Tennis. ITW - Luca Sanchez s'est réveillé avec le "matricule" 1875
Par Alexandre HERCHEUX le 05/01/2021 à 09:05
Pas d'erreur d'ordinateur: Luca Sanchez est officiellement classé à l'ATP. Son nom figure au 1875e rang. Il est ex-aequo avec d'autres joueurs. Un instant inoubliable pour tout joueur de tennis. Un point, c'est tout... L'année 2020 a été éprouvante pour tout le monde. De nombreux joueurs ont connu une situation délicate, notamment financièrement, et ont dû s'accrocher pour rester tennisman professionnel. D'autres ont saisi l'opportunité de bien préparer 2021. C'est le cas de Luca Sanchez, jeune Tricolore âgé de 21 ans. Natif de Perpignan, le Frenchie se bat depuis plusieurs années pour réaliser son rêve : devenir joueur de tennis professionnel.
Vidéo - Le Mag Tennis Actu avec Luca Sanchez, 21 ans
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Financièrement, la situation a toujours été compliquée pour Luca qui a dû adapter son planning en fonction de ses moyens et sans doute perdre un peu de temps. Mais, cette saison, tout a changé pour lui. Titulaire d'un diplôme d'état, le Frenchie d'origine espagnole a profité de la pause liée au Covid pour travailler et s'entraîner. Celui qui a été le sparring de Gaël Monfils en février à Montpellier a donc pu économiser et être soulagé par la venue d'un nouveau sponsor pour préparer la saison 2021. Présent à Monastir pour finir l'année, Luca Sanchez a réussi à décrocher la semaine passée son tout premier point ATP grâce à une victoire au 1er tour de ce 15 000$ et aura son premier classement ATP lundi. Le deuxième point n'était pas loin car il perdu ce mercredi 7-6 au troisième set contre un Américain qui, paradoxalement, décrochera lui aussi un ranking le 11 janvier... Depuis plusieurs années, Luca Sanchez s'accroche et il touche du doigt son rêve. Au micro de Tennis Actu, le Catalan est revenu sur son parcours mais a aussi évoqué le futur et son rêve : jouer Roland-Garros.
"J’attendais depuis longtemps ce premier point ATP"
Alors Luca, tu as remporté ta première victoire en grand tableau chez les pros la semaine passée. Explique-nous un peu ce que tu as ressenti et ce que représente cette victoire ?
J’ai ressenti beaucoup de joie, beaucoup de satisfaction car j’attendais depuis longtemps ce premier point ATP. Ça récompense un peu tout le travail fait durant cette année.
Tu as 21 ans mais on ne te connaît pas beaucoup. Certains vont même te découvrir maintenant. Raconte-nous un peu ton parcours et comment tu es venu au tennis ?
Tout jeune en fait… J’ai deux sœurs plus âgées qui ont toujours joué au tennis. J’ai commencé à jouer avec mon père dès le plus jeune âge et j’ai vite intégré la Ligue à 8 ans.
Et qui es-tu dans la vie ? J’ai vu que tu étais aussi fan de foot et plus particulièrement du Real Madrid?
C’est ça ! Je suis originaire d’une famille espagnole. Je suis fan du Real comme mon père et mon grand-père. J’ai toujours vécu dans le sud de la France à Perpignan mais ma famille est d’origine andalouse.
"Sparring de Gaël Monfils, ça a été une superbe expérience"
J’ai vu que tu avais été sparring de Gaël Monfils en début d’année. Comment ça s’est passé ?
Super bien ! J’étais sparring à Montpellier pour la deuxième année. J’ai fait le sparring de plusieurs joueurs et en début de tournoi j’ai été proposé à Gaël Monfils. On s’est bien entendu et j’ai été son sparring toute la semaine. Ça a été une superbe expérience car c’est quelqu’un de sympa, qui met à l’aise et en plus il a remporté le titre. Vraiment une belle semaine !
J’imagine que tu as pu apprendre de Gaël durant cette semaine ?
De lui ou d’autres même. On côtoie tous les joueurs. On voit leur préparation de match, leur récupération. On voit comment arriver en tournoi avec plus de sérieux, plus de sérénité.
Alors ta fiche ITF indique que tu as la particularité d’être ambidextre. C’est vrai ?
Non ! (Rires) Je dis ça pour ne pas donner trop d’indices. Je suis un pur droitier. (Sourire) J’aime bien plaisanter, je suis un chambreur. Là, c’était histoire de brouiller les pistes et de ne pas donner des informations vraies.
"Compliqué de se dire qu’on va partir sur 20 tournois chez les pros alors qu’on ne pourra surement pas les assumer"
Comment as-tu vécu cette année complexe ?
Ça a été une année vraiment difficile avec peu de tournois, pas de match par équipe. Ce qui m’a aidé c’est d’avoir un sponsor, Tech Valley. Cette année, je fais une formation et je passe le DE (diplôme d’état). Ça me fait un petit revenu et ça m’aide pour partir en tournoi. J’avais anticipé et je me suis dit que c’était l’année pour passer la formation, toucher un peu de sous et repartir quand tout reviendrait à la normale. Je voulais passer le DE dans tous les cas mais je n’étais pas pressé. La Ligue Occitanie m’a proposé d’être en formation au sein de la Ligue. En termes d’expérience, c’est enrichissant d’être en formation à la Ligue. Je n’ai pas hésité à saisir l’occasion. Je savais que ce serait compliqué de jouer les tournois. J’ai préféré bien m’entraîner et m’assurer quelque chose quand ça reprendrait.
« En temps normal », comment se passe ton quotidien ?
Sincèrement, c’est assez compliqué. Mes parents ne roulent pas sur l’or, ils n’ont pas de gros revenus. Je cherche des sponsors comme beaucoup de joueurs pour financer les tournois. Suivant les sponsors, on voit si on peut partir en tournoi ou pas. C’est un peu bizarre de préparer une saison comme ça. C’est compliqué de se dire qu’on va partir sur 20 tournois chez les pros alors qu’on ne pourra surement pas les assumer. Je m’entraîne beaucoup dans mon club à Perpignan (NDLR: le TC Illibérien), j’ai mon coach et un préparateur physique, un kiné avec moi. Et quelqu’un s’occupe de trouver des sponsors.
Paradoxalement, tout ce qui s’est passé en 2020 t’a permis de préparer 2021 et d’être plus serein pour le début d’année non ?
Exactement ! Les autres années, je n’avais pas de revenu. Papa et Maman m’aidaient un peu mais à leurs moyens. Cette année, cette formation m’aide à avoir des sous pour mes tournois.
Quel va être ton objectif ?
Pour ce début d’année, c’est de reprendre l’entraînement en janvier février et attendre la reprise des tournois en France. J’aimerais bien rentrer dans les 800 à la fin de l’année 2021.
"Mes parents m’ont dit à un moment qu’on allait arrêter et que j’allais retourner au lycée"
Plus largement, quel est l’objectif de ta carrière ?
Je n’ai pas vraiment objectif. Si j’en ai un, c’est d’avoir une carrière professionnelle. J’essaie juste de progresser, d’améliorer mon tennis et je ne mets pas de pression. Si j’arrive à entrer dan le top 100 un jour ce sera un rêve.
Est-ce que parfois tu as douté ? As-tu pensé à tout arrêter à un moment ?
Oui ça s’est arrivé. Vers 16-17-18 ans mes parents se posaient des questions sur mon avenir. Ils avaient aussi mes sœurs à gérer, qui sont aux Etats-Unis. Ça faisait cher de jouer sur le circuit. Mes parents m’ont dit à un moment qu’on allait arrêter et que j’allais retourner au lycée. Durant cette période, pendant 6 mois, j’ai fait des efforts de mon côté pour prouver à mes parents que je n’allais pas lâcher. Je les ai remotivés et ils ont vu que j’avais vraiment envie. Depuis, on est dans une situation assez stable. On avance sereinement.
Tradition Tennis Actu, quel est ton rêve ?
Je dirais jouer Roland-Garros. C’est le plus grand tournoi pour un Français. Jouer Roland devant ma famille, ça serait un rêve.
Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour 2021 ?
On va dire de progresser encore et aller chercher le maximum de points ATP pour jouer des tournois plus importants.
Je voudrais juste remercier mes parents. Dans les moments de doutes, ils ont été importants pour moi. Merci aussi à mon coach avec qui on fait du bon travail depuis un moment, mon préparateur, mon kiné. Et merci aussi à Franck qui s’occupe de mes sponsors et qui est important pour moi.
