Tennis. FFT - Mouratoglou veut réformer le tennis français

Échaudé par la défaite de l'équipe de France en finale de Coupe Davis face à la Suisse, Patrick Mouratoglou avait pris le relais de Yannick Noah en critiquant publiquement le fonctionnement global autour de cette équipe. Jeudi, l'entraîneur de Serena Williams s'est longuement exprimé sur le sujet au cours d'un entretion avec le site Yahoo. Coupe Davis, disette des français en Grand Chelem, formation des joueurs et des entrâineurs, tout y passe. Le directeur de l'académie la plus célèbre de France propose même un plan pour réformer le tennis français. Morceaux choisis.

"Les joueurs français ne gagnent pas de tournois du Grand Chelem"

"La Fédération Française de Tennis est l’une des meilleures au monde. [...] Nous produisons un nombre incalculable de très bons joueurs et sommes régulièrement parmi les 3 pays avec le plus de joueurs dans le top 100 mondial. Seulement, les joueurs français ne gagnent pas de tournois du Grand Chelem depuis la victoire de Yannick Noah en 1983. En revanche, des petits pays en taille, en nombre de licenciés et avec des Fédérations infiniment moins riches et organisées raflent la mise. [...] Il est temps d’y remédier."

Patrick Mouratoglou qui a rencontré Gilbert Ysern, le directeur général de la FFT en début de semaine a désormais envie de s'investir avec la fédération pour faire bouger les choses dans le tennis français, et il ne s'en cache plus.

"Je dirige l’Académie de tennis que j’ai créée depuis plus de quinze ans. Nous y entrainons des jeunes de tous horizons, des professionnels, des Champions avec une grande réussite. Nous avons remporté avec nos joueurs 3 titres de Champion du Monde Junior, participé à plus de 10 finales de Grand Chelem Junior, amené plus de 20 joueurs dans le Top 100 mondial. Je suis déterminé à mettre cette expérience au service du tennis français. Je ne suis aucunement dans une démarche négative, bien au contraire. J’ai la naïveté de penser que les choses peuvent évoluer, et la détermination de mener ce combat pour le bien du tennis dans notre pays et je m’engage à faire tout mon possible pour apporter ma contribution au Grand Projet du Tennis Français. "

Ses propositions pour réformer le tennis français :

1. Rassembler les énergies et les compétences : "Cessons donc d’opposer public et privé, et rassemblons les forces sur lesquelles la France doit s’appuyer. Le DTN pourrait agir en Général des armées et mettre en place une équipe composée des meilleurs éléments : ceux qui ont fait leurs preuves, ceux qui souhaitent s’engager. [...] Je suis personnellement déterminé à m’engager aux cotés de la Fédération pour réfléchir à des propositions pour aider les joueurs français à accéder à plus d’efficacité."

2. Permettre aux joueurs de choisir la structure d’entrainement la mieux adaptée : "Un pays dans lequel la concurrence est tuée est un pays qui perd sa compétitivité. Je ne remets pas en cause la qualité du travail des coachs fédéraux, mais je pense que la solution d’entrainement fédérale ne peut correspondre aux besoins de la totalité les joueurs. Nous devons offrir et proposer diverses options. Aujourd’hui la concurrence est tuée par l’argent." 

3. La formation des coachs : "La réussite d’un pays est souvent le fruit de la qualité de son enseignement. Nous avons de très bons entraineurs en France, d’excellents techniciens. Je le mesure chaque jour en faisant passer des entretiens et en testant sur le court des candidats aux postes de coachs dans mon Académie. [...] Les entraineurs français doivent devenir des coachs, apprendre à entrer dans le monde de leur joueur pour parvenir à leur faire mettre en place des stratégies gagnantes, à leur faire faire les modifications nécessaires."

4. Améliorer encore notre système de compétition : "Les tournois sont indispensables dans la formation des joueurs. Certains régions manquent cruellement de tournois à certaines périodes de l’année. [...] Nous comptons sur la Fédération pour accepter les dossiers et ne pas freiner ces initiatives qui vont dans le sens du rayonnement de la France a l’étranger, qui permet aux jeunes de se mesurer aux meilleurs mondiaux dans leur catégorie d’âge."

5. Utiliser les structures privées : ""Mon Académie est située sur la Côte d’Azur. Nous construisons actuellement ce qui deviendra le meilleur outil d’Europe pour former les jeunes en terme d’infrastructures. Novak Djokovic et Serena Williams s’y entrainent régulièrement pour ne citer qu’eux. [...] Je suis disposé à permettre à tous les joueurs professionnels français d’y accéder ainsi qu’aux meilleurs jeunes. Mon Académie pourrait bénéficier au tennis français et devenir un lieu d’échange entre coachs fédéraux et privés."

6. La Culture de la gagne : "Dans le sport de haut niveau, notre baromètre c’est la victoire. Nous devons enseigner cette culture de la gagne dès le plus jeune âge, rendre nos joueurs plus déterminé, plus ambitieux."

L'interview en intégralité ici