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Ugo Blanchet, 195e : "À 22 ans, 900e... il fallait changer "

Le Mag
Publié le par Alexandre HERCHEUX

Ugo Blanchet est l'une des belles histoires de cette année 2023. Le 31 juillet, le jeune joueur de 24 ans était 357e mondial. Cette semaine, le voilà 195e à l'ATP et assuré de disputer les qualifications du prochain Open d'Australie. Les qualifs de Roland-Garros et Wimbledon pourraient suivre. Que s'est-il passé entre le mois d'août et cette semaine ?

Le Mag Tennis Actu avec Ugo Blanchet, 195e mondial à 24 ans

Le natif de Saint-Julien-en-Genevois, qui s'entraîne à All In Academy et qui est coaché par Olivier Coyras, a atteint la finale du 25 000 dollars de Monastir avant d'éblouir au Challenger de Malaga. Sorti des qualifs, Blanchet a enchaîné les victoires puis s'est offert son premier titre en Challenger. La semaine suivante, il a dompté Alexandre Müller, 85e mondial à ce moment. Sa plus belle victoire. Son premier sacre en Challenger, la All In Academy, son amitié avec Kyrian Jacquet, l'Australie, son rêve à Roland-Garros... Ugo Blanchet a évoqué tous ces sujets au micro de Tennis Actu

 

 

"J’avais un peu accepté l’idée que l’Australie ne serait pas possible..."

Ugo, tu as crevé l’écran depuis septembre avec un titre en 25 000 dollars mais surtout ton premier sacre en Challenger à Malaga en sortant des qualifs, ta plus belle victoire en carrière contre Alex Muller, 85e mondial, la semaine passée à Olbia. Raconte-nous un peu ce mois de folie.

D’abord, j’ai repris en Challenger après quelques jours de vacances. Ensuite, je fais une belle semaine en Future avec une défaite en finale contre Robin Bertrand. À Saint-Tropez, je perds en deux sets accrochés contre Arthur Cazaux mais je sens que je ne suis pas loin. Je me suis entraîné deux semaines à la All In dans la foulée. On est parti à Malaga. D’entrée, je me sens bien, je gagne des matches et j’y crois petit à petit. Le titre, super content mais il me manquait encore des points pour l’Australie. Je suis allé à Olbia ensuite parce que la pression n’est pas retombée et je voulais aller en Australie. Premier tour difficile et après je fais un super match contre Alex Müller pour valider l’Australie. C’était vraiment top ces 10 derniers jours.

 

Le 31 juillet, tu étais encore 357e, tu imaginais craquer le Top 200 avant la fin de la saison ?

Je savais que c’était possible mais j’avais un peu accepté l’idée que l’Australie ne serait pas possible. J’étais plutôt parti pour me qualifier pour les qualifs de Roland.

 

Tu as 24 ans. Comment expliques-tu cette explosion maintenant ?

Forcément, il y a un peu de réussite. C’est aussi le travail depuis deux ans, je travaille plus sérieusement. Je sentais que j’avais le niveau pour battre ceux que j’ai battu ensuite. Il me manquait des détails. Un peu de réussite à Malaga mais de bons résultats qui confirment ce que je pensais depuis un an.

 

 

"Quand j’ai eu 22 ans, je devais être 900e mondial. Je me disais que je n’avais pas trop d’avenir..."

Qu’est-ce que tu appelles « travailler plus sérieusement » ? Un changement de mentalité, un changement d’habitudes ?

Quand j’ai eu 22 ans, je devais être 900e mondial. Je me disais que je n’avais pas trop d’avenir. Je ne maintenais pas mes efforts sur la durée. Il fallait changer de mentalité. Quand c’est dur, faire les efforts et être tout simplement pro. Ça a mis du temps à se mettre en place. À 23 ans, même réflexion. Ça fait deux ans où mon niveau d’exigence est plus proche d’un niveau pro.

 

Tu avais déjà pensé à une autre voie, un plan B ?

Il y a plein de moments où je me suis posé des questions. Une fois, à la fin de la saison. Je considère la fin de la saison en année scolaire. Donc fin août, j’étais toujours 900 et je suis allé voir mes parents. Ce sont eux qui me finançaient. Je leur ai expliqué que je faisais plus d’efforts mais que mon classement stagnait. Autant que tout le monde garde son argent. Surtout que j’avais mon petit frère aussi. Vis-à-vis de mes parents et de mon frère, je me sentais redevable et pas vraiment fiable. Ils m’ont dit qu’ils trouvaient ça dommage et que l’aspect financier n’était pas un sujet. Ils ne voyaient pas de raison d’arrêter et ça m’a fait du bien.

 

C’est ce noyau familial qui t’a fait rebondir ?

Oui oui, je me posais des questions. J’adore cette vie-là mais je n’étais pas autonome financièrement. Je me disais que mes parents arrivent sur la cinquantaine, autant qu’ils profitent de leur argent plutôt que pour mon tennis.

 

J’imagine que tu respires un peu financièrement et que tu peux être plus autonome.

Oui oui ! Déjà, depuis l’an passé, mes parents m’aident pour mon appart et mes courses, mais le tennis, c’est moi qui gère avec des mécènes et des aides. Là, je n’aurais plus besoin d’eux donc c’est quand même sympa.

 

Cette pression financière, elle posait problème sur le court ?

Non non… Mes parents étaient toujours derrière moi et donc sur le terrain, je n’ai jamais senti cette pression. Après, on arrive à un certain âge. Les amis gagnent de l’argent, sont autonomes, partent en vacances… Je pense que ça me travaillait un peu.

 

 

"Il y a eu la All In à Lyon, je me suis dit que c’était l’occasion de « me bouger le cul »"

On imagine que la All In Academy a joué un grand rôle aussi dans ta progression ?

Evidemment ! Ça fait plus de quatre ans que je suis à la All In. Avant, j’étais moitié Ligue et moitié FCL Tennis. Ça se passait très bien mais je sentais que j’arrivais à la fin d’un cycle. Il y a eu la All In à Lyon, je me suis dit que c’était l’occasion de « me bouger le cul ». D’entrée, dans mon investissement mental et physique, j’étais plus pro. Au fur et à mesure des années, je me suis encore plus professionnalisé. Ça fait deux ans que je suis avec Olivier Coyras. J’ai de bons résultats. Je pars accompagné alors qu’avant, je partais seul. Ça m’a aidé.

 

On a vu Kyrian Jacquet remporter son premier challenger à Olbia. Le gang des Lyonnais se tire vers le haut ?

Oui oui carrément. Depuis juin, il s’entraîne avec nous. Le résultat que j’ai eu, Kyrian a une part de responsabilité. Il a amené de la constance et de l’exigence dans les entraînements. Si je me relâche avec Kyrian, je perds les séries.

 

Kyrian est un peu derrière au classement mais assez proche. Vous allez vivre de belles étapes. C’est une chance pour vous de pouvoir échanger et partager vos expériences.

Oui oui. On est très proche en termes de classement. J’espère qu’on va continuer tous les deux de progresser et monter au classement. J’espère qu’on va continuer à avoir une dynamique positive.

 

 

"Jouer un match sur le Lenglen ou le Chatrier avec un public en fusion. Vivre des émotions de fou contre un bon joueur à Roland-Garros. Sentir la foule derrière moi"

Aujourd’hui, tu es 195e mondial. Tu vas entrer dans le cut de l’Open d’Australie. Ça représente quoi pour toi qui n’a jamais joué un match en Grand Chelem jusqu’à maintenant ?

C’est une petite consécration. Pour moi, le rêve a toujours été de jouer les Grands Chelems. Je sais que l’Australie est quasi sûre. Derrière, je n’ai que 15 points à sauver en première partie d’année donc je devrais aussi jouer Roland-Garros et Wimbledon sauf catastrophe. Ça fait super plaisir. Ça récompense les efforts faits depuis petit. Ça fait aussi plaisir pour ceux qui soutiennent. Même si ce n’est que le début, au moins, j’aurais joué trois qualifs de Grand Chelem donc merci à vous de m’avoir soutenu.

 

Roland-Garros, ça peut être magique. Avec tes proches présents, ça sera sûrement un beau souvenir.

Je n’y pense pas encore mais je sais que ce sera super sympa. Ça motive pour s’entraîner et faire la prépa foncière.

 

Quelles vont être les ambitions désormais ?

Confirmer et montrer que ce n’était pas un coup de chance. Donc remporter un autre Challenger. Ensuite, en termes de classement, je n’ai rien en tête pour le moment. On ne va pas se mentir : le Top 100 et le tableau final en Grand Chelem peuvent être des objectifs à court-terme. On va se poser avec mes coachs pour qu’on puisse bien travailler ensemble.

 

Sur le circuit ATP, seulement 5 matchs disputés. On imagine que tu rêves de découvrir cet univers-là ?

Bien sûr mais ce qui me motive vraiment moi, c’est aller loin dans les semaines. Ça me parle plus d’aller loin. Parfois, en qualifs de gros tournois, j’avais du mal à me motiver. Il y aura beaucoup de Challengers pour monter au classement. J’ai besoin de sentir que je peux aller loin. J’étais plus motivé en Future en début d’année qu’en Challenger. C’était un peu plus facile d’aller en quarts que de devoir passer en qualifs de Challenger. Il fallait 7 victoires pour aller au bout donc ça affectait ma motivation. J’ai eu des discussions avec mon coach qui trouvait bien que je joue en Challenger. Et ensuite, Greg Barrère et Nico Copin m’ont fait comprendre l’intérêt de jouer en Challenger plutôt que les Futures, sans avoir peur de perdre mon classement. Dans la foulée, je gagne Malaga et ça se passe bien à Olbia.

 

En parlant de rêve, est-ce que tu en as en tant que joueur de tennis ? Découvrir un pays ou un accomplissement sur le circuit ?

Je n’ai jamais eu vraiment de rêve de classement ou de tournoi parce que je me sentais loin de tout ça. C’est plutôt de jouer un match sur le Lenglen ou le Chatrier avec un public en fusion. Vivre des émotions de fou contre un bon joueur à Roland-Garros. Sentir la foule derrière moi.

 

Ça pourrait arriver en 2024. Sorti de qualifs et gros tirage dans le tableau principal…

Carrément. Pour l’instant, c’est l’objectif. Si je le vis, je pourrai rêver d’autres choses. Aujourd’hui, je trouve plus accessible de pouvoir vivre un grand match sur un grand court à Roland.

Publié le par Alexandre HERCHEUX

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