WTA - Madrid - Alizé Cornet : "Une fierté de battre Halep"
Par Elisa Chauvel le 03/05/2015 à 18:25
Grosse surprise ce dimanche lors du premier tour du tournoi WTA de Madrid, Alizé Cornet a battu la numéro deux mondiale Simona Halep. La Niçoise revient sur sa victoire inattendue en conférence de presse.
Alizé, énorme performance, il y avait beaucoup d'émotions à la fin. Il y a une saveur spéciale à cette victoire ?
Toujours quand il y a une belle performance comme ça, c'est toujours en même temps émouvant, excitant et puis il y a une certaine fierté qui en ressort quand même. Surtout que j'ai fait un gros match aujourd'hui, où j'ai bien réussi à tenir jusqu'au bout. J'ai vraiment donné le meilleur de moi-même en terme de tennis et aussi d'attitude. C'était top et d'autant plus inattendu qu'à mon dernier tournoi (Prague), j'ai perdu au deuxième tour. Franchement, je ne m'y attendais pas aujourd'hui et comme quoi le travail paye toujours. Je ne lâche jamais rien et je suis vraiment contente d'avoir gagné contre cette joueuse qui pour moi est la plus en forme avec Serena (Williams) qui a une constance absolue dans les tournois. Je crois qu'elle n'a pas perdu au premier tour depuis .. il faudrait regarder ! C'était une performance d'autant plus belle pour tout ça !
Vous êtes arrivée dans quel état d'esprit à Madrid ?
J'essaye de rester positive. Je sais que malgré ma défaite prématurée à Prague, je jouais bien, j'ai fait un bon match donc je me suis dit qu'il n'y a pas de panique, que le jeu est là, que ça va venir. Après j'ai vu le tableau, ça m'a mis un petit coup forcément parce qu'il y avait des tours plus jouables. Halep est quand même finaliste de l'année dernière et comme je l'ai dit pour toutes les raisons évoquées au-dessus, ce n'était pas facile. Après, je me suis dit que j'allais me préparer comme un match normal, sans penser à qui il y avait en face. Et puis la magie a opéré. Sur le Central, j'ai super bien servi, bien joué. Physiquement, aucun coup de mou. J'étais plus ou moins indébordable et je pense que ça, ça l'a tué aussi. Cela prouve que quand on garde le même état d'esprit, les résultats suivent. Après peut-être pas tout de suite et pas assez rapidement à mon goût parfois mais c'est quand même sympa d'avoir de belles émotions.
C'est vrai que vous aviez l'air indébordable. Sa balle ne vous faisait pas mal et ça avait l'air de l'agacer d'ailleurs. C'est une surprise pour vous de si bien sentir cette balle ?
Non parce que je connais mes qualités physiques et que je savais que ça allait être dur pour elle de me faire des coups gagnants. Ce qui m'a un peu sauvé aussi c'est que j'ai joué beaucoup plus long que d'habitude. Parce que si j'avais la même qualité de déplacement mais en jouant plus court elle m'aurait complètement débordée. Mais là j'ai joué long, j'ai réussi à varier les effets, à sortir des amorties très bien servies et bien retournées. Tout était là, il y avait tous les ingrédients. Je n'ai pas paniqué, je suis restée concentrée jusqu'à la fin, jusqu'au dernier point. Je connais mes qualités mais faire un match aussi solide, c'est vrai qu'en général il me manque un peu de constance, ça m'a montré que je pouvais le faire encore une fois. Quand même j'ai un peu pensé à mon match contre Serena à un moment donné dans le match. Je ressentais un peu les mêmes sensations, d'être bien dans le match et je me suis dit "il faut vraiment que tu ailles dans ce match-là pour aller jusqu'au bout et aller chercher ton match". Ces trois matchs de l'année dernière contre Serena m'ont aidé un petit peu aujourd'hui oui.
Est-ce que vous savez justement ce qui a permis de trouver cette longueur de balle que vous n'avez pas d'habitude ?
D'habitude je l'ai mais en haut et bas et surtout quand ça devient un peu tendu, je raccourcis. En fait, tout simplement, je me le disais à chaque point "pense à ta longueur". J'ai aussi joué un petit peu plus près de ma ligne de fond que d'habitude. J'ai bien tiré les leçons de ma défaite à Prague, parce que c'est ça qui avait un peu pêché. J'ai vraiment essayé de rester collée pour pas qu'elle n'ai pas le temps de développer son jeu. C'est des leçons que j'essaye de tirer de chaque défaite et je pense que c'est comme ça qu'on avance, c'est en prenant le positif dans le négatif et l'appliquer sur le prochain match. C'était contre Halep, ce n'était pas évident mais j'ai réussi à le faire et ça a suffi.
On dit que c'est le travail que paye. Comment vous expliquez que ce niveau que vous avez aujourd'hui, vous ne l'aviez peut-être pas les semaines précédentes où vous aviez eu des semaines difficiles. Le déclic s'est fait quelque part ?
Je ne sais pas si c'est un déclic. Le niveau de jeu je l'ai en moi. Parfois je n'arrive pas à l'exprimer parfois j'y arrive. J'ai l'impression que quand je n'ai pas d'autres choix de l'exprimer, je le fais. Et quand j'ai le choix c'est plus compliqué. Il faut que je me rappelle l'état d'esprit que j'ai en ce moment et de me dire que peut-être sur chaque match je joue la numéro 1 mondiale et comme ça tu n'as pas d'autres choix. Je pense que c'est aussi une question de mentalité. Je savais aujourd'hui que je devais sortir ce match-là pour gagner. Après je sais que ce n'est pas évident de le faire. Pour expliquer les résultats de ces derniers temps, j'ai eu un petit pépin physique ensuite la semaine dernière je jouais bien mais je suis tombée sur plus forte que moi, et puis c'était mon premier tournoi sur terre. Là j'ai vraiment retrouvé mon niveau de terrienne, ça fait vraiment plaisir.
Est-ce que vous pensez que vous avez récupéré de l'année dernière qui était vraiment chargée ? Peut-être en début de saison vous payez encore un peu ça ?
Peut-être un peu mais c'est marrant parce que je sens que mon niveau de jeu est là mais j'ai pas les résultats après. Je pense que le meilleur moyen que ça opère un jour c'est que je reste positive et que je ne me mette pas au fond du trou, que je ne gagne pas autant de matchs que je voudrais. Je sais un peu plus maintenant ce que je veux et c'est un peu décevant pour moi de ne pas avoir les résultats escomptés. Aujourd'hui ça a rattrapé plein de défaites que j'ai eues cette année par cette belle victoire.
C'est vrai que vous avez battu Serena Williams qui a eu une carrière avant aussi bien sûr, il y a des petits bas qui reviennent.
La carrière d'une joueuse de tennis c'est des hauts et des bas. La meilleure c'est celle qui a le moins de bas possible mais c'est là où je suis. Mon niveau moyen a vraiment augmenté. Il faut élever ce niveau moyen, il n'y a pas de secrets. Là aujourd'hui, j'ai eu l'impression que je n'étais pas dans le rouge. J'ai eu la sensation que j'ai fait tout bien, juste et de ne pas paniquer. Je suis toujours à la recherche de ma constance et je ne désespère pas, je la trouverai. Je ne veux pas me projeter trop loin, le prochain match va être aussi difficile.
Vous dites que vous savez ce que vous valez maintenant. Vous êtes 28e, vous battez aujourd'hui la 2e en deux sets. Vous valez quoi en fait ?
Cela dépend des matchs. Des fois je ne vaux pas mon classement, des fois un peu plus et c'est ça dont je parle. Il faudrait que sur chaque match, au moins, je joue mon classement qui est Top 30. C'est de plus en plus le cas mais pas toujours et de toute façon pour arriver au plus haut niveau, il faut la constance d'une Halep. Là aujourd'hui, ce n'était pas le cas mais elle arrive à être toujours dans les grands rendez-vous dans les demi-finales et c'est là que ça monte au classement après.
Sur le court, le revers long de ligne que vous faites sur terre battue, sur la balle de premier set, vous savez tout de suite qu'il est parfait ? Parce qu'il part très très fort quand même.
Je crois que je crie même avant qu'il atterrisse. C'est des petits coups de poker qu'on tente et encore une fois j'étais dans la bonne dynamique, j'étais calme et j'étais hyper concentrée et je pense que ce revers il peut aller n'importe où s'il n'y a pas ces trois éléments réunis. C'était un petit coup de chance et en même temps de talent. Cela a compté dans le premier set mais je ne pense que c'est le point qui a tout changé.
Vous ouvrez aussi forcément le tableau. Au prochain tour, c'est une belle opportunité.
Après Vinci, je ne pense pas l'avoir battu un jour. Elle a peut-être plus la forme qu'elle avait quand elle était Top 20 mais c'est toujours une joueuse embêtante à jouer avec ses changements de rythmes. Elle joue un peu à l'ancienne mais en même temps elle est moderne. Elle sert bien alors qu'elle est petite. C'est un peu déstabilisant.
Propos recueillis par Tennis Actu