WTA - Tokyo - Naomi Osaka, l'héroïne métissée des Japonais
Par Antoine RICHARD le 20/09/2018 à 12:51
En remportant l’US Open contre Serena Williams, Naomi Osaka est devenue la première Japonaise à remporter un titre du Grand Chelem. Une récompense, qui lui vaut de faire les gros titres de la presse nippone alors que dans le même temps son pays fait face à une catastrophe naturelle importante. Après avoir connu le typhon Jebi, qui a traversé l’archipel du sud-ouest au nord, c’est l’île d’Hokkaido, qui a été frappée par un séisme de magnitude 6,6. Son grand-père, Tetsuo Osaka, habitant de cette île, est bien placé pour le savoir. Coupé de l’électricité, c’est dans la maison d’un proche qu’il a pu voir sa petite-fille venir à bout de son adversaire américaine. Son aïeul confit d’ailleurs ce sentiment partagé au média japonais The Asahi Shimbun : « Je suis vraiment heureux pour ma petite-fille, mais des gens ont été tués par le tremblement de terre. Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas le temps de se soucier du tennis ».
Vidéo - US Open - Naomi Osaka a impressionné lors de sa finale
So there’s been a lot going on but I just want to say, I was grateful to have the opportunity to play on that stage yesterday. Thank you â¤ï¿½'� pic.twitter.com/utiEKJF8NN
— NaomiOsaka大å‚ãªãŠã¿ (@Naomi_Osaka_) 9 septembre 2018
Pourtant, Naomi Osaka est bien entrée dans le cœur des Japonais. Ce n’était pas forcément écrit d’avance ! Née d’un père haïtien et d’une mère nippone, la tenniswoman ne ressemble pas vraiment à ce qu'on peut entrevoir d'une société japonaise, qui a encore du mal avec le métissage. Elle est d’ailleurs rare parmi les sportifs métissés à contrer cette culture traditionnelle dans son pays natal. Pour ne rien arranger, elle maîtrise bien plus l’anglais que la langue de sa mère. Cela ne l’empêche pas de séduire les Japonais, comme Yukie Ohashi, qui confie au média japonais, « Son japonais n’est pas très bon, mais la façon dont elle essaie de parler en japonais est si mignonne ». C’est justement ce qui ressort de l’attachement des habitants du pays du Soleil Levant pour la joueuse de tennis. Son authenticité et son goût pour le pays où elle est née lui confèrent, il paraît, un charme que le quotidien Yomiuri Shimbun traduit par « la combinaison de sa force et de son innocence enfantine est son charme ».
Disposant encore de la double nationalité, Naomi Osaka a encore un an pour choisir entre son pays natal et son pays d’adoption : les États-Unis. Le Japon ne reconnaît pas la multinationalité. L’accueil du public de Tokyo, dans une semaine, l’aidera peut-être à trancher définitivement et à devenir l’une des pionnières de l’évolution de la société japonaise dans l’acceptation des semi-japonais, ou des « haafu », des personnes métissés.