Un Flushing Meadows ultra-ouvert cette année... ou pas ?

Cela fait presque 20 ans que ça dure, 20 ans que chaque livrée du Grand Chelem ou presque semble promise à l’un des membres du fameux Big 3 (Federer, Nadal, Djokovic), et ce début d’année 2022 n’a pas dérogé à la règle, avec les titres de Nadal à l’Open d’Australie et Roland-Garros et celui de Djokovic à Wimbledon tout récemment. Mais cet US Open, entre un Nadal blessé et qui a dû abandonner à Wimbledon, un Federer toujours en phase de reprise, et un Djokovic dont le forfait a été acté à cause de sa non-vaccination contre la Covid, semble plus indécis que jamais alors que les outsiders vont tout faire pour profiter de cette situation.

Bien sûr, tout dépendra avant tout de la participation ou non de Djokovic à cet US Open. Il affirmait encore cette semaine qu’il espérait pouvoir y participer, et donc soit disposer d’une dérogation spéciale soit espérer un allégement des règles d’entrée aux Etats-Unis, car pour l’instant il est interdit pour une personne non-vaccinée de pénétrer sur le territoire américain. Après le fiasco de son expulsion d’Australie en Janvier dernier, Djokovic a aussi assuré que ce ne serait pas un drame s’il ne pouvait pas participer à ce tournoi au final (sans doute apaisé par son titre londonien qui le ramène à 1 unité du record de titres en Grand Chelem détenu par Rafael Nadal). Pour l’heure et malgré cette très grande incertitude, il est toujours considéré comme le favori numéro 1 du tournoi par les bookmakers, preuve que de sa présence ou non dépendra le suspense du tournoi.

En l'absence de Djokovic, ce tournoi pourrait s’avérer un des plus ouverts de ces 20 dernières années. Toutefois, l’US Open a l’habitude de cette situation car il est largement le tournoi qui a vu le plus de surprises depuis 2003 et le premier titre d’un des membres du Big 3, à savoir Federer à Wimbledon. Sur les 19 derniers Open d’Australie, seuls 2 ont été remportés par d’autres joueurs (Safin en 2005 et Wawrinka en 2014). Sur les 18 derniers Roland-Garros, seule 1 édition a vu un joueur non-membre du Big 3 soulever le trophée (Wawrinka en 2015). Et sur les 19 derniers Wimbledon, seul Andy Murray en 2013 et 2016 a réussi à empêcher Nadal, Federer ou Djokovic de s’imposer. Alors que sur les 18 derniers US Open, ils sont 6 autres à avoir gagner le tournoi (Del Potro en 2009, Murray en 2012, CIlic en 2014, Wawrinka en 2016, Thiem en 2020 et Medvedev en 2021). Il est donc le seul Majeur à avoir vu un vainqueur différent du Big 3 depuis le dernier sacre de Murray à Wimbledon en 2016.

Et cette année pourrait bien être de nouveau l’occasion pour un joueur de la Next Gen d’inscrire son nom au palmarès de l’US Open. Car outre les problèmes vaccinaux de Djokovic, Nadal n’est pas non plus au top de sa forme suite à son abandon en demi-finales de Wimbledon, après une déchirure abdominale, en plus d’un pied récalcitrant qu’il avait difficilement réussi à gérer lors du dernier Roland-Garros. Même si sa présence semble acquise, car il est de retour à l’entraînement depuis peu, il est clair qu’il ne sera pas au maximum de ses capacités.

Quant à Roger Federer, qui a disparu pour la première fois depuis plus de 20 ans du classement ATP, sa participation est là-aussi plus qu’incertaine et, même s’il était de retour et bénéficiaire d’une wild-card, ses chances de victoire seraient bien minces. 

Alors du coup, qui parmi les autres tennismen pourraient profiter de la méforme ou de l’absence du Big 3 ? Le premier nom qui sort de la bouche des spécialistes est toujours le même, celui du tenant du titre Daniil Medvedev. Interdit de jouer à Wimbledon à cause de sa nationalité, le Russe sera sûrement extrêmement motivé et revanchard pour son retour dans un tournoi du Grand Chelem, après sa désillusion lors du dernier Roland-Garros, éliminé dès les huitièmes de finale par Marin ÄŒilić, et sa défaite en finale du dernier Open d’Australie face à Rafael Nadal.

Mais il ne sera pas le seul ambitieux de l’édition 2022 du Grand Chelem américain. Le prodige espagnol Carlos Alcaraz sera également à suivre, notamment car son premier US Open l’an passé s’était très bien passé avec un parcours jusqu’en quarts de finale, uniquement défait par Félix Auger-Aliassime (autre jeune joueur avide de succès). Il reste également les trois meilleurs représentants de la Next Gen sans aucun Majeur à leur actif, Alexander Zverev, Andrey Rublev et Stefanos Tsistipas, héritiers de cette malheureuse génération qui n’a pas su déloger le Big 3 et qui est déjà en train de se faire remplacer par les nouveaux venus. Les Italiens Jannik Sinner et Matteo Berretini, l’ancien vainqueur Dominic Thiem ou le trublion Nick Kyrgios sont d’autres outsiders, bien que de moindre rang. Au final, si Djokovic est présent et Nadal à 90% de ses moyens, ce seront encore ces deux-là les grandissimes favoris. Sinon la porte sera grande ouverte pour leur horde de successeurs dont la patience a depuis longtemps déjà atteint ses limites.