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Gilles Cervara et Medvedev : "Je ne fais pas ça pour un trophée"

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Publié le par Alexandre HERCHEUX

Daniil Medvedev fait partie des cadors du circuit. Plus personne n'en doute. Depuis son fantastique été 2019, le Russe a changé de dimension puis a confirmé cette année en remportant le Rolex Paris Masters, le Masters de Londres et en finissant la saison 4e mondial. Mais cette réussite, Daniil la doit en partie au remarquable travail de son coach, Gilles Cervara. Le Français de 39 ans est l'entraîneur du Russe depuis l'été 2017 et l'a aidé à passer du top 60 au top 5. Un excellent travail reconnu en 2019 lorsque Gilles Cervara a été élu par ses pairs entraîneur de l'année. Pour Tennis Actu, le coach français a accepté de revenir sur l'année 2020 de son protégé mais aussi de nous parler de ses méthodes et de sa vision de la profession. Très intéressant !

Gilles Cervara au micro de Tennis Actu

 

"Le niveau mental de Daniil était au niveau du reste lors des derniers tournois"

Gilles, vous préparez déjà la saison 2021 avec Daniil, si on regarde un petit peu en arrière, comment jugez-vous sa saison 2020 ? 

Elle a été un peu tronquée par l’arrêt dû au Covid. Je trouve que la saison avait bien commencé avec l’Australie, ATP Cup et Open d’Australie, même s’il y a la défaite contre Stan Wawrinka (Ndlr 6-2, 2-6, 4-6, 7-6(2), 6-2 en huitième de finale). Justement, j’ai trouvé que cette défaite, contre un des joueurs qui a été au top, qui a une expérience, une maturité, était un match qui pouvait faire progresser Daniil contre les meilleurs. Wawrinka a vraiment fait un gros match et il a manqué à Daniil quelques nuances dans son jeu, un peu d'audace à un certain moment quand le match penchait en faveur de Wawrinka. Ensuite, il y a eu un petit creux avec l’indoor. Même si j’estime que Daniil n’était pas moins bon mais son niveau mental n’était pas à la hauteur de son tennis selon moi. Mis à part l’US Open et les deux derniers tournois qu’il a gagnés, je dirais que ses autres défaites sur dur étaient dues à un niveau mental pas au niveau du reste. C’est ça que j’ai trouvé très fort lors des derniers tournois car son niveau mental était au niveau du reste.

 

"On s’entraîne dans l'optique de remporter un Grand Chelem"

Cette année, Daniil a joué 2 matchs sur terre et a chuté 2 fois. Qu’est ce qui fait qu'il a plus de difficultés ? C’est un souci d’adaptation ou c'est mental ?

C’est un tout. Cette année, on a fait 2 jours d’entraînement entre l’US et le premier tournoi qu’il a joué. La période de l’année a fait que la balle était plus lourde, ça demandait d’autres qualités physiques et Daniil aurait eu besoin de temps pour se préparer. Il y a vraiment un ensemble de paramètres qui joue. On espère faire progresser ça dans les années suivantes et il a déjà montré, si les conditions sont favorables, qu'il peut bien jouer sur terre battue.

 

Comment ça se passera pour Daniil au niveau des entraînements en 2021. Il ne va plus s’entraîner à l’Elite Tennis Center ?

Alors, ça fait 3 ans que j’entraîne Daniil. Le centre Elite Tennis Centre je l’ai co-créé et co-managé avec Jean-René Lisnard. L’histoire entre le centre et moi est terminée. C’était le moment d’arrêter pour différentes raisons. Quand j’ai arrêté avec le centre, on a donc décidé d’aller ailleurs. Il n’y a rien qui change pour Daniil. L’équipe est la même, c’est juste le lieu qui change. Ça fait presque 3 mois qu’il a changé.

 

En 2021, l’objectif sera un premier titre du Grand Chelem ?

On s’entraîne dans cet optique-là. Que ce soit en 2021 ou après, l’organisation de notre travail est pointée pour permettre de gagner ce genre de tournois et battre les meilleurs mondiaux. Je le pense capable mais je ne peux pas prédire. On y travaille mais on ne peut pas le prédire.

 

 

"Il faut se calibrer pour permettre au joueur d’être dans des conditions parfaites de performances et développer son potentiel"

Vous êtes un jeune coach, qu’est ce qui a fait que vous avez eu envie de vous orienter vers cette voie ?

Une flamme intérieure, tout le parcours que j'ai vécu en tant que joueur et tous les obstacles rencontrés m'ont semblé être des outils utiles et performants pour les joueurs que je pouvais accompagner. Sans doute que ça correspondait à ma personnalité.

 

Quel type d’entraîneur êtes-vous ? Comment vous vous définiriez en tant que coach ?

Bonne question… Ce n’est pas facile…Je pense être un entraîneur qui cherche à révéler le potentiel de réussite de chaque joueur en me calibrant au profil du joueur entraîné grâce à ce que j'ai rencontré urant mon parcours. Ça ne veut pas dire que je n’impose pas les choses car évidemment parfois c'est indispensable. C’est difficile d’imposer des choses à des gens intelligents qui se les imposent déjà et qui jouent à un haut-niveau. Il faut se calibrer pour permettre à chaque joueur d’être dans des conditions optimales de performances et développer son potentiel.

 

Qu’est ce qui fait que votre relation avec Daniil fonctionne aussi bien ?

Je pense vraiment que c’est ce que je viens de dire. J’arrive à me connecter à la personnalité et au profil du joueur pour optimiser la relation et la qualité de travail. Et cela permet que l'on se sente bien pour travailler ensemble. Pour le travail mais aussi dans la vie.

 

 

"J’aime vouloir faire réussir les autres"

Vous êtes coach de l’année en 2019. Cette année vous êtes encore nominé. J’imagine que c’est une belle fierté pour vous et surtout une belle reconnaissance

C’est vrai que c’est une fierté et une belle reconnaissance de tout ce que j’ai pu faire. Ce serait un exploit de l’avoir deux fois de suite. Je pense que d’autres entraîneurs ont plus de chance de l’avoir. Effectivement, c’est une belle reconnaissance du travail que l’on peut faire avec Daniil et toute son équipe. Je le dis avec beaucoup d’humilité et de joie simple. Avoir la chance d’être récompensé pour le travail que l’on effectue, c’est quelque chose qui me rend très très heureux.

 

Est-ce qu’après cette récompense en 2019, les choses ont changé pour vous ?

Vis-à-vis des autres ?

 

Vis-à-vis des autres mais aussi dans votre esprit ?

Moi non parce que je ne fais pas tout ça pour un trophée. Même si je suis très heureux. Mon enthousiasme et mon implication dans le travail sont les mêmes et resteront les mêmes parce que j’aime ça, j’aime vouloir faire réussir les autres avec ma vision de l’entraînement et ce que j’estime pouvoir faire. Vis-à-vis des autres, je ne pense pas non plus, ça fait 4 ans que je suis sur le circuit. J’ai toujours ressenti de la sympathie et de la reconnaissance du travail fait avec Daniil chez les autres entraîneurs. C’est très difficile à expliquer mais j’ai toujours ressenti ça même quand je suis arrivé. Lors de premiers tournois ATP, je me suis senti respecté pour le travail fait.

 

Vous craigniez d’être pris de haut ?

Non parce que j’ai une personnalité qui fait que j’aime affronter des obstacles et m’en servir pour la suite. Si j’ai pu ressentir le fait qu’on pouvait me prendre de haut, je me suis dit que je n’en avais rien à foutre, que je vais faire mon boulot et qu’il n’y a que la qualité de mon travail qui parlera pour moi. Les entraineurs que j’ai croisés ont toujours souhaité transmettre, m’apprendre des choses et vraiment de manière bienveillante donc c’est super.  

Publié le par Alexandre HERCHEUX

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