Casper Ruud : "J'ai eu un peur peur en tombant..."
Roland-Garros
Entrée en matière parfaitement maîtrisée pour Casper Ruud, au premier tour de Roland-Garros. Le Norvégien n'a eu besoin que de trois sets pour se défaire d'Albert Ramos-Viñolas (6-3, 6-4, 6-2). Avec un quatrième dernier carré consécutif en ligne de mire, le 8e mondial va croiser la route de Nuno Borges, tombeur d'entrée de Kyrian Jacquet, au prochain tour. En conférence de presse après sa rencontre, Casper Ruud a notamment évoqué l'évolution de son jeu, et la conservation des juges de ligne à Paris.
Casper Ruud en conférence de presse après son premier tour
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"Au début de ma carrière, j'avais beaucoup de mal à trouver une façon de le battre"
Bravo. Qu’as-tu pensé de ton niveau aujourd'hui et du fait qu'Albert ait joué son dernier Roland-Garros ?
C'était plutôt un bon match. Cela fait plusieurs fois que je rencontre Albert. Au début de ma carrière, j'avais beaucoup de mal à trouver une façon de le battre. J'ai toujours plus de mal avec les gauchers. C'est un joueur qui a beaucoup d'expérience, qui joue d'une façon qui ne me mettait pas forcément en confiance. J'avais toujours à l'esprit que ce ne serait pas un match facile. Les deux dernières rencontres se sont passées en ma faveur. J'ai essayé de repenser aux meilleurs jours, de penser que ce serait l'un d'entre eux. Au final, c'était un assez bon match.
Il a montré un bon niveau et j'ai vraiment bien joué. Quand il se rapprochait de moi, lorsqu'il le fallait, j'ai bien contrôlé mon service. Des coups plus puissants à droite, à gauche, quand j'avais le sentiment que c'était possible avec lui. Il faut montrer que vous pouvez être fort à la fois en revers et en coup droit, parce que s'il trouve une faiblesse dans votre jeu, il l'exploitera vraiment. C'est ce qui a fait qu'il a été si bon pendant tant d'années. J'ai essayé de lui montrer qu’en coup droit et en revers, je ne serais pas faible et que je ne jouerais pas trop doucement. J'ai fait quelques erreurs, quelques fautes directes, mais je suis content de mon niveau. Triste pour lui que ce soit son dernier, mais sa carrière a été belle et il a beaucoup de motifs de fierté.
Bonjour. Vous êtes-vous senti bien de pouvoir rentrer, gagner et vous sentir bien après le match contre Jannik ?
Nouvelle journée, nouvelle semaine, nouveau tournoi. J'ai été battu sèchement par Jannik à Rome, mais cela appartient au passé. Je suis content de me remettre à gagner. J'espère que je pourrai continuer à construire là-dessus pour les prochains matchs, les prochains jours à Roland-Garros. C'est donc satisfaisant d'avoir gagné en trois sets. Je me suis senti bien sur le court. J'ai eu un peu peur lorsque je suis tombé, mais je me suis bien senti physiquement, ce qui est un bon signe.
"Mon revers est plus efficace que celui des autres joueurs"
Je me demande comment vous percevez le développement de votre revers. Vous avez un très bon coup droit, mais votre revers s’est beaucoup amélioré.
C'est une question d'entraînement. Toute ma carrière, mon coup droit était meilleur que mon revers. On tend à penser que le coup droit devrait être le coup dominant et que le revers est un coup secondaire. Mon revers est plus efficace que celui des autres joueurs. La majorité du Top 30 dans le monde, beaucoup d'entre eux ont un revers plus plat et jouent avec un cadre plus petit. Le mien fait 100 pouces. Mon revers est assez différent de celui des autres joueurs, ce qui signifie qu'il faut que je fasse plus attention à jouer à plat parce que ma raquette projette davantage la balle que chez les autres.
J'ai toujours joué avec un cadre qui fait 100 pouces avec une raquette qui ne fait que des top spins en coup droit, mais ce n'est pas facile en revers. Il faut que je fasse davantage confiance à mon revers, même s'il a tendance parfois à être trop court, un peu moins contrôlé. Aujourd'hui, cela allait bien, mais j’ai tapé un peu trop fort. Je me suis vraiment engagé au lieu de retenir mes coups, mais je pense que je continuerai à avoir cette approche et que c'est un défi que je continuerai à me donner à moi-même.
Est-ce que je peux vous poser une question sur les amorties ? De plus en plus de joueurs les utilisent. Je voulais que vous me parliez de Carlos et comment il les utilise et que vous nous parliez de votre préparation pour les frapper, mais aussi pour défendre face à ces coups-là.
J'ai connu des situations où vous jouez contre un adversaire qui fait beaucoup d'amorties. Si vous êtes capable de les voir et de les détecter au début du match, cela dissuade votre adversaire de continuer à les frapper. S'il y a des points gagnants sur amortie et que vous ne vous rendez pas compte de ce qu'il fait, votre adversaire va continuer dans cette voie. Je pense à Carlos ou Bublik, qui sont des gars qui le font assez souvent. J'ai déjà perdu mais aussi gagné contre eux. Si les 4 ou 5 premières fois vous leur montrez que vous avez vu ce qu'ils font et que c'est vous qui remportez les points, ils arrêteront. Mais si cela fonctionne, ils continuent à le faire pendant tout le match et à jouer ces coups avec confiance.
Carlos les tape très bien. L'amortie de revers de Novak est vraiment très bonne. Il la cache très bien, elle vous surprend. Il la place de façon presque parfaite à chaque fois. Cela fait des années qu'il est sur le circuit. Carlos le fait très bien sur son coup droit parce que vous avez l'impression qu'il abaisse la balle. Tout d'un coup, c'est caché et il y parvient. Si vous arrivez à gagner ces 4 ou 5 premiers points, cela peut faire une vraie différence le reste du match.
"Quand c'est une décision humaine, il peut aussi y avoir des doutes."
Félicitations pour votre victoire. Ici, à Roland-Garros, il y a toujours les juges de ligne alors que dans les autres tournois sur terre, on utilise de plus en plus les systèmes électroniques. Qu'est-ce que vous préférez ? Pouvez-vous justifier votre réponse ?
J'ai joué quelques tournois avec les systèmes électroniques. Je pense qu'ils fonctionnent très bien. Je dirais que c'est ce que je préfère. Il y a eu certaines décisions un peu douteuses avec le système électronique, mais quand c'est une décision humaine, il peut aussi y avoir des doutes. Je pense que la marge d'erreur est plus faible lorsqu'on utilise les systèmes électroniques. Il y a des marques qui sont si précises que c'est parfois si difficile de dire si elle touche ou non la ligne. Parfois, il s'agit de deviner pour l'arbitre. Je pense que c'est bien d'avoir un système qui permet de trancher quand il y a ces incertitudes. Je sais qu'il y a eu de mauvaises décisions, notamment lors d'un match de Zverev à Madrid et d'autres. J'ai vu un tuto de l’ATP qui explique qu'en fonction de la terre, la marque sera plus ou moins grosse. C'est un bon système pour moi, qui fonctionne bien.
Sur votre régime, est-ce que vous faites partie de ces joueurs qui considèrent que vous avez un régime très strict et, si c'est le cas, comment vous arrivez à maintenir votre alimentation entre les villes et les tournois ?
Ce n'est pas facile parce que nous changeons de ville toutes les semaines ou 2 semaines. La majorité d'entre nous ne voyage pas avec son chef privé, ce qui permettrait de contrôler la façon dont vous vous alimentez tout le temps. Novak est le seul à le faire. C'est un investissement auquel j'ai réfléchi par le passé, mais d'un point de vue pragmatique, c'est difficile à mettre en place. Il faudrait trouver des endroits où il y a une cuisine, des produits alimentaires frais. Les hôtels sont plus faciles pour nous parce que vous pouvez quitter l'hôtel si vous perdez, alors que si vous louez un appartement, il faut le louer pour toute la durée du tournoi si vous arrivez au bout. C'est un gros engagement financier à prendre.
Je n'ai pas réussi à dégager le budget qu'il faut. Je n'ai pas l'impression que ce soit un besoin. J'essaie d'avoir une alimentation saine. Il y a bien sûr des aliments que j'aime beaucoup, comme tout le monde. J'évite la nourriture trop grasse pendant les tournois. C'est assez ennuyeux en fait : beaucoup de riz, des pâtes çà et là. Je me sens lourd quand je mange trop de pâtes. J'essaie de m’en tenir au riz, aux protéines. Même la salade et les légumes peuvent être difficiles parce que, dans des pays où l'eau n'est pas suffisamment sûre, vous n'êtes pas sûr que les légumes ont été lavés correctement. À Acapulco, j'ai attrapé une intoxication alimentaire. On vous dit que la salade, c'est bon pour votre santé, mais cela peut être un risque important lorsqu'elle n'a pas été préparée ou lavée correctement. C'est difficile, en fait, de réfléchir où vous êtes allé l'année précédente, ce restaurant où je n’ai pas été malade, j'y retournerai cette année.
Publié le par Sebastien CLAUDE