Tennis. INTERVIEW - Mathilde Armitano, son livre disponible : "Le burn-out, je l'ai vécu"

"J’ai été surprise que le tennis ne me manque pas. Je n’étais pas consciente d’être autant en souffrance à ce moment quand j’y étais."

Mathilde, tu avais expliqué en 2022 à Tennis Actu ta décision d’arrêter ta carrière. Comment se passe la nouvelle vie ?

Ça se passe très bien. Quand j’ai arrêté, c’était un peu le vertige mais je sentais déjà un apaisement. Ça s’est confirmé tout au long. J’ai été surprise que le tennis ne me manque pas. Quand je vois les joueurs en tournois, je me dis que je n’aurais pas envie d’être à leur place. Je n’étais pas consciente d’être autant en souffrance à ce moment quand j’y étais. Ça se passe bien, je suis heureuse. Il y a le bouquin qui va sortir, j’ai de l’activité. Je m’éclate bien.

Tu as décidé d’écrire un livre. « Au-delà du jeu », qui sortira le 22 mai. L’idée, donner des clés pour un équilibre entre bien être et performance ?

Oui, c’est ça. Remettre l’être humain au centre et comme le dit le sous-titre : libérer son potentiel et performer sans sacrifier son bien-être. J’ai raconté mon histoire, ce que j'ai traversé. La performance à outrance, le burn-out, la petite mort ensuite… Donner des clés pour réussir sans souffrir.

"Tu voyages seule, tu manges seule… Après une défaite, un match accroché, t’es seule…"

Ton objectif était de dévoiler ce que tu as compris dans ton parcours en évoquant certains échecs et guider les autres ?

Oui, c’est l’idée. De prendre du recul… Même le terme échec…On ne peut parler d’échec que si on se limite dans le temps. Avec du recul, il n’y a pas d’échec ou de réussite, ou alors ça peut être les deux. C’est ça le fondement du livre, cette loi de l’équilibre.

Ton expérience dans le tennis t’a permis de vivre certaines situations complexes. On parle de plus en plus de la solitude dans le tennis, notamment sur le circuit secondaire. Tu as subi cette difficulté ?

Complètement. Je l’ai subie. Je suis introvertie, j’aime ça, mais c’est assez pesant. Les deux tournois que j’ai pu gagner, j’étais accompagnée. Ça coûte de l’argent donc on est souvent seul. Chez les filles, c’était plus dur quand je jouais. Tout le monde était dans son coin alors qu’il y avait plus de proximité chez les garçons.

Quels sont les moments les plus durs ?

J’ai envie de dire après une défaite. Tu voyages seule, tu manges seule… Après une défaite, un match accroché, t’es seule… C’est difficile même si ça développe une grande autonomie. Ça demande une vraie force mentale.

"Le burn-out vient en mettant son objectif sur un piédestal"

Tu as parlé de burn-out, peux-tu nous en parler ?

Je l’ai vécu. En tant que sportif, on est identifié à ce qu’on fait. On se juge dans la performance, peut-être plus en tant que femme encore. Il faut toujours faire plus. Tu perds un match, il faut s’entraîner encore plus pour ne plus que ça arrive. On est pris dans ce schéma. Tu deviens un automate qui veut tout contrôler, tu ne te reposes pas. Tu oublies le plaisir… C’est ça qui amène au burn-out. Cette incapacité de se reposer. On te parle de temps de passage, on est dans une course contre-la-montre incessante. Le système de classement est très dur. Il y a des tournois partout toute l’année, donc tout le monde marque des points. Le burn-out vient aussi en mettant son objectif sur un piédestal. Il faut remettre l’être au centre, en se concentrant sur qui on est, qu’on sera heureux et que la performance arrivera. Si tu te concentres trop sur gagner, tu t’éloignes de la victoire.

C’est vraiment intégrer que tant qu’on sera sur terre, on aura envie d’avoir des résultats. Il faut accepter ça mais aussi se connecter à la partie être, qui ne doit pas changer selon les résultats. Accepter qui on est mais aussi ce monde de compétition. C’est cette libération qui permet de s’épanouir.

Tu avais aussi évoqué le projet qui t’échappe, qui ne t’appartient pas.

Tu sens que tu rends fiers les gens que tu aimes. Tu es l’espoir du tennis français et tu finis par jouer pour les autres. Ça va de l’intérieur vers l’extérieur plutôt que l’inverse.

"Voir l’argent comme un moyen et pas comme un but"

Et l’argent ? C’est aussi une forme de pression. Elle a pesé sur toi ?

Carrément. J’ai vécu ça en étant en dehors du Top 100 forcément. Tu es tributaire de l’aide des parents, des sponsors ou encore des matchs par équipes. C’est aussi voir le bénéfice dans tout ça. Beaucoup de joueurs ont cette pression mais c’est aussi transformer ça en fioul. Prendre en main son projet et renverser ça. De voir l’argent comme un moyen et pas comme un but. C’est vraiment du cas par cas car chaque joueur a sa relation à l’argent.

Aurais-tu des conseils que tu juges importants pour s’épanouir en tant que sportif de haut-niveau ?

En parlant de l’argent, un cas me revient en tête. C’est avec un entrepreneur. Il me disait qu’il avait besoin de 20 000 euros par mois pour être plus serein. Je lui ai demandé ce qui lui permettrait de prendre de meilleures décisions. Il m’a dit qu’il serait plus apaisé. Je lui ai dit de se concentrer là-dessus et ensuite l’argent viendra. Si tu es joueur de tennis, on fait passer le résultat avant. Sauf que c’est une illusion. Si tu es Top 100, tu as d’autres problèmes. Le but, essayer d’avoir les sentiments que l’on espère atteindre. Se concentrer sur son état interne. Quand tu apprends à être heureux avant même d’avoir la coupe, c’est là que tu as gagné.

"Si vous souhaitez vous rencontrer pleinement, libérer votre potentiel, trouver votre voix et votre voie..."

Tu aides les sportifs de haut-niveau mais pas que. Tu t’es diversifiée.

Oui, j’aide aussi des artistes, des écrivains, des directrices financières… C’est varié. On travaille sur l’être donc c’est un peu la même chose, sportif ou non.

Et dans ta nouvelle vie, le tennis a-t-il encore une place ?

Oui oui ! J’ai joué au padel cet hiver et là je me remets au tennis. Depuis que j’ai fini le livre, j’ai l’impression que je prends encore plus de plaisir au tennis. Il y a encore de la place pour le tennis.

Retrouver le circuit, ce n’est pas une option ?

Il ne faut jamais dire jamais mais…en tout cas, ce n’est pas une option aujourd’hui.

Pour terminer, pourquoi acheter le livre ?

Si vous souhaitez vous rencontrer pleinement, libérer votre potentiel, trouver votre voix et votre voie, le livre sera intéressant pour vous !

Le livre Au-delà du jeu, disponible dès le 22 mai 

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À travers des anecdotes personnelles, des réflexions profondes et des cas pratiques inspirés de sa carrière de joueuse de tennis professionnelle et de coach, Mathilde Armitano révèle les principes essentiels et universels qui permettent d'être pleinement soi et de performer dans la joie.