Tennis. Wimbledon - Quand le roi Novak Djokovic se met à nu
Par Clémence LACOUR le 23/06/2015 à 19:09
Cary Grant avait déclaré un jour dans un sourire: "Tout le monde voudrait être Cary Grant; même moi, j'aimerais bien." Novak Djokovic pourrait sans doute dire la même chose, tant tout ce qu'il touche paraît se transformer en or. Certes, sans le soupçon d'ironie de l'acteur hollywoodien, le joueur a d'ailleurs lui-même déclaré, avec la même sincérité: "Je n'aime pas beaucoup parler de moi-même. Je trouve que c'est inapproprié. Je n'aime pas me jeter des fleurs."
Succès financier, sportif, amoureux et vie familiale épanouie, n'en jetez plus, les fées se sont sans doute penchées sur son berceau. La check-list est comble. Bon, c'est vrai, il a encore un titre à demander au père Noël, puisqu'il n'a toujours pas réussi à lever la malédiction de la fée Carabosse à Roland Garros. Mais qu'est-ce que cela fait d'être dans la peau de Novak Djokovic? Le numéro un mondial, tenant du titre de Wimbledon qui débute lundi prochain, s'est ouvert auprès de nos confrères Serbes de B92. Il a abordé avec eux plusieurs sujets.
Sa formation scolaire
"Je ne suis pas titulaire d'un diplôme ou d'un quelconque titre universitaire, et cela me manque. J'adore le tennis, bien sûr, mais j'aimerais bien pouvoir me former davantage, même si mes parents et mes proches m'y aident beaucoup." Son approche de la vie "Je crois que chaque action que l'on accomplit c'est un choix que l'on fait et qui influe le cours de la vie. Cela part de toutes les petites choses et va vers toutes les plus grandes. La façon dont tu te comportes avec les gens, si tu es aimable ou non, si tu fais ou non des sorties contre les autres après une mauvaise journée . Tout ceci, ça ne dépend que de nous. J'ai toujours aimé réfléchir sur moi-même et y trouver de nouvelles choses." Et de donner un exemple de cette approche de la vie par une anecdote: "Là, par exemple, quelqu'un m'a offert un saxophone, et j'ai commencé à m'exercer afin de pouvoir en jouer convenablement. J'ai pensé que c'était l'occasion ou jamais de m'y mettre."
Son enfance
Le roi du tennis mondial, assis sur son trône depuis quasiment un an, a souvent évoqué son enfance, pas si dorée et marquée par la guerre. "Mon enfance n'a pas du tout été la même que celle des joueurs que j'affronte maintenant. Elle m'aide à garder le sens de la normalité, à rester humble." C'est sûr qu'aucun d'entre eux, et heureusement, n'a eu à vivre ce qu'il a vécu. Lors de la campagne de l'OTAN, pendant plus de 70 jours, entre le 23 mars et le 10 juin 1999 le petit Novak, 12 ans, a vu et entendu 480 bombes en moyenne tomber chaque jour sur Belgrade, où il est né et où il résidait. Il a aussi connu toutes les difficultés afférentes à la situation économique d'un pays abîmé par les événements politiques.
It looks like I know what I'm doing, right? #NoleFam #Miami #UNIQLO pic.twitter.com/1ju1SdCn17
— Novak Djokovic (@DjokerNole) 26 Mars 2015
Alors que certains, et notamment son coach Boris Becker, estiment que le tennis est devenu trop aseptisé, pourquoi ne dit-il pas plus ce qu'il a sur le coeur? "En tant que joueur, tu ne peux pas dire tout ce que tu veux, sinon, cela te revient comme un boomerang. Je n'ai rien à cacher, mais les médias ont tendance à exagérer les petites mésententes pour les tourner en franche hostilité." Et, c'est sûr le conflit, ce n'est pas la tasse de thé de Novak Djokovic: "Je n'ai pas envie de donner aux médias des munitions. Ils sortent les propos du contexte, les tordent et s'en servent après. Dans un monde idéal, ce serait bien de dire ce que l'on pense, mais ce n'est pas possible, à cause de la mécanique médiatique." Où l'on découvre donc que, pour devenir un bon alchimiste, Novak Djokovic a bien sûr appris à changer le plomb en or grâce à la petite balle jaune mais aussi à mettre un boeuf sur sa langue.