Tennis. ITW - Guy Forget : "Nicolas Mahut N°1, extraordinaire !"

Lundi, Nicolas Mahut sera sur le toit du monde. Il sera numéro un mondial du classement ATP de double. La défaite des frères Bryan en finale de Roland-Garros contre Feliciano et Marc Lopez – couplée à l’élimination plus précoce du Brésilien Marcelo Melo – lui offre ce bonheur. Seul un Français avait atteint cette hauteur, c’était Yannick Noah, en 1986. Malgré leur indéniable science, ni Guy Forget (3^e), Michaël Llodra (3^e) ou encore Fabrice Santoro (6^e) n’avaient pu saisir cette opportunité. Guy Forget nous avait accordé un entretien "prémonitoire" au mois de mai.

Comment réagissez-vous à cette place de numéro un mondial que vient de décrocher, par défaut certes, Nicolas Mahut ?

Cela fait des années qu’il est sur le circuit et avoir ce trophée, c’est extraordinaire. Je suis content pour lui. Depuis quelques années, enfin il montre son véritable visage. Il a gagné des titres en simple, un Grand Chelem en double et plusieurs Masters 1000 à la suite. C’est la récompense de ce travail. Je note qu’il joue un tennis classique, à l’ancienne en double. Je suis un fervent admirateur de ce genre de tennis. Il a galéré. Parfois, on a pu l’accuser sur un certain match de ne pas avoir été à la hauteur (NDLR : probablement le match de coupe Davis en Angleterre, l’été dernier). Il montre que cette place en sélection n’a pas été usurpée.

Nicolas doit évidemment beaucoup à son nouveau partenaire, Pierre-Hugues Herbert...

La première qualité d’un joueur de double, c’est d’être tolérant, altruiste. Parfois, on peut avoir envie de casser sa raquette sur la tête de son partenaire et puis, finalement, on lui tape sur l’épaule en lui disant ‘’Ce n’est pas grave’’. En général, les très bons joueurs de double ont beaucoup d’affection pour leur partenaire, il ne peut pas en être autrement.

En tant que capitaine de coupe Davis, vous avez toujours eu du mal à convaincre Tsonga ou Gasquet de jouer plus régulièrement le double...

Quand je parlais à Richard, j’insistais sur l’importance de jouer le double. Je leur disais "Ca va vous rendre meilleur en simple" car certains étaient perfectibles en retour, sur les premières volées, de savoir partir au bon moment pour boucher un passing-shot pour boucher le couloir. Il n’y a pas meilleure école que le double. Et plutôt que de taper une heure avec son coach intercepter. Je regrette que trop peu souvent ils l’aient fait.

Vous pensez que Yannick Noah va être sensible à tout ce contexte. Car en Guadeloupe, il a semblé vouloir s’appuyer sur les quatre meilleurs ?

Je suis convaincu que Yannick  va prendre ça en ligne de compte. Comment pourrait-il en être autrement ? Un sélectionneur, c’est quelqu’un qui s’adapte. Deschamps, un jour, il joue avec Benzema, un jour avec Griezmann. Ca dépend de la forme du moment. Peut-être que Richard et Jo vont gagner des titres. Mais si Yannick voit une équipe qui gagne tout, c’est tentant. A lui de se creuser les méninges.