Gilles Moretton : "On a été choisis pour ça, pour le changement"

Le président de la Fédération Française de Tennis, Gilles Moretton, tenait une conférence de presse ce jeudi à 11h au stade de Roland-Garros, l'occasion ensuite pour Tennis Actu de pouvoir recueillir le point de vue du président sur les ambitions de sa gouvernance, l'épineux problème du manque de public sur le central de Roland Garros, ou de ce format de Coupe Davis qui continue à se chercher. Un entretien complet lors duquel Moretton dévoile son envie d'innovation, mais avoue une forme d'impuissance face à la perte des rencontres à domicile ou à l'extérieur en Coupe Davis pour les phases finales, même s'il se dit ravi de pouvoir accueillir l'Equateur en mars en match de qualification.

"On doit progresser"

Gilles Moretton qui reprochait à mot couvert à Guy Forget une forme d'immobilisme, l'arrivée d'Amélie Mauresmo, première femme à la tête de Roland-Garros apparait comme un signe fort d'un changement à venir : "Nos priorités c'est d'aller au bout du projet qui était le nôtre, car aujourd'hui on a été choisi probablement pour ça... Pour ce changement. Je pense être assez différent de ce qui a pu se faire, avec Amélie Ouéda-Castéra qui présente aussi un profil différent. On a été amené à conserver certaines choses tout en modifiant le contenu. Je pense aux deux capitaines des équipes de France que l'on a gardés. On a choisi de modifier la direction du tournoi de Roland-Garros. Maintenant on va travailler, et on va délivrer des prestations qui seront probablement différentes et on va je l'espère les améliorer. On peut se tromper sur un certain nombre de points et on reconnaitra, moi le premier, lorsqu'on fait des erreurs... mais on doit avancer, on doit progresser. On a une concurrence en face de nous, forte en générale, des autres tournois du Grand Chelem, des autres sports. On se doit d'être en permanence à l'écoute et dans l'innovation." Un message fort qui invite à la réflexion sur le remplissage du central, avec des loges proches du court souvent vides.

"Oui, le public (à Roland-Garros) est un vrai sujet"

Ce sujet du public sur le central est un vrai point sensible, le président botte un peu en touche tout en reconnaissant qu'il y a une nette marge d'amélioration : "Laissons le temps à Amélie (Mauresmo) d'arriver, de mettre son empreinte. Elle est directrice du tournoi, ça se fera bien sûr conjointement avec la gouvernance de la fédération et les équipes, mais elle a aussi exprimé, un certain nombre de volontés. On sent qu'il y a des directions et elle va diriger le tournoi à sa façon et avec sa personnalité, donc oui le public (à Roland-Garros) est un vrai sujet. Il y a des contrats qui étaient en court donc on ne peut pas tout modifier en arrivant. On va se laisser du temps pour que ce tournoi de Roland-Garros qui a plutôt été une belle réussite en 2021, lié à plein de choses dont un certain nombre de petites modifications, que l'on continuera à faire." Rendez-vous donc au printemps 2022 pour découvrir Roland-Garros version Mauresmo.

"Les matchs à domicile et à l'extérieur restent l'ADN de la Coupe Davis"

Enfin autre gros sujet actuel : la Coupe Davis. Reprise il y a trois ans par le groupe Kosmos, elle ne semble pas encore avoir trouvé la formule. Moretton ne se positionne pas comme un fervent défenseur de l'ancien format, jugé obsolète sur plusieurs aspects, mais n'adhère pas non plus à ce qu'il se fait : "J'ai appris avec surprise qu'on va changer de format pour la 3e fois en 3 ans, ce n'est pas un très bon signe. J'ai exprimé ma volonté de participer, même si je ne suis pas d'accord. Je crains que les choses soient déjà entérinées pour les 5 années à venir... Ravi, par contre, d'avoir une étape en France, de retrouver cette atmosphère, ça va faire un bien fou à notre club de supporters aux gens qui vont venir et on va retrouver une ambiance super comme on avait l'habitude. Je pense qu'il fallait modifier la formule (l'ancienne) parce qu’il y avait une évolution des joueurs et du calendrier, mais cet état d'esprit des matchs à domicile et à l'extérieur reste l'ADN de la Coupe Davis." Une implication souhaitée par le président qui avoue dans le même temps son impuissance. Une petite respiration sera possible lorsque la France recevra l'Équateur en mars prochain, mais difficile d'envisager un vrai retour vers les anciennes valeurs de la Coupe Davis d'ici 5 ans.