Tennis. ITW - Nadal : "Je voulais vraiment battre Djokovic"
Par Christophe de JERPHANION le 08/06/2014 à 23:03
Rafael Nadal a remporté ce dimanche son 9e titre à Roland-Garros, son 5e d'affilée, autre record. Il rejoint Pete Sampras avec un 14e titre du Grand Chelem. Le tout, à l'issue d'une finale qui a plus valu par son intensité que par sa qualité tennistique. Un match qui va laisser des traces physiquement, mais va donner confiance au numéro 1 mondial. Rafael Nadal est conscient d'avoir fait un pas de plus dans l'histoire de son sport, mais il sait que d'autres objectifs approchent, dont Wimbledon, où il n'a pas brillé ces deux dernières années...
Quelle valeur attribuez-vous à cette victoire de tous les records ?
J'ai toujours dit que je n'aimais pas les comparaisons. Pour moi, c'est toujours la même chose : le plus important,
c'est de gagner Roland-Garros. Les records, bien sûr, ça compte, mais on verra quand j'aurais fini ma carrière combien j'ai gagné de titres du Grand Chelem, combien d'affilée... Mais aujourd'hui, vous savez ce qui est le plus important ? C'est d'avoir gagné le plus grand tournoi sur terre battue, peut-être le plus important tournoi de l'année pour moi. C'est une victoire pleine d'émotions après ce qui s'est passé en Australie, où j'étais arrivé plein de motivation cette année. Je m'étais bien préparé pour être en forme et au plus haut niveau là-bas. J'ai très bien joué pendant tout le tournoi et je suis tombé sur Stanislas Wawrinka qui a sorti un match extraordinaire. C'était très dur de ne pouvoir disputer ce match à fond, je ne sais pas si j'aurais été capable de le battre, mais j'ai eu du mal à accepter de n'avoir pu être à 100%. J'en ai été affecté mentalement pendant quelques mois, je me battais, mais je ne me trouvais pas assez fort. Depuis un mois, j'ai senti que je pouvais jouer bien ou mal, mais que mentalement, j'étais revenu. Et ma motivation, mes bonnes sensations aussi. C'est un processus normal, il faut travailler et gagner des matches pour jouer de mieux en mieux. C'est ce qui s'est passé pendant cette quinzaine et je suis arrivé en finale en jouant bien. Et il le fallait pour battre le meilleur adversaire possible aujourd'hui.
C'est un match très difficile sur le plan physique que vous avez livré aujourd'hui, le plus dur, peut-être ?
Oui, physiquement, je me sens vidé, épuisé, exténué. Je ne sais pas si j'aurais pu jouer un cinquième set, parce que physiquement, je ne me sentais pas bien. Mais la motivation et l'espoir que, peut-être, je pouvais gagner ce match et ce tournoi, l'appétit de victoire que j'ai, voilà les raisons qui ont fait que j'ai réussi à m'accrocher jusqu'au bout. Mentalement, j'étais fort, je voulais vraiment le battre. J'ai pas mal souffert pour ça, mais j'ai su trouver les solutions quand des problèmes sont apparus, quand les échanges sont devenus plus difficiles avec un nombre de coups énorme. Mais j'ai fini par réussir à surmonter ça et à gagner le match et le tournoi.
Vous avez parlé d'émotions, on vous a vu pleurer, et Novak Djokovic également, pouvez-vous nous parler de vos sentiments ?
Ce sont des moments pleins d'émotions, en effet, pour lui comme pour moi. Il n'a jamais gagné ici, il le mérite, c'est un joueur très constant. Le public le soutenait ce qui est normal. Il a été submergé par les émotions et moi aussi. Après l'Australie, nous avons traversé des moments difficiles, mais ensuite nous avons ou avons eu de bons moments. Nous avons réussi à passer outre nos doutes, à trouver des solutions pour sortir de ces périodes compliquées. Il y a eu beaucoup d'émotions aujourd'hui. J'ai eu du mal à digérer ma défaite en Australie. C'est le
genre de défaite qui vous accompagne pendant un long moment. Depuis Madrid, je me sens beaucoup mieux, je ressens à nouveau cette intensité, cette énergie, cette force en moi. Je savais que je restais sur quatre défaites de rang face à Novak Djokovic, donc cette victoire était très importante. J'ai eu du courage, j'ai pris les bonnes décisions aux bons moments. Ensuite, quand vous êtes sur le podium, que retentit l'hymne national, que le public de ce grand court qu'est le court Philippe Chatrier, vous soutient, scande votre nom, alors, bien sûr, vous êtes submergé par l'émotion.
C'est Bjorn Borg qui vous a remis le trophée, lui qui était à votre place dans les années 70. Vous imaginez-vous revenir à Roland-Garros dans les années 2050 pour, à votre tour, remettre cette coupe à un nouveau champion ?
J'adorerais, avec un peu de chance. La présence d'anciens joueurs ou d'anciens champions qui comptent dans l'histoire du tennis, qui viennent assister aux grands événements, qui apportent leur soutien, tout cela est très important et rend ce sport plus grand encore. Bjorn Borg a fait des choses incroyables, il a révolutionné le tennis. Il en a sans doute été la première grande, grande star. Bjorn Borg a fait grandir ce sport et nous devons tous le remercier de ce qu'il a fait. Je suis un grand amateur de sport en général, mais bien sûr, le tennis tiendra toujours une place particulière dans ma vie. Alors, oui, si je suis en forme, si rien ne m'arrive, je reviendrai avec plaisir dans le futur.
Place à la saison sur gazon et Wimbledon. Quels sont vos objectifs ? Irez-vous à Halle la semaine prochaine ?
Oui, je vais aller à Halle demain. Je veux de nouveau essayer de bien jouer à Wimbledon. Je suis en bonne santé, c'est le plus important et j'espère que mon genou se comportera bien sur gazon, parce qu'il s'est mieux comporté que l'an passé sur toutes les autres surfaces. L'herbe m'a toujours posé un peu plus de problèmes, après ma blessure. Je me suis blessé ici en 2012, j'ai joué à Wimbledon avec cette blessure, et depuis, je n'ai plus jamais pu jouer un match sur cette surface. L'an passé, j'ai essayé, mais je n'étais pas assez préparé pour espérer quelque chose à Wimbledon. On va voir quelles seront mes sensations cette année, mais c'est un tournoi très important. J'ai manqué Halle l'an passé, je ne veux pas le manquer deux années de suite, même si je suis fatigué après ce match, même si mon dos m'a gêné durant toute la quinzaine. C'est le meilleur moyen de bien préparer Wimbledon, alors, j'ai vraiment envie d'y aller et d'y jouer de mon mieux. On verra bien ce qui va se passer. Je ne m'attends pas à un résultat exceptionnel à Halle parce je n'aurais pas eu assez de jours de préparation. Je vais essayer de m'entraîner un peu demain et d'être prêt pour le premier match à Halle.
Propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu.
