ATP - Dustin Brown, un OVNI du circuit
Par Christophe PERRON le 13/06/2014 à 20:02
Vainqueur de Rafael Nadal à Halle au terme d'un véritable show, Dustin Brown a encore fait le spectacle ce vendredi contre Philipp Kohlschreiber, avant de s'incliner au terme d'un match complétement fou. Reconnaissable à ses fameuses dreadlocks, l'Allemand ne passe pas inaperçu avec sa coupe de cheveux et ses tenues flashies. Mais au delà de son look, Dustin Brown est un joueur différent, au parcours singulier et attachant.
Nadal et Hewitt à son tableau de chasse
Assister à un match de Dustin Brown c'est l'assurance de voir des coups que l'on ne voit nulle part ailleurs. Volée de revers liftée sautée, coup droit chopé, amorties, lobs dans tous les sens, coups entre les jambes, Dustin Brown est la définition même du joueur d'instinct. Avec lui, chaque point est une aventure, et sa petite cuisine peut être très indigeste, même pour le numéro un mondial Rafael Nadal.
Grâce à une solide première balle, une belle envergure à la volée (1m96) et un physique presque aussi élastique que son partenaire de double à l'Open d'Australie Gaël Monfis, c'est sur gazon que son jeu s'exprime le mieux. L'année dernière c'est dans le cadre feutré de Wimbledon que Brown l'extravagant avait signé la meilleure performance de sa carrière, en sortant l'ancien vainqueur du tournoi Lleyton Hewitt au second tour.
Avant de rendre les armes contre Adrian Mannarino. Car le 85e joueur mondial (82e en mai, 43e en double en 2012) a, pour faire dans la litote, un jeu loin d'être sans risques. Avec lui, ça passe parfois, mais ça casse souvent, sinon, il n'aurait pas passé la majorité de sa carrière sur le circuit secondaire.
Sur le circuit avec… son van
Né le huit décembre 1984 près d'Hanovre, d'une mère allemande et d'un père jamaïquain, Dustin Brown commence le tennis à l'âge de cinq ans en Allemagne, avant de rejoindre la Jamaïque en 1996. De 2004 à 2007, c'est dans son fameux van Volkswagen, que Brown a parcouru l'Europe pour jouer les Futures et les Challengers. Un van offert par sa mère pour économiser les coûts de transport et permettre à son fils de réaliser son rêve, faute de soutien de la part de la fédération jamaïquaine de tennis.
« C'était un assez grand Camper avec trois lits et une cuisine, donc je pouvais économiser un peu d'argent en me faisant ma propre cuisine. Et je m'y suis bien fais. Vous devez vous débrouiller seul, mais on s'y fait. Je voyageais souvent avec un ami c'était un peu l'aventure ! » racontait-il aux médias en 2010 après sa première victoire en Grand Chelem, à l'Us Open. Dreadlocks, reggae et van Volkswagen, on imagine la tête des directeurs de tournoi au moment de voir débouler « Dreddy »…
A bientôt trente ans, Dustin Brown a troqué son van pour l'avion, lui qui ironie du sort, est maintenant sponsorisé par une compagnie aérienne allemande qui lui paie tous ses déplacements. A Wimbledon sur son gazon chéri, personne ne voudra prendre le fantasque Dustin au premier tour, mais tous les spectateurs qui en voudront pour leur argent iront voir "Dreddy" à l'oeuvre.
"Si les organisateurs de Wimbledon connaissent quelque chose à la programmation, ils doivent mettre Borwn sur un court diffusé à la télé. Ce gars est 100 % box-office"
— Dustin Brown (@DreddyTennis) 13 Juin 2014