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Ruud : "On ne pense pas à Sinner comme à un joueur de terre"

Roland-Garros
Mis à jour le par Sebastien CLAUDE
Ruud : «On ne pense pas à Sinner comme à un joueur de terre»

Casper Ruud a fait le plein de confiance à l'approche de Roland-Garros, avec son premier sacre en Masters 1000, à Madrid. Le Norvégien arrive avec une certaine pression dans la capitale française. Lui qui arrive Porte d'Auteuil après deux finales et une demie lors des trois dernières éditions. Premier obstacle sur son chemin dans cette édition 2025, Albert Ramos-Viñolas. Si Casper Ruud ne mène que 4-3 dans leurs face-à-faces, le Norvégien a tout de même remporté les quatre dernières confrontations.  

Casper Ruud avant de débuter Roland-Garros 2025

 

Retrouvez ICI le tableau complet du simple hommes de Roland-Garros 2025 

Retrouvez ICI le tableau complet du simple dames de Roland-Garros 2025

 

"Si je jouais plus fort, plus lourd, il montait la balle et ne loupait pas"

Je suis curieux quant au processus qui a suivi ce match fou contre Jannik à Rome, la façon dont vous vous êtes retrouvés à l'entraînement, jouant sans doute avec quelqu'un qui a un niveau plus normal que ce à quoi vous avez été confronté. Comment cela s'est passé ? Au sens plus large, étant donné vos objectifs desquels vous êtes en train de vous approcher, que pensez-vous pouvoir faire avec votre jeu pour vous rapprocher de ce niveau, étant donné que Jannik sera dans le coin pour un moment a priori ?

Après Rome, j'ai pris quelques jours de repos, je suis rentré chez moi, il faisait beau. Je suis resté dehors, j'ai joué au golf, j'ai commencé à m'entraîner. Je n'ai pas joué contre des gens du niveau de Jannik à l'entraînement. C'était sympa de remporter quelques points. Nous nous sommes entraînés hier. Il menait 4 à 0 dans le premier set. Après quelques minutes, je me suis dit : il y a vraiment quelque chose qui se passe. J'ai réussi à gagner des jeux après.

Je pense que l'on ne pense pas à lui comme à un joueur de terre battue parce qu'il a rencontré de beaux succès sur d'autres surfaces. Il ne joue pas plus haut, plus fort des balles avec beaucoup d'effets. Si vous voulez bien défendre sur terre battue, c'est plus compliqué aussi parce que si j'essayais d'ouvrir le court, il était bien là. Si je jouais plus fort, plus lourd, il montait la balle et ne loupait pas grand-chose. Que vous jouiez très lourd ou non sur terre battue, ce qu'il y a de plus frustrant pour un adversaire, c'est si vous êtes capable de faire des coups lourds, hauts et forts tout le temps sans faire trop d'erreurs. Quand vous êtes l'opposant, vous avez l'impression de ne pas pouvoir faire de points gagnants face à l’adversaire tel que je viens de le décrire. Je n'ai pas tellement eu l'occasion de marquer tant de points que cela parce que j'avais l'impression que cela arrivait de tous les côtés de sa part. Je me suis rendu compte que j’ai peut-être aplati plus les coups de temps en temps sur terre battue, ne pas toujours attendre que la balle redescende, que je pouvais prendre les balles sur l'ascendant en avançant un peu. Cela m'a montré que c'était possible, même si la balle va moins vite sur terre battue.

 

Comment avez-vous fait pour atteindre ce niveau de confiance ? Vous arrivez à vous déplacer, à bien prendre la balle. Comment pensez-vous que les mouvements jouent pour être capable de vous défendre sur terre battue ?

Je pense qu'aujourd'hui, tout le monde est capable de glisser sur pied droit, pied gauche, que ce soit ouvert ou fermé. Tout le monde s'améliore sur ce sujet. J'ai grandi en regardant le tennis. Peu de joueurs étaient capables de le faire sur dur. Quand je prends l'exemple de joueurs comme Jannik, Carlos, Novak qui le font souvent, la surface semble ne pas avoir d'importance qu'ils soit sur terre battue ou sur dur, ils arrivent à glisser. Sur le dur, je n'arrive pas tellement à glisser. Je ne suis pas à l'aise. Parfois, vous êtes obligé de le faire sur les deux jambes, ouvert, fermé, peu importe. C'est assez impressionnant. C'est plus naturel pour moi sur terre battue. Je pense que la majorité des droitiers ont un peu plus de mal à glisser sur la jambe gauche, la jambe opposée. Les meilleurs joueurs du monde sont capables de le faire des deux façons. Si vous regardez ce que fait Rafa, Novak, sur cette surface, ils le font sur leur revers sur appuis ouverts. Ils sont capables de mettre leurs pieds, de glisser et de faire un passing. Pour moi, ce sont les points les plus difficiles à perdre quand vous êtes joueur parce que vous avez l'impression d'avoir fait tout ce qu'il fallait. Vous touchez leur revers et certains coups pareil, c'est impressionnant. Si vous êtes capable de le faire et que vous êtes capable de résister de cette façon, ce que vous vous dites, c'est que l'on va essayer de vous passer sur votre jambe qui n'est pas la plus forte, si vous ouvrez. Pour moi, les Européens qui grandissent sur terre battue sont capables de le faire de plus en plus.


"Il joue avec tant de confiance"

Avez-vous déjà joué contre Moller ? Je ne sais pas si vous le connaissez.

Il est plus jeune que moi. J'ai pu voir ce qu'il faisait.


Qu'avez-vous pensé de son revers dans des vidéos ?

C'est différent des autres revers. Il joue avec tant de confiance un peu comme Benoît, il fait des revers, des coups que je n'aurais jamais faits. Lorsque j'ai regardé cette vidéo, je me suis dit : waouh, j'aimerais tellement avoir le même revers, je serais alors un meilleur joueur. En même temps, lorsqu'il me regarde ou Alcaraz, je ne sais pas qui il regarde, lorsqu'il voit des joueurs qui ont des coups droits très solides, il se dit probablement qu'il aimerait avoir le même. Nous nous comparons les uns aux autres, mais il faut se rendre compte qu'il y a des limites à ce que nous sommes à l'aise de faire ou pas. C'est un revers très agressif, de très bonne qualité. J'aimerais bien le voir jouer.

 

"Sur la moitié des matchs que je joue, il y a quelque chose qui se passe sans que l'on s'en rende forcément compte."

À quelle fréquence dans la saison estimez-vous que vous rentrez sur le court pour un match sans être blessé, sans ressentir aucune douleur ? Nous avons vu la publication de Caroline Garcia il y a quelques semaines sur le besoin de jouer malgré la douleur. Cette glorification, cette façon d'honorer les joueurs qui jouent malgré le fait qu'ils sont blessés, est-ce difficile dans la réalité d'un athlète professionnel ?

Oui, les tennismen et tenniswomen ne sont pas les seuls à connaître cela. Mais je pense que le tennis est un sport individuel et que si vous ressentez de la douleur, il est question des limites de ce que vous pouvez endurer, mais il est plus facile pour les sportifs de sports collectifs de manquer quelques matchs, parce que vous savez que votre équipe peut se charger des résultats. Pour les sports individuels, vous perdez des points, de l'argent. Il y a cette crainte de manquer les opportunités. Ce qui est au cœur du tennis, c’est de maintenir votre classement, d'obtenir de bons résultats. Donc, oui, j'ai appris à accepter cela, qu'il fallait jouer malgré la douleur parfois.

J'ai eu la chance de ne jamais être gravement blessé sur une longue durée jusqu'ici. Sur la moitié des matchs que je joue, il y a quelque chose qui se passe sans que l'on s'en rende forcément compte. Cela peut aller d'une petite ampoule sur votre pied, vous avez un peu mal au ventre, sur le côté, aux côtes, au genou, cela peut concerner tout le corps. J'ai déjà ressenti de la douleur dans ma carrière, c'est certain. Parfois, vous vous en lassez vraiment. Je pense que c'est pourquoi les joueurs récemment ont demandé qu'il y ait plus de temps entre les saisons pour permettre au corps de se remettre, de faire une pause parce que lorsque vous finissez par les Finales, vous avez maximum 6 ou 7 semaines avant de vous présenter en Australie. Parfois, ce n'est pas suffisant. Cela fait partie de notre réalité professionnelle, nous devons le gérer. Quand vous êtes enfant et que vous rêvez de devenir joueur professionnel, vous ne vous rendez pas compte de la douleur que l'on va ressentir durant la carrière. À un moment, on estime que l’on en a assez. 

 

Sur ce sujet, l'année dernière, quand vous êtes arrivé et que vous avez gagné le premier set de cette demi-finale et que vous vous sentiez extrêmement mal, ce sont des moments marquants de votre carrière de connaître une telle malchance.

Cela a été très dur, j’ai attrapé un parasite, peut-être dans l'eau, quelque chose que j'ai mangé. Il a été difficile d’identifier la cause. C'est resté dans mon organisme pendant 2 à 4 semaines. C'est la raison pour laquelle je me suis vraiment senti mal au cours de ce match. Cela fait partie du métier et de la carrière, mais je le répète, j'ai eu la chance de ne jamais avoir de longue interruption pour blessure qui nécessitait que je revienne plusieurs mois. Je considère que je suis assez chanceux de ce point de vue. Ce n'était pas idéal, c'est sûr. J'ai été chanceux. J'avais eu 4 jours pour me préparer avant de rencontrer Novak. Je suis arrivé, je me sentais bien. Vers la fin du premier set, tout d'un coup, j'ai commencé à avoir mal au ventre. Je me suis senti très fatigué.

Je vais essayer de ne rien manger qui ne soit trop risqué pour éviter que cela ne se produise. C'est difficile. Il y a des sports dans lesquels vous pouvez compter sur vos coéquipiers si vous êtes blessé ou malade, mais ce n'est pas comme cela que fonctionne le tennis. Cela aurait été mieux que cela n'arrive pas ce jour-là l'année dernière, mais c'est comme ça.

Publié le par Sebastien CLAUDE

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