Dan Added : "Certains disent que les joueurs sont juste payés..."
INTERVIEWSamedi, le CT Clermontois aura l'occasion de décrocher son premier titre de champion de France par équipes. A Grenoble, les joueurs de Clermont, dans l'Oise et à ne pas confondre avec Clermont en Auvergne, vont se frotter au TC Boulogne-sur-Mer, composé uniquement de joueurs Françaises. L'équipe picarde a pu compter sur trois Français Kyrian Jacquet, Ugo Blanchet et Dan Added - recrutés à l'inter-saison - mais pas seulement. Les étrangers ont été constauds et impliqués, notamment Pavel Kotov et Damir Dzumhur. Pour Tennis Actu, Dan Added, recruté au dernier moment par le CT Clermont en provenance du TC Strasbourg, est revenu sur la belle ambiance au sein de son équipe et l'approche de la finale tant attendue de samedi. INTERVIEW.
"J’ai décidé de rejoindre Clermont, un peu à la dernière minute"
Dan, déjà merci d’accorder du temps à Tennis Actu avant la finale du championnat de France par équipes. Parle-nous un peu du beau parcours du CT Clermontois cette année.
Déjà, très content. Très content pour le club, pour l’équipe, pour les bénévoles. Moi, c’est la première fois que j’arrive à me qualifier pour une finale de Pro A. Ça faisait pas mal d’années que je jouais à Strasbourg et on n’avait jamais réussi ça. Donc c’est sûr que c’est sympa. Très content aussi par rapport à l’investissement des joueurs de l’équipe : tout le monde répond présent quand le club a besoin de nous. Donc voilà, il y a aussi beaucoup d’excitation. Je pense que ça va être une super finale. En face, il va y avoir un super club avec une très belle équipe (le TC Boulogne-sur-Mer). Je trouve que c’est très bien aussi pour le tennis en France, tout simplement. Et puis j’espère que ça sera une belle journée.
Raconte-nous un petit peu ton recrutement. Si je ne me trompe pas, je crois que ça s’est fait un peu finalement au dernier moment ?
Oui. Moi, j’étais licencié à Strasbourg depuis très, très longtemps, puisque je suis né ici. Et malheureusement, cette année, ça a été assez compliqué pour monter une équipe. Les années d’avant, c’était déjà compliqué de monter une équipe, mais on s’en était toujours sortis. Et puis voilà, cette année c’était un peu plus compliqué que d’habitude. Moi, j’ai eu des propositions ailleurs aussi. J’avais Vincent (Ducastel, le capitaine), du CT Clermont, qui m’avait dit qu’il était intéressé par mon profil, mais il m’avait laissé vraiment le temps, puisqu’il avait beaucoup de respect pour le club de Strasbourg, donc il ne voulait pas du tout mettre de pression. Et puis voilà, au dernier moment, quand je sentais que ça allait être vraiment compliqué à Strasbourg, j’ai décidé de rejoindre Clermont, un peu à la dernière minute.
"Je savais qu’il y avait une grosse équipe"
Qu’est-ce qui a fait pencher la balance de ce côté-là ? Tu disais que t’avais plusieurs offres : qu’est-ce qui a fait que tu as choisi le CT Clermont ?
Déjà, c’est qu’il m’a laissé du temps, parce que les autres équipes avaient vraiment besoin d’une deadline. La plupart, c’était début septembre, mi-septembre, parce qu’il fallait qu’ils puissent former leur équipe, ce qui est complètement compréhensible.
Donc la première chose, c’était le temps. La deuxième, c’est qu’il y avait aussi un, on va dire, projet sportif : je savais qu’il y avait une grosse équipe, potentiellement. Ça faisait des années qu’ils essayaient d’aller en finale et ils n’y arrivaient pas, ils avaient toujours un peu le coup du sort, des joueurs qui n’étaient plus disponibles finalement au dernier moment. Et je connaissais aussi le recrutement qu’ils avaient fait avec Ugo Blanchet, qui rejouait notamment, et avec qui je m’entends très bien. Donc voilà, c’est un peu tout ça, en me disant qu’il allait y avoir quand même quelques joueurs que je connaissais bien et avec qui je m’entends bien, et puis aussi la possibilité de jouer vraiment pour essayer d’aller en finale. Et comme j’ai dit tout à l’heure, c’est le fait d’avoir pu donner ma réponse vraiment à la dernière minute.
"J’avoue que je suis arrivé avec certains a priori, et au final j’ai été assez surpris"
Donc tu avais un petit peu de garanties, il y avait Ugo Blanchet, Kyrian Jacquet, il y a beaucoup d’étrangers autour de vous… Raconte-nous un peu le fonctionnement : comment ça se passe ? Est-ce que c’est difficile de construire une équipe, de construire un groupe ?
C’est vrai que Clermont a été habitué à jouer avec pas mal d’étrangers. Donc cette année, ils ont justement changé de tactique. Ils ont recruté des Français, à savoir trois. Maintenant, c’est vraiment leur nouvelle – pas directive, mais un peu ligne directrice, on va dire : se baser sur des joueurs français. Évidemment, on ne peut pas le faire en un an, parce qu’on est limité à deux nouveaux joueurs par rencontre. Maintenant, c’est vrai que les joueurs étrangers qu’ils avaient, ce n’étaient pas forcément des joueurs que je connaissais très bien. Donc j’appréhendais un peu de les découvrir, j’avoue que je suis arrivé avec certains a priori, et au final j’ai été assez surpris. Au final, les joueurs, ça fait pas mal d’années qu’ils jouent là-bas, donc entre eux ils se connaissaient bien. C’est vrai que moi, sur le circuit, je n’étais pas forcément habitué à les voir ni à passer du temps avec eux.
Et au final, la campagne fait que tu vas manger au resto toujours ensemble, tu sors ensemble, tu supportes les autres. Et donc franchement, c’est un groupe qui vit bien.
Même nos étrangers qui n’ont pas pu jouer, par exemple Dzumhur, qui a joué les trois premiers matchs et qui ensuite est parti en vacances : il suivait les scores en direct, il nous envoyait des messages toute la journée. Je ne sais pas ce qu’il a fait de ses vacances du coup, mais voilà, ils suivaient tout. Et donc, au final, ce sont des étrangers qui sont, je trouve, assez investis pour le club, qui ont su, comme je disais avant, répondre présents quand on avait besoin d’eux. En tout cas, sur cette année, c’est un bon équilibre entre des nouveaux joueurs et des anciens, je trouve. Et je pense aussi que, pour les bénévoles, enfin pour les dirigeants et les bénévoles du club, qui voyagent aussi avec nous, même sur les rencontres à l’extérieur, c’est un peu plus léger aussi, je pense, comme ambiance, puisqu’ils peuvent parler français tout le temps avec nous. Les étrangers sont peut-être un peu mieux… comment dire… un peu mieux intégrés dans l’équipe, je pense. Et de ce qu’ils nous disent en tout cas, c’est que l’ambiance n’a jamais été aussi bonne. Je trouve qu’on a construit un groupe sympa cette année.
"Je ne dirais pas qu’on est aussi potes que les gars de Boulogne-sur-Mer, mais..."
Franck Paque, de Boulogne-sur-Mer, nous racontait que son équipe, pour lui, c’était une bande de potes, qu’il sentait la ferveur aussi du club. Et finalement, toi, tu nous dis un peu la même chose : c’est aussi ce sentiment de groupe de potes avec une ferveur populaire autour ?
C’est sûr que ce n’est pas forcément comparable avec Boulogne-sur-Mer, puisque eux, depuis l’année dernière, ont construit une équipe vraiment 100 % de Français. Donc évidemment, c’est encore plus facile, je pense ; il n’y a pas cette barrière de la langue, etc. Maintenant, comme je l’ai dit, pour Clermont, c’est la première année qu’ils recrutent vraiment des Français. Donc je trouve que, par rapport à ça, ça reste très bien comme ambiance. On a passé deux semaines tous ensemble, ça rapproche. Alors on n’est pas, c’est sûr, les meilleurs amis du monde, puisqu’on ne se connaît pas depuis si longtemps que ça, en tout cas personnellement.
Mais moi, je trouve que pendant les rencontres, plus on avançait dans la campagne, plus l’ambiance était bonne. On a tous fêté ensemble aussi la première place. Il y a une très bonne ambiance. Je ne dirais pas qu’on est aussi potes que les gars de Boulogne-sur-Mer, puisque ça fait depuis qu’ils ont 15 ans qu’ils se connaissent, mais c’est vraiment une très bonne ambiance. Et puis voilà, je trouve que c’est aussi… Et ça, tout le monde en est conscient, les étrangers aussi : ça fait pas mal d’années qu’ils jouent pour Clermont. Ils sont conscients que, justement, le travail des bénévoles est récompensé pour une fois, puisque eux, leur rêve, c’était aussi d’aller en finale une fois. Et ça, ça fait plaisir à tout le monde. Ils sont conscients qu’ils voient depuis des années qu’on essaie de les mettre dans les meilleures conditions pour jouer. Tout est extrêmement simple, tout est extrêmement facile, tout est très bien géré. Donc voilà, je trouve qu’on a quand même créé quelque chose de sympa.
"Le tennis, c’est un gros sport d’égoïste. Mais moi, j’ai toujours adoré jouer en équipe"
Le tennis, c’est un sport forcément individuel, on peut même dire égoïste : on doit penser à soi en premier pour performer. Mais, comment tu places un titre de champion de France par équipes dans ta carrière, dans ce que tu as accompli ? Où tu placerais ça ?
Je le placerais… Ce serait un très beau moment. Comme tu l’as dit, effectivement, le tennis, c’est un gros sport d’égoïste.
Mais moi, j’ai toujours adoré jouer en équipe, j’adore jouer en double déjà, donc il faut aussi apprendre à partager des moments, à partager des victoires aussi ; parfois, on ne prend pas forcément toute la lumière. Moi, ça m’a toujours tenu à cœur. Quand je jouais à Strasbourg, etc., c’était toujours des moments extraordinaires, puisqu’en fait on arrive sur la fin d’année, on est fatigués, l’année a été longue, et c’est beaucoup plus léger, beaucoup plus cool comme ambiance, comme atmosphère. Ça permet aussi de rester actif et de continuer à faire des matchs.
Et puis surtout, ça permet de partager des moments, ce qui est très rare : quand on gagne un simple, il peut arriver qu’on soit vraiment tout seul pour dîner, et donc ça, c’est un petit peu glauque, je trouve. C’est un aspect du tennis. Maintenant, c’est sûr que je ne le placerai pas comme le meilleur moment de ma vie, puisque ça reste un sport individuel et que c’est quand même plus sympa de gagner des super matchs ou des tournois sur des grands courts. Mais par contre, je le mettrais quand même à une place assez haute, parce que quand on gagne une compétition comme celle-ci, on peut vraiment partager des moments qu’on ne vivrait pas si jamais on était tout seul. Je ne sais pas, je n’ai pas encore eu l’expérience de gagner une finale de Pro A. J’espère que samedi, le club arrivera à gagner. Mais en tout cas, je pense que ça serait un super moment, ça c’est sûr.
"Certains critiquent et disent que ce sont des joueurs juste payés et qui s’en foutent, mais..."
Pour conclure, dis-nous un peu comment tu sens la finale. On entend parler un peu des équipes ; on le sait, en interclubs, malheureusement, c’est difficile pour tout le monde de mettre sa meilleure équipe, avec ceux qui ont besoin de vacances, qui sont blessés… Donne-nous un peu ton ressenti avant la finale : comment tu vois la rencontre ?
Comme tu l’as dit, on ne sait pas vraiment qui sera là. C’est sûr qu’on arrive sur une fin de saison. En plus de ça, par rapport à l’année dernière, ça a été décalé d’une semaine, un peu plus tard. Donc les joueurs ont besoin de vacances, puisque dans un peu plus de trois semaines, il faut déjà repartir en Australie, juste après les fêtes, si ce n’est avant pour certains. Donc à un moment donné, si certains ne coupent pas maintenant, ils ne pourraient jamais couper. Donc il va falloir voir, dans un premier temps, les forces en présence des deux côtés. Maintenant, ce qui est sûr, c’est que je m’attends à ce qu’il y ait une super ambiance.
J’ai déjà vu passer des posts : je sais qu’à Boulogne-sur-Mer, ils vont affréter un bus. Voilà, ça va être une belle fête, je pense. Du côté de Clermont, je sais qu’ils sont en train de se débrouiller pour essayer de faire venir du monde, etc. Moi, j’espère en tout cas que, dans un premier temps, ce sera une super fête, une fête du tennis, parce qu’en fait je trouve que les matchs par équipes, c’est aussi un moyen de promouvoir le tennis en France. Je sais que certains critiquent et disent que ce sont des joueurs juste payés et qui s’en foutent, mais ce n’est pas forcément le cas. Moi, je trouve que justement, ce que font les clubs à travers Clermont, à travers Boulogne-sur-Mer avec Franck, etc., c’est qu’en fait ils donnent aussi la possibilité aux joueurs de se montrer en France, de gagner de l’argent – mais ça fait partie du jeu, et puis on sait que, sur certains classements, ça reste quand même très compliqué d’en gagner autant sur une petite période. Je trouve que les matchs par équipes, c’est un excellent moyen pour tout le monde de briller, que ce soit les clubs, les joueurs ou le tennis français tout court. Donc voilà, j’espère que l’ambiance sera au rendez-vous. J’espère que la rencontre se passera bien humainement parlant aussi – je n’ai pas trop de doutes là-dessus – et que les prestations sur le terrain seront belles, et que le meilleur gagne.
Classement Poule B
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CLUB TENNIS CLERMONTOIS — 13 pts
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TENNIS CLUB MARIGNANAIS — 12 pts
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VILLA PRIMROSE — 10 pts
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TC LOON-PLAGE — 10 pts
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THIONVILLE MOSELLE — 9 pts
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BLANC-MESNIL — 6 pts
RESULTATS PRO A
JOUR 1 — Samedi 15 novembre
Poule A
-
TC Boulogne - TC Quimperlé : 4-2
-
Annecy-le-Vieux TC - Saint-Amand : 4-2
-
TC Boulogne-Billancourt - TC Bressuire : 5-1
Poule B
-
Thionville Moselle - Villa Primrose : 5-1
-
Blanc-Mesnil - Marignane : 2-4
-
TC Loon Plage - CT Clermontois : 3-3
JOUR 2 — Mercredi 19 novembre
Poule A
-
TC Bressuire* vs TC Quimperlé : 4-2
-
TC Boulogne-Billancourt* vs Saint-Amand Tennis Club PH : 6-0
-
Annecy-le-Vieux TC* vs TC Boulogne : 4-2
Poule B
-
CT Clermontois* vs Villa Primrose : 4-2
-
TC Loon Plage* vs Blanc-Mesnil ST : 3-3
-
TC Marignane* vs Thionville Moselle : 4-2
JOUR 3 — Samedi 22 novembre
Poule A
-
TC Quimperlé* vs TC Boulogne-Billancourt : 3-3
-
Annecy-le-Vieux TC* vs TC Bressuire : 4-2
-
Saint-Amand Tennis Club PH* vs TC Boulogne : 1-5
Poule B
-
Villa Primrose* vs TC Loon Plage : 3-3
-
TC Marignane* vs CT Clermontois : 3-3
-
Blanc-Mesnil ST* vs Thionville Moselle : 2-4
JOUR 4 — Mercredi 26 novembre
Poule A
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TC Quimperlé - Annecy-le-Vieux TC : 2-4
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TC Boulogne - TC Boulogne-Billancourt : 4-2
-
Saint-Amand Tennis Club - TC Bressuire : 6-0
Poule B
-
Villa Primrose - TC Marignane : 6-0
-
Thionville Moselle - TC Loon Plage : 2-4
-
Blanc-Mesnil ST - CT Clermontois : 1-5
JOUR 5 — Samedi 29 novembre
Poule A
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TC Quimperlé - Saint-Amand Tennis : 3-3
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TC Boulogne-Billancourt- Annecy-le-Vieux : 4-2
-
TC Bressuire - TC Boulogne/Mer : 1-5
Poule B
-
Villa Primrose - Blanc-Mesnil ST : 6-0
-
TC Marignane - TC Loon Plage : 5-1
-
CT Clermontois - Thionville Moselle : 5-1
Publié le par Alexandre HERCHEUX