Tennis. ITW - Lola Marandel vit son rêve américain : "Le Bac, et le tennis !"
Par Alexandre HERCHEUX le 07/05/2020 à 18:15
A seulement 18 ans, on peut avoir beaucoup de maturité, d'ambition, et de caractère. C'est ce que nous a montré Lola Marandel, actuellement à Palm Beach, en Floride, et qui a très gentiment accepté de parler de sa nouvelle vie américaine à Tennis Actu. Très prometteuse depuis le plus jeune âge, Lola avait marqué les esprits en raflant en 2019 le championnat de Lorraine Seniors, seulement un mois après avoir raflé le titre en Juniors.
Vidéo - De Cannes à Palm Beach, Lola Marandel vit son rêve américain
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Mais voilà, alors que tout semblait sourire à la Frenchie, une terrible blessure, une rupture des ligaments croisés, l'a éloignée des courts pendant près de 9 mois. Membre de l'Elite Tennis Center de Jean-René Lisnard à Cannes jusqu'en début de saison, la Lorraine a décidé de changer d'air et de filer en Floride, à Palm Beach, chez son nouveau coach, Charles-Edouard Maria, mari et coach de la 93e mondiale, Tatjana Maria. Le rêve américain est donc lancé même si Lola ne compte pas s'arrêter aux frontières floridiennes.
"On m’a proposé de venir à Palm Beach pendant 3 mois"
Comment vas-tu ? Comment ça se passe le confinement en Floride ?
Tout va bien ! C’est plutôt un mal pour un bien pour moi parce que je peux m’entraîner tous les jours. Aujourd’hui je suis en repos l’après-midi. Ça fait 7 semaines que je suis en confinement. Je suis partie de Cannes où j’étais depuis 4 ans avec Jean-René Lisnard. Tout se passait bien mais je me suis blessée l’année dernière, rupture des ligaments croisés. Pendant 9 mois j’étais en rééducation, je suis d'ailleurs allée à Capbreton, (au CERS) pendant 1 mois. Ensuite j’ai travaillé le haut du corps, j’ai repris en décembre et les tournois en janvier. On m’a proposé de venir ici pendant 3 mois avant de reprendre les tournois ensuite. Mais avec le confinement, ça va être un peu plus long que prévu sûrement. J’ai deux séances tennis et une physique par jour avec du repos le mercredi, le samedi après-midi et le dimanche. Je rattrape un peu le temps perdu pendant 9 mois.
Ça fait tout juste un mois que tu es arrivée à Palm Beach, en Floride. Pourquoi as-tu choisi de quitter Cannes et de t’envoler pour les Etats-Unis ?
Moi ce que je voulais, c’était avoir un coach privé. A Cannes, je n’avais pas la possibilité d’avoir juste un coach. Après mon opération, je me suis dit qu’il fallait absolument que j’aie un coach qui me suive en tournoi, qui s’occupe de moi. Aujourd’hui j’ai envie d’un programme physique personnalisé et aussi au niveau du tennis. Pour l'instant, Charles-Edouard me coache durant le confinement et nous verrrons ensuite.
"J’ai eu l’opportunité de travailler avec Charles-Edouard Maria"
Tu as un nouveau coach Charles-Edouard Maria, mari de Tatjana Maria, joueuse du top 100. Quand est-ce que tu l’as rencontré et qu’est ce qui a fait qu’il soit devenu ton coach aujourd’hui.
J'ai eu l’opportunité de travailler avec Charles-Edouard parce que sa femme attend un bébé (Tatjana Maria, 93e mondiale). Elle peut s’entraîner en sparring avec moi pendant 3 mois. Elle joue 1h30 avec moi par jour. En plus avec le confinement, j’ai le temps de revenir physiquement et tennistiquement. Charles-Edouard ne me suivra pas en tournoi.
J’imagine que le fait de pouvoir t’entraîner avec une top 100 a aussi pesé dans la balance ?
Oui parce que Tatjana venait quelque fois s’entraîner avec moi à Cannes. Donc pour moi c’est super, je me rends compte du travail et je pense qu’il y a moyen que je sois top 100 si je suis à 300%.
Est-ce que tu peux nous parler de ta rencontre avec le couple Maria ?
J’avais 9 ans, j’étais ramasseuse de balle à Contrexéville. D’ailleurs mon premier point WTA, je l’ai eu à Contrexéville. Comme j’étais championne grand-est seniors et dans ma catégorie j’ai eu la wild-card et j’ai pu passer 3 tours et donc avoir mon premier point WTA avant de me blesser.
Comment s’est produite ta blessure ?
En tournoi, j’ai eu cette blessure à Cannes. Pour ma rééducation, je ne me suis pas arrêtée, j’étais au kiné tous les jours au CERS à Capbreton. Avant de venir aux Etats-Unis, j’ai fait une IRM et il n’y a plus de soucis, mon genou est même plus fort que l’autre donc du coup je suis rassurée.
J’imagine que ça a été d’autant plus dur que les croisés sont plutôt la blessure du footballeur…
Il y en a de plus en plus dans le tennis. Maintenant c’est de plus en plus fréquent. Evidemment ça a été long mais je me suis dit que je reviendrais plus forte. On réfléchit un peu sur tout et on voit les choses différemment. Je me sens mieux et j’ai beaucoup plus la niaque.
J’imagine que ça a été une épreuve compliquée de ta jeune carrière ? As-tu douté ?
Pas du tout, j’étais déterminée. Voilà j’ai repris trop tôt. Je n’aurais pas dû reprendre en janvier car je n’étais pas prête physiquement. Je gagnais un match et ensuite physiquement je n’étais plus là. C’est très dur mentalement mais c’est ma force la tête. Je sais que je ne lâche rien jusqu’au bout. Ça m’a fait relativiser sur beaucoup de choses.
C’était même un mal pour un bien d’après ce que tu dis ?
En fait c’est tout à fait ça. C’était ma première blessure et j’espère ma dernière d’ailleurs. Maintenant je sais ce que je veux et je suis encore plus déterminée qu’avant. Je sais que c’est ce que je veux faire. J’ai envie du top 100 et pas seulement, je ne veux pas m’arrêter. Je ferai tout pour y arriver.
"J’aime beaucoup la mentalité aux Etats-Unis"
Les Etats-Unis vont être une étape ou tu pourrais envisager de rester plusieurs années dans ce cadre ?
Je suis déjà venue ici. J’avais fait l’Orange Bowl trois années de suite. Xavier Malisse m’a également accompagné durant 6 mois alors que je faisais des tournois aux Etats-Unis à Miami. J’aime beaucoup la mentalité aux Etats-Unis.
Finalement ce n’est pas seulement dans l’optique de progresser tennistiquement mais aussi par rapport à un cadre de vie, peut-être aussi l’idée du rêve américain ?
J’ai toujours adoré les Etats-Unis. Quelqu’un qui fait du sport et qui réussit là-bas, c’est le roi. Tu vas n’importe où, il y a des terrains. J’aime beaucoup l’ambiance du foot américain, du basket, même du tennis. Je trouve ça génial. Après je sais que je vais faire le tour du monde quand le tennis va reprendre, j’ai toujours mon appart à Cannes, donc je ne vais pas rester à Palm Beach, ma vie ne s’arrête pas ici. Je suis ici 4,5,6 mois mais après je ferai le tour du monde avec le tournoi et en France je retournerai à Cannes m’entraîner.
Peux-tu nous parler un peu de la vie aux Etats-Unis en ce moment ?
Moi je suis complètement confinée. On nous livre même les courses à la maison. Ma chance, c’est que je suis avec ma mère dans une maison près de chez Charles-Edouard Maria et il y a un court de tennis, une piscine, une salle de sport, donc j’ai tout ici. Depuis 6 semaines que je suis ici, je ne suis pas sortie. Ici, ils ne se protègent pas beaucoup. Quand je suis arrivée, il n’y avait pas de confinement mais moi je n’ai pas pris de risque et je me suis confinée. Je n’ai pas d’utilité de sortir et je ne suis pas venue en vacances mais pour m’entraîner. Palm Beach c’est vraiment pour s’entraîner et à côté de ça je lis et je bosse beaucoup pour le Bac aussi.
"Le 13 juillet, je n’y crois pas du tout"
Comment vois-tu la suite pour 2020 ?
Le 13 juillet je n’y crois pas du tout. Je pense que la vie ne sera plus du tout pareil. On sera sûrement dans l’obligation de porter des masques comme en Asie. On va faire attention à tout. Dès que les frontières sont de nouveau ouvertes je repars. Je ne suis pas figée aux Etats-Unis, Palm Beach c’est seulement pour s’entrainer. Je discutais avec Tatjana (Maria), c’est la première fois qu’elle reste un mois chez elle. Je pense qu’on en saura plus en mai juin. J’ai vraiment hâte de reprendre. Après c’est un mal pour un bien puisque je peux me préparer et je serai prête quand ça reprendra. Et maintenant je connais mon corps. Quand je suis fatiguée, j’arrête et ma blessure m’a vraiment appris beaucoup de choses. Avec ma blessure, je ne pouvais pas m’entraîner et les autres pouvaient et maintenant j’ai la chance de pouvoir et d’autres non donc je rattrape un peu mon retard. Du coup j’ai une chance.
C’est un avantage tennistique mais aussi psychologique ?
Oui je sais que je l’aurai.
Tu sembles très confiante et mature par rapport à ton âge. Comment expliques-tu cette confiance et cette assurance ?
Tout ça, je l’ai, je pense, parce que depuis mon enfance je suis avec des adultes. C’est vrai que j’ai un tempérament assez fort. (rires)
As-tu des idoles ?
Roger Federer bien sûr chez les hommes, je l’adore. Et chez les femmes, c’est Maria Sharapova ! J’adore son comportement sur le court. On me dit que je suis un peu comme elle parfois donc c’est flatteur pour moi. (rires)
J’imagine aussi que tu as dû réfléchir, repenser tes objectifs ? Quels sont-ils aujourd’hui ?
Cette pause m’a fait relativiser sur tout. Je n’aime pas donner des points et avant je m’énervais vite. Maintenant je suis un peu plus zen. Avec le Coronavirus, je m’entraîne, je prends tout ce que je peux prendre parce qu’il faut que je sois prête. Quelque soit la date de reprise, je serai prête physiquement. J’attends de vraiment que les premiers tournois se déroulent pour voir un peu.
Enfin, une question que l’on pose à tous les joueurs. Quel est ton rêve ?
Sincèrement, gagner un jour Roland-Garros ! En France, chez moi…