Tennis. ITW - Stéphane Houdet porte-drapeau aux JO de Tokyo? : "Ça me touche"
Par Alexandre HERCHEUX le 24/05/2021 à 15:36
Le tennis-fauteuil porte-drapeau aux Jeux Paralympiques, ce serait une belle fierté. Dans la liste des candidats pour être porte-drapeau aux Jeux Paralympiques, Stéphane Houdet y est inscrit. Véritable légende de sa discipline, le Tricolore vainqueur de 23 titres du Grand Chelem semble plus que légitime pour assumer ce rôle. Bien entendu, les autres membres de la liste le sont aussi et seuls les votes du public, qui auront lieu pendant tout le mois de juin, lui permettront de décrocher cette fonction si prestigieuse. Pour Tennis Actu, Stéphane a accepté de parler de ce que représente le statut de porte-drapeau mais aussi Roland-Garros qui approche et la fierté de défendre les couleurs tricolores.
Vidéo - Le Mag Tennis Actu avec Stéphane Houdet
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Quels objectifs à Roland-Garros ? "Toujours les mêmes. On cherche à remporter les titres"
Stéphane, on avait échangé pour la dernière fois à Melbourne. Comment ça va depuis ?
Plutôt bien ! Je rentre d’une semaine de stage avec l’Equipe de France à Nice. On a joué seulement à Rotterdam depuis Melbourne. On s’est entrainé plus que d’habitude, c’est le lot des joueurs en fauteuil avec les règles sanitaires. On s’adapte.
Comme tu l’as dit, tu n’as joué que Rotterdam en simple et en double depuis Melbourne. Pas trop dur de jouer aussi peu de tournois ?
On est tous logés à la même enseigne. Il n’y a pas d’alternative. On jouera au Touquet la semaine avant Roland-Garros. On essaie de matcher en stage, jouer avec des compatriotes. En Grand Chelem, on manque de repères mais c’est pareil pour tous.
Roland-Garros approche. Comment vois-tu le tournoi cette année ? Quels sont les objectifs ?
Toujours les mêmes. On cherche à remporter les titres. On sait qu’en simple c’est complexe car tout le monde peut gagner. Ça a beaucoup tourné ces derniers temps, tout le monde est fort, on est challengés et c’est ce qu’on aime.
Est-ce qu’avec les conditions de préparation particulières, les cartes ne sont pas rebattues pour ce Roland ?
Je ne pourrais pas dire ça. On manque de match mais nous sommes bien préparés. Ça fait un moment qu’on ne sait pas qui gagnera le tournoi suivant.
. @LyesHouhou est-il ? Avec le champion @HoudetStephane ! ♿�'�
— Canal Sports Club (@CanalSportsClub) May 15, 2021
Sa bio Twitter annonce la couleur 🔥 : Dr Vétérinaire Tennis Roland-Garros ðŸ†ðŸ† US Open ðŸ†ðŸ†Masters🆠19 grand chelem en double Pékin🥇Londres🥈🥉Rio🥇
▶�'� https://t.co/bVFIjRdqBv pic.twitter.com/FWFYd1Mo2Q
"Ça me touche particulièrement que la FFT m’ait présenté comme candidat pour être porte-drapeau"
Après Roland, il y aura une autre grande échéance : les Jeux Paralympiques. Tu es candidat légitime pour être porte-drapeau avec 23 titres du Grand Chelem et deux médailles d’or aux Jeux. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?
Avant d’être le porte-drapeau, le drapeau est important pour moi. A chaque fois en Coupe du Monde, nous sommes pris par l’émotion. Depuis que je suis tout gamin, si je ne pleure pas devant un film, je vais pleurer plutôt devant un podium, à l’écoute d’une Marseillaise. C’est quelque chose pour laquelle je suis sensible. En Coupe du Monde, je suis très content de jouer en deuxième après la Marseillaise car je mets du temps à digérer les émotions. J’ai souvent les yeux remplis de larmes au moment de la Marseillaise. J’ai longtemps travaillé pour le ministère des Armées et je suis très attaché à défendre les couleurs de la France à l’international. Ça me touche particulièrement que la FFT m’ait présenté comme candidat pour être porte-drapeau. C’est le public qui votera pour un binôme, un homme et une femme. Je suis flatté et en même temps le rôle du porte-drapeau, c’est celui de capitaine sachant qu’on ne se mêlera pas des entourages des athlètes, puisque chacun a son équipe. Je voudrais pouvoir donner de la visibilité et s’ils veulent échanger avec moi en pré-Jeux pour relativiser l’événement, je serai disponible.
Ce sont toujours les mêmes frissons malgré ton expérience et les années qui passent ?
Saisi par l’émotion, c’est ce que je vis lors de chaque tournoi avec du public et en même temps, il faut savoir mettre à distance l’événement. Je n’ai plus ces phases où je n’arrive pas à dormir. J’arrive à être motivé plutôt que stressé. A Pékin, quand je débarque dans le village, je découvre et je pense que ça consomme beaucoup d’énergie, comme la cérémonie d’ouverture. Les premières fois, je m’emballais en regardant les podiums et les épreuves. Il faut se canaliser sur ce point-là. Si on se prend trop au jeu de l’enjeu des copains, on peut se griller tout seul.
Tu nous parles de maturité finalement. Cette maturité ajoutée à tes 23 titres du Grand Chelem et tes deux médailles d’or aux JO, en 2008 et 2016, on peut considérer que tu es le candidat légitime. Tu es optimiste ?
La légitimité est validée par ma Fédération mais les autres candidats le sont aussi et même d’autres sportifs qui auraient pu être candidats. J’aime l’idée d’être élu plutôt que de demander. La légitimité est mathématique au départ puis c’est un amour des différents sports et des athlètes. On part en équipe. C’est toute l’équipe de France avec toutes ses disciplines.
Rdv bientôt sur @franceinfo avec @djamel_mazi et @ccouratin ... je crois qu'il se trame quelque chose... pic.twitter.com/waRKz8npWU
— Stephane Houdet (@HoudetStephane) May 16, 2021
"L’idée, c’est d’être bienveillant et présenter les athlètes et les disciplines. Tant mieux si c’est moi, et tant mieux si c’est un autre. On aura tous le même objectif, faire gagner la France"
Ce qui est assez beau, c’est la double reconnaissance : celle de ta Fédération puis celle du public.
J’aime beaucoup l’idée du vote du public. J’ai vu un sondage qui me donnait favori. Je me suis dit tout de suite que c’était comme en politique : celui en tête des sondages au départ finissait dernier ou presque ! (sourire) L’idée, c’est d’être bienveillant et présenter les athlètes et les disciplines. Le public votera et apprendra à nous connaître. Tant mieux si c’est moi, et tant mieux si c’est un autre. On aura tous le même objectif, faire gagner la France.
Les disciplines paralympiques sont souvent moins mises en avant. Tu es une exception car les gens te connaissent. Finalement, c’est génial que les autres soient mis en avant.
Tout à fait ! Il ne faudra pas oublier de présenter toute l’équipe, tous les univers. C’est ça la bonne idée. Faire en sorte que l’on connaisse mieux les athlètes. C’est la même chose dans l’univers olympique. J’aime bien le mix des univers et la possibilité de travailler tous ensemble.
As-tu peur que les Jeux soient annulés ?
Pas du tout ! Je pense qu’on a vécu plusieurs épreuves avec du monde ou sans spectateur. L’US Open par exemple, c’était magique. Il y a eu un mix à Melbourne. En même temps, les équipes d’organisation ont travaillé sur le digital pour maintenir le contact. On a des exemples de réussite d’épreuves malgré les conditions sanitaires. J’ai joué une finale de Coupe Du Monde au Japon et ils l’avaient super bien organisée donc je pense qu’il y a déjà une atmosphère créée par le niveau international de l’épreuve. Ça restera magique et je suis persuadé qu’elle sera jouée. Ma femme dit souvent que je suis trop optimiste mais je pense qu’on sait gérer maintenant.
Un titre à Roland, nomination porte-drapeau une médaille aux Jeux : tu y as déjà pensé ?
Je fais un par un. Se projeter sur une médaille alors qu’il y a Roland, ce serait se tromper. D’une façon générale, j’aime bien me dire que mon plus beau souvenir sera le suivant. On verra Roland, Wimbledon, les Jeux et l’US Open.

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