Tennis. INTERVIEW - Jérôme Boulay, Villiers-le-Bel en finale : "On y va pour gagner"
Les Championnats de France livreront leur verdict ce samedi 30 novembre à Colomiers. La finale de Pro A féminine aura lieu entre les clubs voisins d'Eaubonne et de Villiers-le-Bel. Ce dernier, emmené par Jérôme Boulay, a créé la sensation puisqu'il venait de monter en 2023. Grâce à un parcours quasi-parfait, les Val d'Oisiennes se sont offert le droit de rêver. Plus qu'une finale, c'est la récompense d'un travail de plusieurs années et une stabilité trouvée pour le club du 95... qui compte bien défendre ses chances à fond ce week-end, dans le Sud. "L'objectif était surtout de se maintenir (...) mais on y va pour la gagner" a reconnu le capitaine de la formation beauvillésoise à Tennis Actu.
Vidéo - Jérôme Boulay (TC Villiers-le-Bel), avec Tennis Actu
"Au départ, on n'avait pas la prétention de se retrouver en finale"
Jérôme Boulay, votre équipe de Villiers-le-Bel s'apprête à disputer la finale des Championnats de France de Pro A ce samedi. C'était plutôt inattendu non ?
Oui, bien sûr, c'est inattendu. Au départ, on n'avait pas la prétention de se retrouver en finale de Pro A. L'objectif était surtout de se maintenir sur notre première édition. Mais les circonstances ont été favorables, surtout en double où on arrive à performer régulièrement depuis de longues années. Les doubles nous font beaucoup de bien, et avec les circonstances comme la victoire de La Roche-sur-Yon contre Boulogne-Billancourt, ça a facilité les choses pour qu'on puisse se retrouver en finale.
Le double, c'est vraiment un domaine sur lequel vous pouvez vous reposer lorsqu'il y a quelques déconvenues en simple ?
Exactement. C'est arrivé plusieurs fois que nous soyions menés 3-1 ou à 2-2 à l'issue des simples, et gagner les deux doubles à chaque fois en Pro B, c'est ce qui nous a permis de monter en Pro A et d'accéder à l'élite nationale. L'objectif, c'est de s'entraîner régulièrement en double, et tout le recrutement fait sur ces cinq ou six dernières années, ce sont surtout des joueuses performantes en double.
Y avait-il un objectif précis avant de débuter cette phase de poules ?
Oui, c'était le maintien. En 2022, on manque la montée en Pro A d'un rien, sur un double décisif. L'an passé, on remporte cinq matchs, ce qui nous permet de monter en Pro A. Donc on s'est dit qu'il fallait d'abord essayer de se maintenir. C'était vraiment le but. Se retrouver en finale, c'est inattendu mais on va la jouer à fond. On est déjà vice-champions de France, mais on va essayer de ne pas s'arrêter là.
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— TennisActu (@TennisActu) November 25, 2024
"Je ne vais jamais prendre une joueuse sans l'accord des autres"
Il y a plusieurs joueuses étrangères dans l'effectif (la Polonaise Weronika Falkowska, la Roumaine Arina Vasilescu, l'Espagnole Yvonne Cavalle Reimers et l'Anglaise Ali Collins). Comment se passe la cohésion et la relation entre les filles ?
Ça se passe toujours très bien car les joueuses se connaissent entre elles. Je ne vais jamais prendre une joueuse sans l'accord des autres. C'est très important. C'est ce qui fait la force du groupe. Avant de récupérer une joueuse dans le club, j'en parle à tout l'effectif. Il faut que ce soit unanime, et pas qu'une seule joueuse me dise 'Non, je ne veux pas', pour pleins de raisons. Ça se ressent vraiment. L'ambiance du groupe est exceptionnelle. Toutes les joueuses qui arrivent au club sont "sous l'identité d'une autre", c'est à dire amenées par une autre joueuse. Depuis de longues années, il n'y a aucun incident dans le groupe. C'est ce qui fait la force de l'équipe, une grosse cohésion.
L'effectif est-il stable depuis quelques années ?
Oui, on essaie de ne pas trop tourner l'effectif pour que l'alchimie et les repères se fassent. Les filles se connaissent bien car elles se retrouvent sur le circuit, dans des pays respectifs. On essaie de ne pas trop bouleverser le groupe. Une ou deux fois par an, une joueuse vient renforcer l'équipe, mais on essaie de garder une ossature importante.
"Au club, entre 54 et 55% des licenciés sont des femmes"
Le club de Villiers-le-Bel a davantage de licenciées féminines que masculins. Y a t-il un projet centré sur le tennis féminin ?
Il y a un très gros projet. On a mis beaucoup d'actions en place pour recruter des adhérentes femmes, et pour les fidéliser. C'est une politique sportive que je mène. Depuis le départ d'Isabelle Demongeot en 2005, il y a eu une grosse chute du tennis féminin. Désormais, entre 54 et 55% des licenciés sont des femmes. C'est un très beau pourcentage et il n'y a pas que le haut niveau, qui représente 10% de notre temps de travail. On met des actions en place pour le tennis dans les quartiers, le tennis sport-santé et aussi le tennis à l'école.
Cette finale de Pro A peut également mettre en lumière le club et donner envie à des joueuses de venir.
Bien sûr. Alors, le haut niveau c'est bien, mais tout part de la base. On a 250 heures d'enseignement du tennis à l'école dans l'année. Il y a également 40 à 50 patients par semaine pour le tennis santé, mais c'est vrai que ça peut créer des vocations. Fidéliser ce public féminin restera un objectif. Par exemple, Alba Carrillo Marín est dans le club depuis 12 ans et joue encore avec l'équipe première. Ces exemples font que Villiers-le-Bel a une grande force dans le tennis féminin.
Les championnats de France de Pro A reprennent avec les finales messieurs et dames prévues le 30 novembre 🔥 pic.twitter.com/jwhxMmLfNI
— FFT (@FFTennis) November 6, 2024
"On va à Colomiers pour la gagner"
Vous avez parlé de "bonus" mais vous dites aussi que vous allez jouer la finale à fond. Y a-t-il de la pression ?
Je pourrais vous envoyer les vidéos de mes joueuses qui ont appris qu'elles étaient en finale. C'est juste exceptionnel et cela permet de voir la force du groupe. On y va pour la gagner. S'il n'y a pas de stress pour une finale des Championnats de France, je ne sais pas quand il y en aura. C'est un bon stress et une bonne motivation avec le club d'Eaubonne avec qui on s'entend très bien. Ce sera un derby passionnant et surtout une grande fierté du 95 d'avoir un club qui sera champion de France.
Le Val d'Oise connaîtra sa deuxième équipe championne de France. Une bonne chose pour le département ?
Le département nous aide beaucoup dans ce projet. Sans lui, on aurait sûrement d'autres ambitions. Il y a aussi tous les partenaires, qui ne seront pas tous présents. Cette finale n'était pas prévue dans le calendrier et les agendas de nos sponsors. On espère qu'on sera suivi de loin par ces personnes, et les supporters et membres du club. On espère qu'on reviendra avec le trophée.