Tennis. ATP - Franulovic : "On ne décale pas un tournoi comme Monte-Carlo"
Par Alexandre HERCHEUX le 17/04/2020 à 21:07
Cette semaine aurait dû marquer le début de la saison sur terre battue. Tous les ans, le fantastique cadre de Monte-Carlo lance pleinement la partie de l'année préférée de Rafael Nadal, 11 fois vainqueur sur le Rocher. Mais voilà, le COVID-19 est venu gâcher la fête. Si Zeljko Franulovic aurait pu tenter de replacer son si prestigieux tournoi de Monte-Carlo en fin d'année, comme l'a fait Roland-Garros, le Serbe a préféré annuler l'édition 2020. Le directeur de ce qui est sans doute le plus beau tournoi du monde a expliqué son choix à Yves Simon, notre confrère de Sudpresse.
Vidéo - Zelijko Franulovic au micro de Tennis Actu en 2017
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"Vendredi, je me suis imaginé en train d’organiser le tirage au sort..."
Habitué à la même effervescence tous les ans début avril, Franulovic s'est sans doute senti nostalgique en ce début du mois d'avril mais sait aussi que l'important est ailleurs et que le tennis n'est pas la priorité actuelle. "Vendredi, je me suis imaginé en train d’organiser le tirage au sort sur la belle terrasse des Thermes Marins de Monte-Carlo en compagnie de Fabio Fognini… Là, je suis dans mon bureau à Monaco, et si je veux me rendre au club où j’ai un autre bureau, il me faut des attestations car le site, pour rappel, est situé en France… Bref… Pour le reste, mon sentiment, c’est de la tristesse et de la déception, mais mes pensées vont d’abord, et avant tout, vers tous ces gens touchés, de près ou de loin, par cette saloperie."
"On ne reporte pas un tel prestige"
La décision d'annulation avait été prise rapidement et sans aucun doute sur un éventuel report. Zeljko Franulovic s'est d'ailleurs expliqué sur cette décision. "Vous savez, notre épreuve est extrêmement liée à son histoire et à son prestige. En avril, notre date est toujours soulignée en rouge dans le calendrier de la région, comme le GP F1 de Monaco et le Festival de Cannes ! Monte-Carlo, c’est la fête de la fin de l’hiver pour tous les passionnés de tennis en Europe. C’est le retour à la terre battue, aux premiers beaux rayons de soleil sur fond de Méditerranée… Ca fait partie de notre ADN depuis toutes ces années. Ca n’avait pas beaucoup de sens d’essayer de postposer notre épreuve pour offrir quelque chose d’improvisé et de peu conforme à nos racines. On ne reporte pas un tel prestige." a-t-il expliqué avant d'ajouter un argument logistique : "Pour notre tournoi, nous devons installer tribunes, loges, village VIP et toutes autres commodités liées à une telle épreuve, et ça nous prend près de trois mois, juste pour le montage. Si nous avions voulu organiser ce tournoi, par exemple fin septembre, on aurait dû pratiquement lancer les travaux en mai. Qui pouvait nous assurer que tout serait OK pour ça ? Personne !"
"Sur Roland-Garros : Cette non-communication, c’est le seul regret que je peux formuler."
Bien évidemment, le Serbe a été interrogé sur le cas de Roland-Garros et s'est montré très clément avec la FFT. Il comprend tout à fait ce choix même si le manque de communication reste le principal point noir de cette décision. "Les organisateurs de Roland-Garros devaient réagir et la situation est beaucoup plus complexe qu’on peut le penser. On parle ici d’un des quatre monuments du tennis mondial et d’énormes implications financières, surtout avec les derniers investissements liés à la pose du toit sur le Central. Le report en septembre était sans doute le bon choix à faire, mais les organisateurs auraient pu discuter de leur projet avec les principales instances et les représentants des joueurs : tout le monde aurait accepté ce choix. Cette non-communication, c’est le seul regret que je peux formuler." a-t-il déclaré.
"Ce serait bien une grande organisation qui chapeaute le tout"
Enfin, Franulovic a évoqué les soucis de communication et d'accord entre les différentes instances du tennis mondial. Pour lui la solution est simple : une instance qui chapeaute tout. "Depuis le temps que je suis dans ce monde du tennis, j’en ai entendu des tentatives de meilleure coopération ou collaboration : sans jamais rien voir aboutir… Moi-même, j’ai été joueur, capitaine de Coupe Davis, membre du Board de l’ATP, et maintenant directeur de tournoi : j’ai porté chaque costume de ce même sport, mais chaque costume est si différent… Chacun veut défendre son propre intérêt. Ce serait bien une grande organisation qui chapeaute le tout, en répondant aux aspirations de tous. On n’y est jamais arrivé jusqu’à présent. Peut-être est-ce le bon moment."