Giovanni Mpetshi : "La première victoire ici, on s'en rappelle"
Roland-Garros
Première victoire dans le grand tableau de Roland-Garros pour Giovanni Mpetshi Perricard ! Premier Français en piste dans cette édition 2025, il a gagné une belle bataille contre le seul Belge du tableau, Zizou Bergs, 4-6, 6-3, 7-6(5), 6-4. Mpetshi était pourtant mal embarqué quand il était mené 5-0 dans le tie-break de la troisième manche. Mais le géant a sorti le grand jeu en remportant sept points consécutifs pour prendre l'avantage, puis conclure en quatre sets. Alors qu'un troisième tour contre Carlos Alcaraz est possible, il affrontera Damir Dzumhur auparavant. En conf', "Gio" a parlé de son succès mais aussi de l'hommage à Rafael Nadal. Le jeune joueur a pu croiser le Big 4 dans les vestiaires.
Giovanni Mpetshi Perricard au 2e tour de Roland-Garros
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"La première, on s'en rappelle"
Dans ta carrière avec des trophées, j'imagine que première victoire à Roland, c'est important. À quel point c'est symbolique pour toi ? Quelles ont été tes émotions, tout à l'heure ?
C'est sûr que c'est important. La première, on s'en rappelle. C'était… C'était un gros match. Ce n'était pas évident, du début à la fin. J'ai réussi à rester calme, à gérer toutes ces émotions. Ce n'est pas quelque chose de très simple, mais je peux être fier de moi sur ce que j'ai fait sur ces trois heures de matchs, plus de trois heures, et maintenant, se concentrer sur le deuxième tour.
Salut Giovanni. Maintenant que cette première victoire est faite, est‑ce que cela t'enlève un peu un poids sur les épaules ?
Non, pas vraiment, parce que j'ai envie d'être au troisième tour…. (Sourires). Oui, parce que je n'avais jamais gagné un match ; et non, parce que j'aimerais aller plus loin. Quand on est au deuxième tour, on veut aller au troisième tour. Quand on est au troisième tour, on veut aller en huitième. Cela va peut‑être être une autre pression, peut‑être un autre match, d'autres émotions à gérer. Là, j'ai du temps, c'est ça qui est bien, je vais avoir du temps pour préparer ce match. Cela va être à moi de faire de mon mieux, pour essayer de gagner.
Au‑delà de la victoire, je reviens sur le tie‑break, le moment où tu parviens à faire cette remontada de sept points de suite. Tu avais déjà vécu un truc pareil, avec une ambiance pareille, un enthousiasme pareil qui te porte comme ça, jusqu'au dernier set ?
J'allais dire non... Mais je vais dire non, quand même. C'était quelque chose d'assez spécial. Non, je n'avais jamais vraiment vécu quelque chose d'aussi grand, d'aussi fort. Les gens, c'est 8 000, la capacité. 8 000 personnes qui sont derrière toi à chaque point, tu te sens pratiquement avancer. C'est quelque chose, c'est un sentiment assez étrange, et pas évident à décrire. C'est sûr que la prochaine fois, je vais essayer de faire mieux que de perdre 5/0 ! (Rires.) J'aurais aimé, jouer un tie‑break normal, et ne pas faire une remontada, mais c'est comme ça !
"Pour arriver en deuxième semaine..."
Par rapport à la terre battue, elle était beaucoup plus lente qu'à Bordeaux, j'imagine. J'aimerais savoir, par rapport aux surfaces, est‑ce que quand tu es sur terre, tu as quand même une stratégie différente un peu, ou est‑ce que cela reste toujours la même stratégie pour toi ?
La stratégie reste la même. Après, c'est à moi d'apporter des variantes. Je vais utiliser mes secteurs forts. Je vais utiliser mes qualités. C'est sûr qu'il y aura des trajectoires différentes, des angles différents. C'est à moi d'adapter tous ces petits paramètres, pour être un bon joueur sur terre battue, un meilleur joueur sur terre battue. Là, à la fin du compte, la stratégie reste la même, oui. Aller de l'avant ! (Rires).
Salut. À quel point ton succès, la semaine dernière, à Bordeaux, a été important aujourd'hui, notamment en termes de confiance, quand tu perds le premier set ?
C'est sûr que cela joue un rôle majeur. Je n'ai pas gagné beaucoup de matchs, cette année. Là, le fait d'enchaîner quatre victoires de suite, cela m'a fait beaucoup de bien. De voir que j'avais un bon niveau de jeu aussi, c'est sûr que dans les défaites, à la suite, que j'ai eu pendant deux, trois mois… Parfois, le contenu n'était pas bon, parfois, il était un peu meilleur. Contre Thompson déjà à Rome, il y avait une amélioration, même si je perds le match. Cela montrait quand même que j'étais dans la bonne voie, et qu'il fallait continuer. Après, le tennis est un sport qui est dur. C'est sûr que Bordeaux m'a beaucoup aidé, ça m'a permis de gagner en confiance, pour développer mon jeu.
Là, il y a la libération de la victoire, forcément. Comment rester dans ta bulle dans un Grand Chelem à la maison, avec évidemment la pression de la famille, des Français, autour de toi. Comment tu vas faire ?
Cela fait beaucoup de pression, si on regarde la pression de la famille, des gens. Il y a beaucoup d'attente. En plus, j'ai des attentes. Je sais que mon équipe, tout le monde a des attentes. Le plus important, déjà, c'est de se concentrer sur soi‑même. J'ai des objectifs. Pas des objectifs en termes de résultat, mais des objectifs de jeu. C'est de là, je dois passer par là, et pas me concentrer sur le résultat. C'est sûr que tout le monde aimerait avoir des Français en deuxième semaine, ou même mon coach, ou même ma famille. Pour arriver en deuxième semaine, il va falloir que je mette des ingrédients sur le jeu, et que je mette des choses sur la table, pour pouvoir gagner. C'est comme cela que je vais pouvoir répondre aux attentes, même si ce n'est pas vraiment la préoccupation pour moi et mon équipe.
Une question sur Bordeaux. Tu nous as fait un peu une « Osaka », finalement, qui est allée à Saint‑Malo, qui est descendue d'un niveau, pour mieux rebondir. Est‑ce que tu peux détailler en quoi ça t'apporte quelque chose ? Est‑ce que le fait d'aller en Challenger, c'est moins d'obligations médiatiques. Qu'est‑ce qui peut te relancer, en redescendant d'un échelon une semaine ?
Je dirais que je pense que même si c'était un 250, j'aurai peut‑être bien joué, parce que les conditions m'avantageaient. Là‑bas, il faisait très chaud toute la semaine. Cela rebondissait énormément. C'était assez rapide. Les courts n'étaient pas très grands. Avec mon service, j'arrivais à faire mal. En coup droit, j'arrivais à avoir une bonne trajectoire pour pouvoir faire mal, dès que j'avais l'opportunité. Après, si on regarde bien, j'ai joué de bons joueurs, pratiquement tous dans les 100, il y en a qui ont été dans les 100, même mieux que Top 20. Il y avait Pierre qui a joué les quarts cette semaine. Tous les mecs que j'ai joués, sont dans le tableau ici, à part Shevchenko, je crois.
C'était des matchs, pas « pièges », parce que ce sont de très bons joueurs. Je savais que j'avais un bon niveau de jeu. Maintenant, il fallait le mettre en place en match. J'ai réussi à le faire. Je peux être fier de cette semaine. Après, chaque semaine est différente. Si ça se trouve, j'ai fait un bon match contre Félix, mais... C'est comme cela.
"J'ai vu le meilleur joueur de tennis de l'histoire !"
Il y avait ta petite sœur en qualif, du coup elle a gagné aussi son premier match à Roland ! Est‑ce que ça fait une petite motivation, ça ? Et je sais que tu as croisé deux ou trois personnes dans les couloirs avant de venir. Est‑ce que tu peux raconter ces deux rencontres ? Merci.
(Rires.)
Quand elle a gagné, j'ai envoyé un message sur le groupe familial, j'ai dit que ma sœur avait gagné un match avant moi, et que ça, je n'aimais pas du tout ! (Rires.)
Après, on se charrie un peu là‑dessus avec ma sœur, mais cela reste assez gentil. Ce n'était pas vraiment ma source de motivation principale. (Rires.)
Quand j'ai gagné, j'y ai pensé un peu, je disais : maintenant, tu vois, tu n'es pas la seule !
Les rencontres, j'étais dans le couloir, et j'ai vu le meilleur joueur de tennis de l'histoire ! C'était assez impressionnant... On redescend, on revient vite sur terre, quand on croise ce genre de personne. C'était un moment court, mais très intense. La prochaine fois, j'espère que je serai un peu moins timide, pour pouvoir leur poser des questions !
Publié le par Paul MOUGIN