Tennis Actu: Actualités, matchs, direct, résultats...
+
A LA UNE

L'Entretien Clément Chidekh : "Ma plus grande leçon a été aux US"

Interview
Mis à jour le par Alexandre HERCHEUX

En septembre 2021, Tennis Actu échangeait pour la première fois avec Clément Chidekh. Etudiant en mathématiques aux Etats-Unis, à l'Université de Washington, l'Arlésien s'était révélé avec un quart de Challenger à Cassis avant de faire un 2e tour dans la foulée à Rennes. Deux ans et demi plus tard, après avoir terminé ses études et vécu sa première blessure sérieuse en 2023, le Français a franchi de nouveaux caps. Début février, il a retrouvé de la confiance en remportant le 15 000 dollars de Grenoble. En feu, il a ensuite décroché sa première demi-finale en Challenger avant de s'adjuger le titre deux jours plus tard à Glasgow. Sur sa lancée, Chidekh a conclu ces trois semaines folles avec une demi-finale à Pau. Désormais 322e mondial, le joueur de 22 ans peut viser plus haut. Pourquoi pas les qualifs de Grand Chelem dès cette année ? Pour Tennis Actu, le Provençal, désormais basé à Marseille, est revenu sur son superbe enchaînement lors des trois dernières semaines mais aussi son expérience américaine. L'ENTRETIEN avec Clément Chidekh

Clément Chidekh avec Tennis Actu, deux ans et demi après !

 

"Je n’avais jamais fait de demi-finale en Chall et j’en fais deux en deux semaines. Je ne m’attendais pas à des résultats aussi importants en si peu de temps"

Clément, tu sors d’un rush de dingue : un titre en 15 000, un premier sacre en Challenger à Glasgow et ensuite une demi-finale à Pau… Raconte-nous ces dernières semaines un peu folles.

Des résultats pas attendus car je n’avais pas pu enchaîner beaucoup de matchs en début de saison. Je jouais de malchance avec des défaites serrées. Je n’avais pas pu enchaîner mais je sentais que j’avais fait du bon travail avec Lionel, Martin et Ralphi (ses coachs, Lionel Zimbler, Martin Vaisse et son préparateur physique Ralphi Boghossian). A Grenoble, c’était l’opportunité d’enchaîner. J’ai essayé d’appliquer ma philosophie de jeu et de répéter. J’ai enchaîné des victoires avec des scénarios qui n’étaient pas forcément en ma faveur. Je suis arrivé à Glasgow le soir même de ma victoire à Grenoble. Ça permet de vite se projeter. Je le referai. Il a fallu s’adapter vite. L’an passé, je n’ai pas fait une grande saison en Challenger. Ça me tenait à cœur de faire mieux. J’ai gardé mon état d’esprit en mettant en place mes armes. J’ai beaucoup appris. La troisième semaine à Pau, je voulais bien jouer car le tournoi est sponsorisé par mon partenaire. J’ai profité d’une bonne opportunité dans le tableau pour faire des matchs solides et prendre ma revanche sur Titouan (Droguet). On a produit un bon match et j’ai eu la chance de m’en sortir. Je suis incroyablement content. Je n’avais jamais fait de demi-finale en Chall et j’en fais deux en deux semaines. Je ne m’attendais pas à des résultats aussi importants en si peu de temps. Je bosse les bonnes choses et je dois continuer et en vouloir plus pour la suite.

 

Au classement, tu avais glissé parce que tu avais eu des bons résultats début 2023, tu te retrouvais au-delà du Top 500, c’est cette chute qui t’a motivé ?

Non pas vraiment. J’arrive à me détacher du classement. Mon objectif, c’est de rester en bonne santé sur 12 mois. Si je suis en bonne santé, je pense que le classement va venir. Je ne m’en préoccupe pas. En début de saison, il y a une légère pression quand même. On compare quand même quand on a déjà bien joué à un endroit et qu’on y revient. Ça peut affecter le mental. J’ai eu une bonne approche malgré la défense des points. Mon tennis s’exprime mieux en dur indoor, donc je pensais pouvoir briller sur cette surface.

 

"Aux USA, j’ai pu mettre le tennis au centre de mon projet, de comprendre les sacrifices à faire"

Tennis Actu t’avait rencontré en 2021. Tu t’étais illustré en gagnant un 25 000 dollars puis en allant en quarts à Cassis et en passant un tour à Rennes. Que s’est-il passé pour toi depuis ? Tu as fini tes études aux USA ?

C’est une longue période (sourire). Je suis rentré pour aider mon équipe à pouvoir jouer le championnat NCAA (Championnat universitaire américain). J’avais aussi envie de bien représenter l’université. J’étais content d'aider mon université à faire ça. Les bons résultats me rendent encore plus affamés pour l’appliquer. C’est comme ça que je suis rentré aux USA. J’ai eu un moment compliqué car je me sentais moins bien dans ma vie en général. C’était vraiment personnel. Je n’étais pas là où j’avais en vie d’être, j’avais l’impression d’être en retard sur ce que je voulais. Je voulais évoluer mais je ne savais pas comment. Ça a été une période de remise en question importante. Ça se sent vite sur un sportif. La santé mentale compte beaucoup. Ça m’a affecté à ce moment. La deuxième partie de 2022 n’a pas été évidente mais j’ai réussi à me remettre sur pattes fin 2022 pour bien commencer en 2023. Le fait d’arriver dans une nouvelle ville avec un nouveau groupe (avec Lionel Zimbler à Marseille), c’est ce dont j’avais besoin pour évoluer. L’an passé, j’ai tiré pas mal de leçons de mon année. J’ai pu évoluer et être beaucoup mieux dans ma peau. Si on n’est pas bien en dehors du court, c’est dur de l’être sur le court. On parle de santé physique mais la blessure mentale affecte tout autant le sportif. J’ai aussi vécu ma première longue blessure. Je n'ai pas pu jouer de fin avril à septembre. Ça m’a aidé, je suis reconnaissant d’avoir connu ça tôt dans ma carrière.

 

Que retiens-tu des Etats-Unis ?

C’était ma plus grande leçon. Arrivé en fin d’un cycle là-bas, j’ai pu trouver pas mal de solutions à mes problèmes. C’est surtout tennistiquement que j’ai appris quand même. J’ai augmenté pour la première fois ma charge de travail. J’ai pu mettre le tennis au centre de mon projet, de comprendre les sacrifices à faire, gérer son corps. Le fait d’avoir été capitaine de mon équipe et de jouer en tant que numéro 1, ça m’a donné un sens des responsabilités que je n’avais pas avant. On n’apprend pas ça plus tôt. J’avais le principe de base mais j’ai appris aux Etats-Unis. Ça me motivait pour m’entraîner tous les jours. Et aussi, le format de jeu, les six matchs en même temps, pas d’échauffement, ça aide pour la concentration et la gestion du stress. C’est du surentraînement pour ça et on est prêt pour les Futures et Challengers.

Publié le par Alexandre HERCHEUX

Vous avez aimé cet article, partagez le ! 

A la Une