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Caro Garcia : "On m'a moins pris la tête avec Roland"

Roland-Garros
Publié le par Alexandre HERCHEUX

Caroline Garcia a fait vibrer le peu de public présent à Roland-Garros et surtout tout le clan tricolore. Ce vendredi, la Lyonnaise a fait un joli numéro pour éteindre Elise Mertens, tête de série numéro 16. La Tricolore a livré un grand match dans lequel elle a dû s'accrocher jusqu'au bout. Une victoire en 3 sets après 2h15 de jeu, 1-6, 6-4, 7-5, après 6 balles de match manquées. Ce dimanche, la Lyonnaise aura un superbe huitième de finale à jouer contre Elina Svitolina. Tout le public français sera bien sûr derrière la Frenchie, même si seulement 1000 chanceux seront dans les tribunes. 

Roland-Garros -Caro Garcia avant son choc contre Svitolina

 

Retrouvez le Tableau Dames de Roland-Garros 2020 en cliquant ICI

 

"On m'a moins pris la tête depuis 2 mois en me disant : « Tu as Roland-Garros, comment tu te sens ?"

Et si le fait que Roland-Garros se déroule en septembre avait joué un grand rôle dans ce beau parcours de Caroline Garcia? La Lyonnaise le pense en tout cas. En conférence de presse, elle a expliqué qu'elle avait senti moins de pression ces derniers mois. Une grande différence par rapport aux années précédentes. "On a moins l'impression de sentir Roland-Garros, en tout cas, moi, on m'a moins pris la tête depuis 2 mois en me disant : « Tu as Roland-Garros, comment tu te sens ? ». D'habitude, cela commence 3 mois avant. Cette année, cela ne s’est pas passé et cela ne m'a pas manquée. Tu as moins le truc : « Tu as Roland-Garros », « Oui, je sais, merci", a-t-elle raconté. 

 

"C'est vraiment un match que j'ai vraiment envie de jouer"

Nul doute que les spectateurs seront au rendez-vous pour son affrontement contre Elina Svitolina en huitième de finale. Ce sera le e duel entre les deux femmes et pour l'instant, la Tricolore mène 3-1 et a remporté le seul affrontement sur terre battue. "On s’est jouée plusieurs fois, mais à chaque fois le scénario était très accroché. C'est plutôt une opposition de style. C'est vraiment un match que j'ai vraiment envie de jouer. À chaque fois, je prends du plaisir à jouer contre elle, parce que jusqu'au bout chaque point sera à l’arrache. C'est un huitième de finale de Grand Chelem en plus. À moi d'avoir confiance dans mon jeu, dans mon identité d'attaquante", a-t-elle confié. Après 2017, Caro pourrait bien regoûter aux quarts de Roland

 

 

Il y a eu des moments vraiment fabuleux, c'était un peu comme une couronne après la pluie.

Oui, le match a été de haute lutte, au deuxième et troisième set. Pouvoir vivre ce type de moment, c'est fabuleux, parce que pouvoir jouer à Roland-Garros, c'est fantastique. Avoir un peu de foule avec qui le partager, c'était vraiment spécial. Ils étaient en train de me soutenir. C'était un moment spécial.

 

Félicitations Caroline. Pouvez-vous nous parler de ce match, et notamment après le premier set Elise jouait bien ? Vous avez essayé de trouver votre rythme, comment avez-vous renversé les choses ?

Elle jouait du bon tennis, elle était sur tous les coups, elle les lâchait bien. On voyait qu'elle avait confiance en elle alors que moi, je n'étais pas vraiment dans le match mais je l'embêtais. Mes jambes étaient un peu lentes. Je lâchais un peu trop mes coups. Je ne savais pas si j'allais arriver à remonter mon niveau. Je voulais rester positive, me battre, pour arriver à un meilleur résultat. Point par point, j'ai réussi à améliorer les choses. Je pense que toutes deux, on a joué un bon tennis.

J'étais plus agressive sur mon coup droit, j'ai commencé à bien servir. Le fait de pouvoir gagner ce deuxième set a été important. Il y a eu quelques jeux d'importance et au troisième set, j'étais un peu stressée aux pires moments. Elle a foncé sur les balles de match alors que moi, j'étais plus prudente. C'est une vraie championne, elle se bat jusqu'à la fin.

 

Félicitations Caroline. Je crois que vous étiez arrivée en quarts de finale en 2017. Êtes-vous au même niveau maintenant ou à quel écart êtes-vous ?

C'est difficile à dire d’une année à l'autre, je crois avoir beaucoup appris dans l'intervalle. Par ailleurs, quand on est plus jeune, on réfléchit moins. On apprend. Les 2 situations ont leurs avantages. J'ai joué du bon tennis jusqu'à maintenant à Roland-Garros. Le scénario n'est pas toujours le meilleur, mais je me bats jusqu'à la fin, étape par étape. Je suis maintenant à la deuxième semaine. J'ai fait 3 bons matchs. Je suis curieuse de voir comment je vais jouer contre Svitolina, qui est une joueuse en confiance. Je ne sais pas si je suis à mon même niveau de l'époque, meilleur ou moins bon. Je suis la Caroline Garcia de 2020.

 

Gagner contre Kontaveit au premier tour, puis maintenant contre Mertens, c'est assez fantastique. Que pensez-vous avoir fait à Paris cette semaine pour arriver à des victoires aussi impressionnantes ?

Effectivement, depuis le début de l'année et depuis que l'on a repris, j'ai joué pas mal de matches. J'ai joué du bon tennis aux États-Unis. J'ai perdu contre Azarenka et Brady, qui sont de bonnes joueuses. Quand je suis revenue sur la terre battue, je n'étais pas au bon niveau, mais j'ai continué à travailler. Je pense que tout est possible. Je peux aussi être dangereuse avec mon coup droit et mon service. J'ai pas mal travaillé sur la terre battue avant l’US Swing. J'essaie aussi de profiter du moment, le court est fantastique, il est nouveau, cela amène de nouveau souvenir.

 

De toute évidence, il faut parler des balles de match. Qu'est-ce qui vous est passé par la tête quand vous avez perdu la première balle de match, la deuxième ? Ce sont des moments difficiles le fait de perdre des balles de match. À quoi avez-vous pensé ? Quel a été votre exercice mental à ce moment-là pour revenir dans le jeu, à finir le match ?

Oui, pour certaines balles de match, il y a des balles où j'aurais pu jouer mieux. Je n'ai pas assez forcé et d'autres où elle a foncé. Il faut rester dans le présent. Je me suis dit : « J'ai perdu cette balle, je vais faire mieux à la prochaine ». Je me suis battu point après point, quand j'étais à 5/4, 40-15, j'étais stressée. Soit vous attaquez trop, soit vous n'attaquez pas assez. Comme c'est une bonne joueuse, si je n'attaque pas assez, elle va y arriver. À 6/5, j'étais moins stressée et je me suis concentrée sur chaque point en me disant : « Qu'est-ce que je peux faire ? Qu’est-ce que j'aime faire ? », et en me disant qu’elle était aussi sous pression. Il n'était pas la peine de tenter des coups trop risqués. C'est une question d'équilibre. Parfois on n'y arrive, d'autrefois pas. Je vais voir ce que je vais améliorer.

 

Bravo ! Ce n'était pas « flying Caro » mais « fighting Caro » ! Cela devrait être un sentiment incroyable pour toi. Tu paraissais dans le brouillard très vite et tu t'es accrochée. Cela doit être un sentiment super de voir que ta volonté prend le dessus.

Le premier set était compliqué, elle a joué très juste. C'était très précis à chaque fois, c'était difficile d'anticiper. Je n'étais pas trop dedans physiquement. Mais après, j'avais l'impression qu'elle pouvait me laisser des opportunités, et que je pouvais faire mieux. En tout cas, j'avais envie de me battre jusqu'au bout avec les armes du jour, et peu à peu mon niveau de jeu s’est amélioré. J'arrivais à mieux lire tactiquement, c'était plus juste. Parfois j’ai réussi à renverser la tendance et à me concentrer un point après l'autre, faire de mieux en mieux, être plus agressive, profiter de ce moment et me battre jusqu'au bout. Parfois les scénarios changent vite.

 

Félicitations. En anglais, tu parlais de ta tournée américaine. Tu peux nous redire qu'est-ce qui t’a donné confiance sur ce deuxième début de saison ? Il y avait les graines de tes succès à Roland-Garros ?

Aux États-Unis, il y avait des matchs gagnés intéressants et des matchs aussi dans la défaite quand même intéressants contre des joueuses qui ont très bien enchaîné derrière. C'était frustrant parce que j'avais l'impression de faire mieux. J'ai pris le positif et j’ai réfléchi à ce que je pouvais améliorer. Après, on est rentré, on s’est posé et on a continué à travailler. Certes, il faut que mon niveau de fautes directes baisse, mais il faut que je garde mon agressivité et mon identité d’attaquante, qui a fait tellement de mal dans mon premier match et aujourd'hui. C'est un juste milieu à trouver.

Le travail avant l'US Open avait été intéressant, à l'entraînement cela se passait bien. Aux États-Unis, il y a eu des choses intéressantes, des choses que je n'arrivais plus trop à faire avant. Voilà, cela revient. Il y a des frappes de balle percutantes. C'est important pour mon jeu et pour aller loin dans les gros tournois.

 

Bonjour Caro, bravo. Tu as un beau record face à Elise 3-0 maintenant. Comment tu arrives à bien la manœuvrer, il y a des choses que tu as trouvées, sa bête noire ?

3-0, ce n'est pas non plus incroyable comme record. Quand je l'avais joué à Pékin, c'était serré, genre 7/5 7/5. Ici, c'est accroché. Ce n'était pas un match à sens unique. Cela ne se joue pas à grand-chose. C'est la première fois que l'on jouait sur terre battue. Il y a eu pas mal de choses tactiquement dans ce match. J'essaie de jouer avec ma qualité de balle, le fait que j'arrive à mettre plus de trajectoire. À la fin, j'ai réussi à me concentrer point par point pour ne pas lui montrer mes émotions négatives, et repartir tout de suite à la bataille. Et cela se joue à quelques points par-ci par-là. Et c'est moi qui ai réussi à être plus agressive.

 

Félicitations. À quel point ce genre de victoire dans la douleur face à une grande joueuse vous fait du bien en ce moment ?

Elle me fait du bien, comme mon premier match et mon deuxième match avec des scénarios différents. C'est vrai qu'il a fallu mettre plus de ressources mentales dans ce match. Un premier set compliqué. J'ai réussi à rester bien concentrée dans le présent et point par point, même si je ne sais pas si j'allais mieux jouer, mais au moins donner tout ce que j'avais. Quand tu sors du court et que tu as essayé le maximum avec tes capacités maximales du jour, c'est important. Donc voilà, cela montre que j'ai des ressources, que je peux me faire confiance et que j’ai des qualités dans mon jeu pour battre des joueuses qui sont top 20 et solides tout au long de l'année. C'est important pour continuer dans ce tournoi et d'autres tournois.

 

Je voulais te poser une question sur ton nouveau feeling avec le Central. C'est un court qui ne te plaisait pas jusque-là. On a l'impression que même avec la jauge, le public, c'est presque juste ce qu'il te faut, un peu d'intimité...

Quand je suis rentré sur le Central, j'ai tapé dessus jeudi avant le tournoi, j'avais l'impression de rentrer sur un court que je n'avais jamais vu, tellement il est différent, en plus le toit était fermé. Les années précédentes, il y avait des mauvais souvenirs qui revenaient de temps en temps. J’appréhendais souvent, même si j'avais fait beaucoup de travail dessus. Par le fait qu'il a tellement évolué, j'ai l'impression d'être sur un nouveau court. Je peux me créer de nouveaux souvenirs. En plus, les jauges, c'est différent. Cela donne un feeling différent. Du coup, je suis là, je profite de ces expériences que j'ai. En plus, c'est une chance de pouvoir jouer sur un court couvert. T’as pas l’attente, tu sais que tu vas jouer, c'est super important. C'est vrai que je suis contente à vrai dire de jouer sur le Central. J'ai une chance de pouvoir jouer dessus.

 

Je voulais savoir à quel point la magie de Roland-Garros opère même en automne.

C'est dur à dire. Je pense qu’elle est différente de d'habitude. On a moins l'impression de sentir Roland-Garros, en tout cas, moi, on m'a moins pris la tête depuis 2 mois en me disant : « Tu as Roland-Garros, comment tu te sens ? ». D'habitude, cela commence 3 mois avant. Cette année, cela ne s’est pas passé et cela ne m'a pas manquée. Tu as moins le truc : « Tu as Roland-Garros », « Oui, je sais, merci ».

Après quand tu es ici, c'est un Grand Chelem, c'est Roland-Garros. Tu as la chance de pouvoir y jouer, alors que l'on ne savait pas ce qui allait se passer. J'ai envie de profiter au maximum. Le public est peu nombreux mais à 100 % derrière moi, encore plus chaud et partisan que les années précédentes. Ce n'est que du bonheur pour moi. En plus, j'ai la chance de profiter des grands courts. Je suis pleine de gratitude, c'est une chance.

 

Tu nous expliquais que tu avais travaillé sur tes mauvais souvenirs, tu peux nous en dire plus sur ce travail. Qu’as-tu fais vraiment pour revenir ici avec une fraîcheur mentale nouvelle ?

C'est un peu un travail de tous les jours. On sait que le mental ou la tête, peu importe les mots que l'on veut employer, est toujours important notamment pour accepter des choses qui ne se passent pas bien. Des défaites, des points perdus, une balle de match ratée, cela ne veut pas dire que l'on a perdu le match, on peut continuer. Avec le confinement, on a eu plus de temps, j'étais moins stressée, cela m'a permis d'apprendre des choses sur moi-même et de travailler tranquillement et de ne pas changer ça, parce que dans 2 semaines on a un tournoi. J'ai pu travailler certaines choses, être plus calme et positive, voir les choses différemment. C'est des choses qui ont commencé à payer et qui peuvent encore s'améliorer et qui continueront à payer.

 

Prochain match contre Svitolina, c'est le cran au-dessus, mais vous l'avez battue à 3 reprises, comment vous voyez cette nouvelle rencontre ?

On s’est jouée plusieurs fois, mais à chaque fois le scénario était très accroché. C'est plutôt une opposition de style. C'est vraiment un match que j'ai vraiment envie de jouer. À chaque fois, je prends du plaisir à jouer contre elle, parce que jusqu'au bout chaque point sera à l’arrache. C'est un huitième de finale de Grand Chelem en plus. À moi d'avoir confiance dans mon jeu, dans mon identité d'attaquante.

Publié le par Alexandre HERCHEUX

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