ATP - Kecmanovic continue sa progression dans l'ombre de Djokovic
Par Aude MAZ le 26/03/2020 à 07:49
On en parle peu, mais dans l'ombre de Novak Djokovic, la Serbie, avec Dusan Lajovic, Filip Krajinovic, Miomir Kecmanovic et Laslo Djere, a 5 joueurs dans le top 100 dont 4 dans le top 50. Pour cette dernière stat', c'est aussi bien que les USA et mieux que l'Italie qui a pourtant 8 joueurs dans le top 100. Seules la France et l'Espagne font mieux. C'est tout de même exceptionnel pour un pays de tout juste sept millions d'habitants, encore en guerre il y a 20 ans.
Vidéo - Next Gen ATP 2019 - Kecmanovic en demi-finale
Parmi eux, Miomir Kecmanovic, 20 ans, est le plus jeune de la bande mais pas le moins talentueux. Exilé aux USA depuis l'âge de 13 ans à l'IMG académie (Ex : Académie Bollettieri), le jeune joueur au talent précoce ne manque pas d'arguments. Il avait d'ailleurs tapé dans l'oeil de Rafael Nadal à Acapulco peu avant que le circuit ne s'arrête. Après sa victoire ( 6-2, 7-5), le Majorquin avait déclaré "c'est un joueur très dangereux. Il est jeune, a beaucoup de puissance, je suis soulagé d'avoir gagné ce match."
Kecmanovic l'héritier de Novak Djokovic ?
La comparaison avec Novak Djokovic est facile. Mais hormi leurs origines les deux champions n'ont que très peu en commum. Novak Djokovic a vécu la a guerre, les difficultés financières et des conditions d'entrainement parfois très compliquées. Miomir Kecmanovic est né quelques mois après la fin des combats dans un milieu aisé et érudit avec des parents médecins et une famille très vite organisée pour le mener vers les sommets. C'est d'ailleurs sa tante, chercheuse en psychologie, qui très tôt s'est investi auprès de son neveu et l'a accompagné aux Etats-Unis. Sans elle, les parents Kecmanovic, n'aurait jamais laissé filer leur unique fils outre atlantique. Aujourd'hui, elle est toujours impliquée dans la carrière de son neveu en tant que manager.
Des débuts un peu difficiles, puis l'explosion chez les juniors
Au début à l'académie, le tennis était un défi. En raison de son talent précoce, Kecmanovic a été mis dans des groupes avec des joueurs plus âgés , et plus tard avec des pros comme Kei Nishikori et Max Mirnyi. "J'étais tellement nerveux et je n'ai même pas pu récupérer une balle", a-t-il expliqué au New-York Times en 2017. "Max a été le premier grand pro avec qui j'ai joué quand je suis arrivé ici. C'est un spécialiste du double. Je ne suis pas si confiant au filet et j'ai reçu beaucoup de balle. Mais c'était une bonne expérience d'apprentissage. " Petit à petit, Kecmanovic a commencé à tenir le coup. Sur le circuit junior c'est l'éclosion. En 2016, il est devenu le troisième joueur à remporter le prestigieux tournoi Orange Bowl pour les jeunes de 18 ans et moins deux années de suite. Il termine alors l'année n°1 mondial chez les juniors. C'est mieux que Novak Djokovic au même âge.
La progression de Kecmanovic au plus haut niveau
Contrairement à ses homologues Canadien, Felix Auger-Aliassime, Denis Shapovalov ou encore Stefanos Tsitsipas, pas d'arrivée fracassante sur le circuit pour le Serbe. Même si son accession en quart de finale à Indian Wells l'an dernier en tant que Lucky Loser avait tout de même fait parlé. S'il est sûr que ce record ne sera pas battu cette année, le joueur ne pourra pas tout de suite faire mieux que ses concurrents qui ont déjà atteint des demi-finale ou finale de Master 1000. Mais il est régulier. Il le disait lui-même au Next Gen Finals à Milan après sa victoire sur Alejandro Davidovich Fokina : "Je suis heureux d'être capable de bien jouer et d'être régulier, il y avait beaucoup de pression sur ce match aujourd'hui et je pense que j'ai mieux géré les choses que lui. J'ai pris un peu d'expérience cette année, j'ai joué de gros matchs ça m'a beaucoup aidé aujourd'hui." Une régularité qu'il a conservé en ce début 2020 avec déjà deux demies cette saison à Doha puis à New-York.
Les conséquences de la crise du Coronavirus
Comme beaucoup de joueurs, le jeune joueur a été interrogé sur l'arrêt du circuit à cause du Coronavirus par le média Serbe SporKlub : "Au début, en apprenant la nouvelle, j’ai été choqué, mais d’un autre côté, c’était une situation à laquelle nous nous attendions tôt ou tard. La situation empirait dans toutes les régions du monde et il était très contre-productif de jouer le tournoi. Je n’ai pas beaucoup parlé avec les autres joueurs de tennis, car à l’époque je n’étais pas à Indian Wells, mais je m’entraînais à l’IMG Academy de Miami. Lorsque j’ai entendu parler de l’annulation d’Indian Wells et de Miami, je me suis rendu directement en Serbie parce que je savais que la situation allait empirer ", a-indiqué le joueur.
Ce qui l'inquiète avant tout c'est l'avenir de ses points ATP, car s'ils sont perdus, il risque de sortir du top 50 : "Je pense que la chose la plus juste serait de geler les points. Pour le moment il n’y a pas de tournois et il serait injuste qu’au fil des semaines, ils enlèvent des points sans même pouvoir les défendre. L’un des plus touchés est moi, et c’est que en enlevant les points que j’ai obtenus l’an dernier à Indian Wells, je vais sortir du top 50 du classement. J’espère que l’ATP fait ce qu’il faut et gèle les points. Nous ne savons pas encore quand ils prendront la décision, mais j’espère que ce sera bientôt."