Rétro - Marc Maury : "2001, Grosjean a renversé Agassi devant Clinton"
Par Aude MAZ le 03/06/2020 à 17:59
En ce début juin, il règne - crise sanitaire oblige - une atmosphère bizarre autour du stade Roland-Garros. Une impression de vide absolu. Habituellement, le quartier est bouclé, l'effervescence est palpable, les vrais amateurs de tennis sont au bord des courts. L'édition 2020 des Internationaux de France devait se dérouler du 24 mai au 7 juin sous le soleil parisien. Pour tenter de combler ce vide, Tennis Actu décide de regarder "Dans le rétro de Marc Maury" pour vous présenter durant la quinzaine un évènement qui a marqué l'histoire du Grand Chelem français. Pour cette neuvième chronique de la série "Roland-Garros - Dans le Rétro de Marc Maury", retour sur le jour où Bill Clinton a fait perdre ses moyens à André Agassi, face à un Sébastien Grosjean qui n’a pas laissé passer sa chance. C’était le 6 juin 2001.
Vidéo - Roland-Garros - Dans le Rétro de Marc Maury !
Quart de finale à Roland-Garros. Sébastien Grosjean, 23 ans, est en pleine bourre et a réussi un excellent début de saison en atteignant les demi-finales à l’Open d’Australie. La première de sa carrière. Il vient d’intégrer le top 10 et confirme son statut en ralliant les quarts de finale Porte d’Auteuil, également pour la première fois. En face, il y a la montagne André Agassi, troisième mondial, vainqueur deux ans plus tôt des internationaux de France et tout juste auréolé de son troisième titre en Australie face à Arnaud Clément. Autant dire que le Marseillais ne partait pas favori. D’ailleurs, le début de match ne déjoue pas les pronostics. Mais, hasard ou réalité, un prestigieux invité, Bill Clinton a semble-t-il fait basculer la rencontre et fait entrer cette rencontre dans la légende du tournoi.
Après un début de partie raté, Grosjean contre à merveille, Agassi s'agace.
Après un premier set catastrophique perdu 6-1 en 20 minutes, le Français se libère et devient très efficace en contre, face à un Agassi qui se précipite et s’agace, au point de se retrouver, assez rapidement, mené 2 sets à 1 (1-6, 6-1, 6-1). Le début du quatrième set est à l'avantage d'Agassi qui fait le break, mais le Français ne lâche rien et revient dans la partie. À 4-3 pour le Tricolore, sur le service de l’Américain, Grosjean se démène comme un diable et ramène des balles perdues et contre son adversaire à merveille. Le jeu dure. Agassi finit par donner quelques points par excès de précipitation. Le Marseillais a besoin 3 balles de break avant de conclure et s'offre le droit de servir pour le match. Tandis que l’Américain, qui sent la fin proche, lâche ses retours de coup droit et mène 40-15, mais le Kid de Las Vegas gâche les deux balles de break qui suivent. Il vient de laisser passer sa chance. Quelques secondes plus tard, le Tricolore conclut la rencontre sur un ace rageur et l'emporte 1-6, 6-1, 6-1, 6-3.
Quand Bill Clinton fait son apparition à Roland-Garros
Même si Grojean sort, ce jour-là, une performance exceptionnelle, le fait du match a surtout lieu en tribune. En effet à la fin du premier set, le tout récent ex-président américain, Bill Clinton fait son apparition en tribune. Un évènement ! Si de nombreuses personnalités aiment venir à Roland-Garros, il s’agit là d’une sacrée pointure. Une venue qui n’est pas passée inaperçue. L’homme politique, entouré d'une quinzaine de gardes du corps, reçoit l’ovation du public. Même si très sportivement, mais sans doute de mauvaise foi, André Agassi déclarera à la sortie du match "ne pas l’avoir vu", cela semble improbable. D’autant que celui-ci siégeait aux premières loges, aux cotés de Christian Bîmes, alors président de la Fédération Française de Tennis, avec qui, il a même échangé quelques mots. Et s’il est difficile de croire qu’un aussi grand champion puisse être perturbé à ce point par la présence de son président, il n’en demeure pas moins qu’avant son arrivé, le kid de Las Vegas dominait son sujet et la tendance s’est largement inversé dès l’arrivée de l’ancien président. Mais si l’on peut encore croire à une coïncidence, dans l’ultime manche, Clinton s’échappe aux toilettes, le temps qu’Agassi reprenne ses esprits et mène 3-0. Mais au retour du président, Grosjean imperturbable continue son travail de sape et contre à merveille le jeu de son adversaire. Le Français, de son coté, niera également l’effet Clinton : "Chirac avait déjà assisté à un de mes matchs, ce genre de péripétie ne m’atteint pas." N’empêche que cette anecdote donne une saveur supplémentaire à cette excellente performance réussie par le Tricolore.