Tennis. ITW - Mathilde Armitano a arrêté en 2020 : "Je ne pouvais plus..."
Par Alexandre HERCHEUX le 01/03/2022 à 07:20
La reconversion d'un joueur ou d'une joueuse de tennis est toujours complexe. Passer de l'adrénaline de la compétition à un travail dit plus "classique", pas si simple. Pourtant, en début d'année 2020, Mathilde Armitano a décidé de faire un choix fort, de franchir ce cap et de reprendre sa vie en main. Dans le tennis depuis petite, celle qui est montée jusqu'au 655e rang mondial et qui a remporté deux 15 000$ a pris conscience d'une certaine usure, qu'elle n'avait pas complètement maîtrisé son projet de A à Z depuis son plus jeune âge. Après avoir passé de belles années sur le circuit, la Frenchie a senti qu'il était temps de passer à un autre chapitre, grâce ou à cause du confinement.
Vidéo - Mathilde Armitano explique son choix d'arrêter à Tennis Actu
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Pendant l'isolement, Mathilde a pu s'entraîner à son rythme. A la reprise, le constat était clair : "Je ne pouvais plus". Etudiante en parallèle de sa carrière à l'EDHEC Business School, la jeune femme, âgée de 24 ans aujourd'hui, a terminé son cursus en 2021 avec un stage au sein de l'Olympique Lyonnais avant de travailler jusqu'à présent pour l'Académie de la Haute Performance, structure créée par son ancien coach mental, Pierre David. Pour Tennis Actu, Mathilde a accepté de revenir sur ses belles années sur le circuit, sa réflexion qui l'a conduite à dire stop, et surtout sur sa reconversion qui la rend épanouie aujourd'hui. Un joli parcours à seulement 24 ans.
"Le confinement a été un accélérateur (...) Quand j’ai repris à fond en mai, je ne pouvais plus"
Mathilde, tu es hors des radars depuis ton dernier tournoi en 2019, comment ça va ?
Ça va très bien. Pas mal de choses se sont passées dans ma vie. J’ai fini mes études il y a six mois, avec un stage à l’Olympique Lyonnais. Depuis cet été, je travaille quasiment à temps plein pour l’académie de la haute-performance. J’avais arrêté le tennis avec le confinement.
Au cours de ta carrière, tu as remporté deux titres, dont le dernier lors de ta dernière saison, qu’est ce qui a fait que tu as souhaité arrêter ?
Le confinement a été un accélérateur. J’ai été une des rares joueuses à continuer de m’entraîner mais c’était à mon rythme. Quand j’ai repris à fond en mai, je ne pouvais plus. J’ai réalisé que j’étais dans une sorte d’habitude, c’est tout ce que tu sais faire, je ne pouvais plus. J’ai pris mon courage à deux mains pour arrêter et faire ce saut dans le vide.
Tu ne savais pas que c’était ta der en 2019 ?
Non non, je jouerai encore les matchs par équipes. Sur le circuit, c’était la dernière oui.
Sans le Covid, on parlerait peut-être encore de tes performances sur le circuit.
On ne sait pas ce qu’on ne sait pas mais je pense que c’était un accélérateur. Ce serait venu un peu plus tard.
Tu ressentais une usure ?
Oui, il y a eu de ça. Il y a eu pas mal d’évènements dans ma vie qui m’ont fait réaliser que ce n’était plus une priorité pour moi… hum (réflexion). Dès que j’ai vu que je n’avais plus la flamme, j’ai décidé d’arrêter.
"J’ai eu des expériences de dingue pour une fille de quasiment 25 ans. Ça m’a préparée pour la suite"
Qu’est-ce que tu retiens de ta carrière ?
Ça m’a énormément formée. J’ai commencé à 5 ans. J’ai été très forte jeune, je suis partie de chez moi à 12 ans. Une carrière riche déjà très petite. J’ai eu des expériences de dingue pour une fille de quasiment 25 ans. Ça m’a préparée pour la suite.
Qu’est-ce qui te manque le plus ?
J’aime bien l’adrénaline du début de match. J’ai commencé un peu le Padel donc je retrouve ça un peu.
Qu’est-ce que tu as le moins aimé durant ce chapitre de ta vie ?
Hum… On va dire les entraînements quand je n’en avais pas envie. D’aller pousser alors que ce n’était plus aligné. Je m’écouterais plus sans me forcer si c’était à refaire.
As-tu des regrets ? Justement d’avoir trop forcé ?
Oui… je ne sais pas si je regrette. Je ne sais pas si c’est ça qui a amené ça ou alors si je n’aime juste que jouer depuis que je suis petite sans s’entraîner etc. Quand on est petite et qu’on joue bien, on est prise dans un engrenage mais on ne prend pas le temps de choisir. Je le ressens aussi avec le padel. Comme j’ai un bon niveau avec le tennis, tout le monde te demande de voyager les week-ends etc… Non, je n’ai pas envie en fait ! (sourire)
Le haut-niveau, ce n’est plus pour toi ?
On ne sait pas. Peut-être que j’aurai de nouveau envie dans deux ans mais en tout cas, c’est comme ça pour l’instant.
Souvent, les joueurs se demandent s’ils ont été au bout de ce qu’ils pouvaient faire lorsqu’ils pensent à arrêter. Ça a été ton cas ?
Sur le coup oui. Je me suis dit que l’énergie mise dans le tennis ne me plaisait plus sous cette forme. J’avais des objectifs mais disons que ce n’est pas quelque chose qui me pèse. J’ai retrouvé une forme qui me convient plus.
Tu n’as jamais été obsédée par le Top 100 ou les Grands Chelems ?
Pas vraiment. C’était un truc qui ne venait pas de moi ça.
Comment a réagi ton entourage ?
Mes entraîneurs se rendaient compte que c’était compliqué. Ça n’a pas été un souci. Ils m’écoutaient vraiment. Quand le joueur ne tire plus le projet, c’est difficile. Dans mon cercle proche, ça a été un petit choc pour certains mais c’est la vie.
"Je travaille dans le marketing et la communication. Je commence aussi à coacher. J’ai vraiment envie de transmettre"
Tu as lancé tes études pendant ta carrière. L’objectif, c’était d’avoir un plan B ?
Je ne pensais pas à autre chose qu’être joueuse de tennis quand je jouais. Après, j’avais besoin de faire marcher mon cerveau ailleurs. C’est important de développer autre chose à côté. Parfois, des joueurs n’ont que le tennis et c’est compliqué, ça leur donne beaucoup de pression. Je savais que j’aurais une vie après le tennis. J’ai fait l’EDHEC, j’ai commencé à 18 ans et j’ai fini cet été.
Et maintenant alors ? Comment se passe ta reconversion ?
Je travaille à l’académie de la haute-performance. C’est une boîte qui accompagne les sportifs de haut-niveau à se libérer sur le plan mental. On a eu 4 médailles aux JO et c’est un truc qui me tient à cœur. Ça m’a aidée de rentrer dans ce programme-là. C’est Pierre David qui a créé ce programme, mon ancien coach mental. Je m’occupe de tout ce qui est marketing et communication. Je commence aussi à coacher.
Le coaching reste dans le tennis ?
Non là vraiment tous les sports. Il n’y a pas besoin de maîtriser un sport. J’ai eu un escrimeur, une patineuse, il y a vraiment tout.
Tu te laisses une possibilité de reprendre un jour ?
Oui, je suis encore jeune. On ne sait pas ce qu’on ne sait pas. Pour l’instant non, mais on verra.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
Continuer de m’épanouir dans ce job, d’impacter et aider les autres sportifs. J’ai vraiment envie de transmettre.
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