Tennis. Match de légende - Nadal-Tsonga Open d'Australie 2008
Par Romain Conversin le 08/02/2013 à 22:11
Coup de tonnerre sur la Rod Laver Arena ! Au terme d'un match mené d'une main de maître, Jo-Wilfried Tsonga, numéro 38 mondial s'offre l'ogre Rafael Nadal en trois petits sets (6-2, 6-3, 6-2). L'Espagnol est tombé sur un Tsonga sur un petit nuage qui a régalé le public australien. Aujourd'hui encore, ce match du Manceau peut-être classé dans le top cinq de ses meilleurs performances. Récit.
D'où vient ce Français ? C'est ce qu'ont dû se dire la plupart des Australiens pendant que le tricolore effectuait le plus beau tournoi de sa carrière. Jo-Wilfried Tsonga avant l'Open d'Australie 2008, c'est un joueur qui est dans le top 50 depuis moins d'un an, un joueur qui se révèle peu à peu mais qui n'a pas encore réalisé la performance qui lui permettrait de se faire connaître par le grand public. Le Français a réalisé son premier coup dès le premier tour où il s'est payé la tête de série numéro 9, Andy Murray, qui n'était pas encore le numéro 3 solide qu'il est aujourd'hui. Une entrée en matière qui a eu le mérite de booster la confiance du Manceau.
Ensuite ? Le Français a eu deux tours plus simple à gérer en écartant Sam Warburg et Guillermo Garcia-Lopez. En huitièmes, il a pris le meilleur sur son compatriote Richard Gasquet, huitième mondial à l'époque puis Mikhail Youznhy (TDS n°14) en quart de finale. Alors oui « Jo » avait réalisé un parcours superbe jusqu'au dernier carré, mais la plupart des observateurs s'attendait à ce que l'aventure australienne du Manceau soit stoppée violemment face au numéro 2, Rafael Nadal. Même si l'Espagnol avait déjà réalisé sa meilleure performance en Australie grâce à cette demi. Le taureau de Manacor avait beau être deuxième mondial, il était encore un peu léger sur dur.
Mais qui aurait pu parier sur cette issue ? Pas grand monde voire personne. Pourtant dès le début du match, le patron sur le court c'est bel et bien le numéro 38 mondial. Il breake d'entrée l'Espagnol. Mais outre le fait qu'il mène au score, le Manceau impressionne avec son coup droit massue, son revers qui tient bien face aux frappes de Nadal et surtout une volée à l'efficacité froide, avec un peu de réussite quand même, sans oublier ce service puissant qui lui offre beaucoup de points gratuits. Nadal ne suit plus. Lui qui défend si bien d'habitude, ne peut rien faire face à « Jo » évoluant manifestement sur une autre planète. Le premier set dans l'escarcelle, Tsonga reste sobre et concentré, le public, de son côté, est en furie.
L'exploit est en marche, mais on connaît tous Nadal et sa force mentale, et on sait donc que rien n'est joué d'avance face à l'Espagnol et on craint que Tsonga ait du mal à tenir ce niveau tout le long du match. Et pourtant... La deuxième manche est une copie conforme du premier set. Les volées amorties gagnantes s?enchaînent, le coup droit est toujours aussi saignant et perce violemment la muraille défensive pourtant solide de l'Espagnol. Le revers du Français parvient même à faire la différence alors que c'est censé être son coup faible. « Rafa » se raccroche quand même aux points qu'il parvient à gagner en s'invectivant. Mais lorsque le Français sert pour le set à 5-3, il nous offre un festival d'ace : 3 d'affilée. Même sur les hawk-eyes, Jo a de la réussite.
On ne peut pas y croire, mais notre tricolore mène bien 6-2, 6-3. On commence à voir l'exploit venir même si on ne peut s'empêcher d'avoir peur que Rafael Nadal renverse cette situation compromise et on sait qu'il en est capable. Mais face à ce Jo-Wilfried Tsonga là, n'importe qui aurait pris une raclée. Le Français continue son récital serein, sans montrer une once de doute. Il est invincible et il le sait. Nadal se procure trois balles de break dans le troisième set et reprend (un peu) espoir. Jo calme de suite le Majorquin en effaçant ces trois occasions avec brio et en tenant son service. Totalement impuissant, Rafael Nadal va se faire submerger une nouvelle fois par Tsonga, qui, comme un symbole, va conclure son match sur un ace ! Il en aura fait 17 au total. Le Français déclarera à la fin du match que lui aussi a été surpris par son niveau de jeu. «C'était l'objectif de lui faire mal, de ne pas le laisser évoluer. J'ai fais un gros match dans tous les domaines, et en plus j'avais la réussite avec moi. Pas grand monde ne pouvait m'arrêter. Après le match, je me suis dit que ce n'était pas possible, que c'était un rêve et qu'il allait forcément s'arrêter»
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La suite est un peu moins reluisante pour le Français. Qualifié pour la finale face à Novak Djokovic qui, lui aussi, a crée l'exploit en sortant le tenant du titre, Roger Federer, « Jo » a un coup à jouer. En effet, Novak n'était pas le numéro 1 en puissance qu'il est aujourd'hui. Il n'avait pas gagné de tournoi du Grand Chelem, mais restait sur une finale face à Roger Federer à l'US Open. Cependant, après un premier set d'un gros niveau, Jo a craqué et pourra nourrir quelques regrets. Depuis, Novak Djokovic est devenu un jouer au niveau stratosphérique et il s'est solidement installé sur le trône de numéro 1 mondial. Il détient maintenant la bagatelle de 6 tournois du Grand Chelem. Jo, quant à lui, court toujours après un premier majeur et le temps presse.

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