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Jo Tsonga, ses adieux : "Un moment qui restera gravé..."

Roland-Garros
Publié le par Alexandre HERCHEUX

L'évènement de la journée de mardi se déroulait incontestablement sur le court Philippe ChatrierJo-Wilfried Tsonga a joué le tout dernier match de sa carrière. Et quel match ! Devant un public arrivé en nombre au fil de la rencontre, Jo a lâché un dernier combat digne de sa légende à Roland-GarrosMalheureusement, pour sa 13e et dernière participation, le finaliste de l'Open d'Australie en 2008 s'est blessé au pire moment,à la toute fin du quatrième set. Au bout de l'effort et proche des larmes, "Jo" a fait appel au kiné, mais rien n'y faisait. Après presque quatre heures d'un intense combat, Tsonga s'est incliné sous les applaudissements du public parisien, fier de son joueur, (6)6-7, 7-6(4), 6-2, 7-6(0). En conférence de presse, le Manceau a été accueilli avec des applaudissements et est revenu sur ses derniers moments sur un court.

Jo-Wilfried Tsonga a disputé son tout dernier match

 

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C'est un match presque, j'ai envie de dire, en parfait symbole de ta carrière, c'est-à-dire que c'est un match où tu fightes tout le temps, où tu es là, tu es au combat, tu es avec une bravoure et un panache assez incroyables et où, 6-5 dans le quatrième, ton épaule lâche, tu ne peux plus la lever, tu ne peux pas finir ce match. Il y a un peu de tout dans ce match, un peu toute ta carrière résumée dans ce dernier match ?

Il y a de tout, il y a du scénario, il y a de la blessure, il y avait un adversaire en face très solide, parce que ça aussi, cela fait partie de ma carrière. Je pense avoir affronté des joueurs incroyables toute ma carrière, évidemment le top 4 mais pas seulement, d'autres aussi, Del Potro, Cilic, Wawrinka, Federer, tous aussi accrocheurs les uns que les autres. Aujourd'hui, c'est vrai que je suis content d'avoir joué contre Casper, parce que c'est un joueur qui est vraiment intense, qui a une vraie régularité dans ses résultats. C'est un joueur qui est solide et, pour moi, avoir été capable aujourd'hui de lutter contre un joueur solide, pour mon dernier match, c'est ce que j'attendais, c'est ce que j'attendais, c'est ce que j'avais envie de faire. J'avais envie de finir comme ça sur le court à tout donner, blessé ou pas. Quand je me suis fait mal, sur la balle de break pour mener 6-1 et servir au quatrième set, c'est vraiment sur le dernier coup droit où lui rate que je me fais mal, et quand je vais servir et que je me rends compte que je ne peux plus lever l'épaule, j'appelle le kiné, mais je me dis que de toute façon, je vais rester sur le court, je vais finir parce que c'est comme cela que j'avais envie de finir sur le court en donnant le maximum et je crois que là, je suis allé au bout. De toute façon, je crois qu'il n'y aurait pas eu de deuxième match, parce que j'ai tout laissé sur le terrain.

 

 

Ce match a été quand même excessivement serré notamment au tie-break du deuxième, du moins si je ne dis pas de bêtise, là le scénario aurait peut-être pu être différent si tu avais gagné ce set. Est-ce que tu savais que toute cette fête était prévue et que tous ces gens étaient venus pour ton dernier match ? Est-ce que tu connaissais cette fête ou cette probabilité de fête ? 

Je savais qu'il allait se passer quelque chose quand on est venu me voir en me disant : « Est-ce que tu voudrais faire quelque chose après ? ». Je les ai tous envoyés chier - excusez-moi l'expression - en leur disant : « Vous ne savez pas si c'est le dernier match » et, deuxièmement, je n'ai pas envie de calculer, ce n'est pas des moments où j’ai envie de calculer. Je savais qu'il allait certainement se passer quelque chose, je ne savais pas quoi, je ne savais surtout pas qui. Pour moi, c'était assez touchant de voir mes premiers entraîneurs venir sur le court, même mes parents qui sont quand même relativement discrets. Je sais que ce n'est pas quelque chose qu'ils aiment faire, se mettre en avant, aller devant tout le monde. Même les gars, je savais que Gaël allait venir, il me l'avait dit, il n'a pas su tenir sa langue. (Rires). Je ne savais pas que les joueurs allaient venir sur le court. J'avais forcément une petite idée, je me disais peut-être que, mais j'avoue que je n'avais pas vraiment envie d'y réfléchir parce que j'avais envie de vivre le moment tout simplement et franchement je l'ai vécu à fond et je me suis régalé ; ils sont tous très contents parce que j'ai réussi à pleurer. C'est un moment qui va rester gravé mais c'est vrai que c'est passé un peu vite. Quand on est au cœur de l'attention, c'est difficile finalement de vivre le moment présent, j'avais les yeux qui partaient un peu partout, je ne savais pas où me mettre. Mais c'est clair que quand j'aurais les images, quand je vais reregarder cela, cela va beaucoup me toucher aussi.

 

Justement, dis-nous dans quel état d'esprit tu joues ce match : en étant crisper, parce que ça peut être le dernier ou en étant léger, parce que ça peut être le premier peut-être d'une série derrière et d'un grand bonheur ? Comment aborde-t-on ce genre de match quand on sait que c'est son dernier tournoi en carrière ?

C'était finalement assez dur, parce qu’avant le match, je suis avec Thierry, je suis avec mon frère, je suis avec un ami à moi, Clément Génin, qui me suit physiquement ce dernier mois, à chaque regard, à chaque fois qu'on croise nos regards, on est tous conscients que c'est peut-être la dernière fois que je vais monter sur le court Philippe Chatrier. Du coup, c'est difficile, parce que je rentre sur le court, mais je suis déjà dans un état émotionnel spécial et je me dis : « attends, ce n'est pas le moment de craquer, il faut y aller, il faut aller jouer, tu avais envie d'être là, tu avais envie de te battre jusqu'à la dernière balle, donc ce n'est pas l'heure des émotions ». J'ai lutté contre mes émotions. C'était dur ; j'avais les larmes aux yeux avant de rentrer sur le terrain. Une fois que j'y suis rentré, le fait de m’être dit : « ne flanche pas, on y va », il y a match et ça m'a fait du bien. Du coup, j'ai délivré mon match.

 

 

J'ai des questions sur ce qui va venir maintenant. Qu'est-ce que tu sais de ta soirée, des jours prochains, des mois à venir et de la page qui s'ouvre, qui est une nouvelle vie ? Comment tu vois l'avenir à court, moyen et long terme ? 

Court terme, je ne vous invite pas, parce que vous n'allez pas rentrer très bien chez vous... Au-delà de la plaisanterie, à court terme, je vais profiter avec mes amis, parce que beaucoup sont venus de loin pour me voir et pour fêter ça. Donc, je vais profiter un peu ce soir. Demain, je pense que je vais venir faire des examens, parce que je pense que je me suis fait très mal à l’épaule. Tout à l'heure, mon bébé m’a demandé de le porter, je n'y arrivais pas : ce n'est pas cool. La suite, ça va être de profiter un peu de l'été, qui arrive ici en Europe ; me reposer, continuer à développer l’Académie, avec Thierry ; continuer à organiser les tournois ATP, ici, en France ; essayer de profiter des gens que je n'ai pas pu voir toutes ces années, qui m'ont manqué.

 

Tu as goûté une dernière fois à un grand match de haut niveau sur un grand court avec du public et beaucoup de ferveur. À la fin de ta carrière, qu'est-ce qui va te manquer le plus de ta vie de joueur ?

Je pense que c'est ça, c'est l'adrénaline de monter sur un grand court comme ça, l'adrénaline quand tu as 15 000 personnes qui crient ton nom et te portent sur le terrain. En fait, ce qui s'est passé aujourd'hui pour moi est improbable, parce que j'avoue que je n'étais pas au mieux physiquement ces derniers temps. Aujourd'hui, franchement, et je l'ai dit avant, on va dire les deux, trois derniers jours, je me sens mieux, je ne me suis pas senti comme ça depuis très longtemps. Je pense que c'est grâce à tout ça en fait, c'est grâce à l'engouement, à tous ces gens qui me portent tous les jours, que ce soient les proches, les gens dans les gradins. Aujourd'hui, c'était la folie ! C'est une des plus belles ambiances que j'ai vécue dans ma carrière qui arrive sur mon dernier match. Je ne pouvais pas demander mieux. Je ne pouvais pas demander de meilleur scénario, hormis le fait que j'aurais pu gagner. C'est ce qui va me manquer, ce contact avec le public et avec aussi avec les gens que m'ont porté toutes ces années.

Publié le par Alexandre HERCHEUX

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