé l'Espagnol Rafael Nadal au Suisse Roger Federer sur le Centre Court, un jour pluvieux de juillet 2008. Un match finalement remporté par l'Espagnol, tête de série n°2, à la tombée de la nuit, 6-4, 6-4, 6-7 (5), 6-7 (8), 9-7, après 4h47 de jeu, un record, et deux interruptions pour cause de pluie. Rafael Nadal mettait alors fin à la série de 5 victoires consécutives de Roger Federer à Wimbledon.
Sur wimbledon.com, Pascal Maria, l'arbitre qui officiait ce fameux jour sur la chaise, livre ses souvenirs et ses impressions sur ce fabuleux moments de tennis, sur cette rencontre que certains voient comme le plus beau match de tous les temps : "Wimbledon est la Mecque du tennis. C'est de la que viennent les traditions du tennis et c'est un endroit merveileux. Ajoutez à cela un match entre deux immenses joueurs, les deux premiers joueurs au classement à ce moment-là, qui ont montré un niveau de tennis incroyable dans ce match. C'est un faisceau de facteurs qui donne cette dimension au match, avec, par exemple, la balle de match sauvée par Roger Federer au 4e set.
Je suis un fan de tennis et c'est pour moi un grand privilège d'avoir été désigné pour arbitrer une finale de Wimbledon. C'était déjà une grande chance de pouvoir faire une finale de Wimbledon au cours de ma vie, et en plus, c'est arrivé pour un tel match. Et, d'une certaine manière, le plus grand compliment qu'on puisse faire à un arbitre, c'est que le public ne se souviennent pas du nom de celui qui était sur la chaise ce jour-là.
Rafael Nadal essayait de remporter ce titre du Grand Chelem pour la première fois et j'ai compris que ce match prenait une excellente tournure quand l'Espagnol a mené deux sets à zéro face à Roger Federer. C'était encore plus excitant quand Roger Federer a sauvé la balle de match au 4e set. le public a explosé. Et c'est là que je me suis mis à penser : bordel (sic), quelle chance j'ai de vivre ce match !
Bien sûr, j'étais concentré sur mon travail, mais il ne peut pas être bien fait si on ne se sent pas impliqué. Il faut avoir clairement conscience d'où on se trouve et de ce qui se passe. Je crois que nous aurions arrêté le match à 8 jeux partout au 5e set (en raison de l'obscurité) mais, à ce moment-là, Rafael Nadal a gagné le 5e set 9 jeux à 7.
Mentalement, j'étais épuisé, comme si j'étais vidé après cela. J'étais vraiment concentré, j'ai aimé ce match et il me permet de me souvenir pourquoi je fais ce travail. C'est amusant, mais je n'ai jamais parlé de ce match avec les deux joueurs. Je pense qu'on le fera une fois que nous aurons tous raccroché. De toute manière, je crois qu'ils sont si ambitieux qu'il préfèrent regarder de l'avant plutôt que de se retourner sur le passé, en tout cas jusqu'à ce que leur carrière s'achève. Quand je prendrais ma retraite, je regarderai cette finale en vidéo, ce que je n'ai pas encore fait... Je suis vraiment heureux d'être resté dans l'ombre plutôt qu'on se souvienne de moi".