Tennis. ITW - Tiphanie Fiquet, cette joueuse qui "rêve du FBI et de la CIA" !
Par Alexandre HERCHEUX le 30/05/2021 à 23:35
Vivre le rêve américain... La jeune génération a toujours cette même curiosité. A l'instar de Léolia Jeanjean, Arthur Rinderknech ou encore Elixane Lechemia, Tiphanie Fiquet, âgée de 21 ans depuis le 17 mai, a fait le choix des USA depuis maintenant plus de deux ans. En licence de justice criminelle et de sciences politiques, la jeune joueuse originaire de Normandie a décidé de partir aux USA après son Bac pour mêler études et tennis. Sur le circuit pro depuis ses 14 ans, Tiphanie n'a jamais intégré la Ligue et de manière plus globale les structures de la FFT et n'avait donc que très peu d'aides. Une situation qui l'a poussé à partir vers le pays de l'oncle Sam. Et après quasiment 3 ans, la protégée d'Alejandro Cadenas, son coach vivant en France, ne regrette aucunement son choix et a de belles ambitions : vivre du tennis donc intégrer le top 150 et peut-être travailler au FBI ou à la CIA après le tennis...
Vidéo - Le Mag Tennis Actu avec Tiphanie Fiquet !
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"J’ai toujours voulu vivre aux Etats-Unis mais ça a été compliqué car ce n’était pas mon choix"
Tiphanie, on avait beaucoup parlé de toi lorsque tu as joué Gail Falkenberg, 74 ans, à Naples en Floride. Ça avait été plus compliqué au 2e tour contre Marine Partaud. Comment as-tu vécu cette semaine particulière ?
C’était assez étrange. J’ai eu beaucoup de difficulté au 2e tour pour rejouer à ce niveau en pro. Je jouais en universitaire et le niveau n’est pas aussi élevé. Ça me faisait plaisir de revenir et ce n’est que le début.
Ça fait 3 ans que tu es aux Etats-Unis, raconte-nous un peu comment ça se passe et pourquoi tu as fait ce choix ?
Je suis partie après le bac. Financièrement, c’est assez compliqué en France et j’étais hors-fédération. J’ai fait le choix d’aller aux Etats-Unis car ça offre pas mal d’opportunités différentes. Je joue pour l’université jusqu’en septembre et ensuite je peux aller sur le circuit pro aux USA, au Canada, et au Mexique.
Ça a été dur de quitter la France ?
J’ai toujours voulu vivre aux Etats-Unis mais ça a été compliqué car ce n’était pas mon choix. Dans ma tête, c’était jouer le circuit pro mais la réalité m’a rattrapée, ma mère ne pouvait pas payer le circuit. Les conditions sont plutôt pas mal. J’ai accès aux infrastructures énormes. J’ai tout gratuitement. C’est forcé mais je ne regrette pas mon choix. Je suis assez contente, j’ai progressé sur d’autres domaines et même en tant que personne. C’est quand même assez sympa.
"Je ne voulais pas changer de coach car ça marchait. Ce n’était pas très bien accepté"
Ce qui fait ta particularité, c’est que tu es dans un cadre privé depuis tes débuts avec une raquette ?
J’ai un coach privé depuis 4-5 ans, Alejandro Cadenas, je suis toujours en contact avec. Je vais repartir avec lui quand je rentrerai en France. Il peut voir mes matchs universitaires donc je travaillerai avec lui quand je reviendrai.
Tu n’as jamais été au sein de la FFT ?
Non, ligue, département, je n’en faisais pas partie. Je ne voulais pas changer de coach car ça marchait. Je m’entendais avec mon coach donc je ne voyais pas l’intérêt d’aller à la Ligue. Ce n’est pas très bien accepté. J’ai toujours pu jouer mais c’est compliqué sans aide. A mes 18 ans, il fallait trouver autre chose.
Comment ça se passait avec la FFT ? On te demandait de changer ?
J’étais de la Ligue de Normandie. On m’a fait vite comprendre qu’ils ne me sélectionneraient pas, que je devais me débrouiller. A 15, 16 ans, mon coach avait appelé la FFT pour savoir si je pouvais intégrer les tournées fédérales. On m’avait répondu que comme j’habitais au Cap d’Agde, je n’étais pas loin de l’Espagne et je pouvais prendre ma voiture pour faire les qualifs des 15 000$ espagnols. C’est ce que je fais à 14/ 15 ans.
C’est ce qui a fait que tu es passée tout de suite chez les grandes en zappant les juniors ?
J’ai tout de suite commencé chez les pros parce que les Juniors peuvent ouvrir des portes mais il faut de l’argent. On s’est dit qu’il fallait commencer les qualifs pros, prendre de l’expérience et voir où je pouvais aller.
The Rebs sweep doubles, 2-0! �'�
— Ole Miss Women's Tennis (@OleMissWTennis) May 7, 2021
Tiphanie Fiquet/Sabina Machalova def. Catherine Gulihur/Valentina Mariotto (UNF), 6-2!
Ole Miss 1, UNF 0#HottyToddy pic.twitter.com/8Ou8PwbaY4
"Pour l’instant, c’est le tennis quand j’ai fini les études l’année prochaine. Niveau boulot, ce serait plutôt aux Etats-Unis, CIA, FBI, services secrets… "
Ça a tout de suite été le rêve américain en arrivant là-bas ?
Un peu parce que tout est plus grand. Le campus de Lexington, ma première université, tout était super grand. Il me fallait un vélo pour le traverser. Tout est neuf, c’est incroyable. On est traitées comme des princesses.
Ton choix a tout de suite été validé ?
Je progresse comme je peux et je joue en fin d’année chez les pros. Je ne regrette pas d’être partie. C’est top ! C’est une super expérience.
Tu étudies quoi ?
Je fais une licence en justice criminelle, une en sciences politiques. C’est super sympa surtout justice criminelle aux USA.
As-tu une idée de ce que tu comptes faire ?
Pour l’instant, c’est le tennis quand j’ai fini les études l’année prochaine. J’aurais des diplômes. Niveau boulot, ce serait plutôt rester aux Etats-Unis, CIA, FBI, services secrets… J’ai rencontré pas mal de monde dans ce milieu et ça a l’air pas mal.
Après les études, tu comptes revenir en France ou rester aux USA ?
Dans l’idée, ce serait de revenir en France. Je ne peux pas rester aux USA pour jouer seulement au tennis. Je rentrerai sûrement en France, à Nice avec ma mère et j’essaierai de trouver une structure là-bas. Les tournois français et les matchs par équipe permettront de gagner de l’argent pour repartir sur le circuit pro.
"On peut demander à faire des entrainements individuels quand on veut. Pareil pour la salle de musculation ouverte quand je veux. On a accès à tout"
Tu es revenue sur le circuit. C’est quoi l’objectif en 2021 ?
Jouer plusieurs semaines d’affilée. Trouver une programmation avec 4-5 semaines d’affilée. Remonter aussi autour de la 600e place cet été. C’est faisable en 2-3 mois je pense.
Tu as senti un gap énorme entre le niveau universitaire et les pros ?
Ce n’est pas vraiment le tennis mais plutôt physique. Certaines joueuses jouent très bien mais pas tout un match. En pro, il y a des cadences différentes. Il faut en jouer régulièrement pour garder ce rythme. Des filles jouent très bien aux Etats-Unis, certaines veulent être pro mais pas la majorité.
Est-ce que tu progresses correctement tout de même ?
Oui et non. Je suis dans le Mississipi maintenant. On peut demander à faire des entrainements individuels quand on veut. Pareil pour la salle de musculation ouverte quand je veux. On a accès à tout mais on n’est pas forcé de le faire. J’essaie de garder le même rythme qu’en France quand j’avais mon coach.
On a vu des joueuses faire le même choix que toi, Léolia Jeanjean notamment qui est de retour sur le circuit après des études aux USA. Ça te donne de l’espoir ?
Ce n’est pas totalement impossible. Je pense que tout est possible si on est motivé. Si je travaille dur, si j’ai des opportunités je ne vois pas pourquoi je n’y arriverais pas. On peut travailler individuellement ici.
"Entrer dans le top 150 pour vivre du tennis et disputer les tournois prestigieux, ce serait top"
Quel est ton style de jeu ?
Je préfère jouer sur terre. Ça fait 3 ans que je joue sur dur, la terre me manque. Je joue un peu derrière ma ligne. Coup droit lifté, beaucoup de slices, beaucoup de variations. J’ai amélioré mon jeu au filet grâce aux doubles. Et décalage coup droit au maximum ! (sourire)
Tu as des modèles ou des inspirations ?
Rafael Nadal est mon idole. Chez les femmes, j’aime beaucoup Justine Henin. Mauresmo aussi. Et maintenant, Simona Halep.
Comment vois-tu ton retour ? Tu t’es fixée une deadline ?
Non du tout. Pour moi, tout peut arriver. On voit des joueurs de plus en plus âgés sur le circuit. On voit Karatsev qui a passé un cap à 27 ans. Je ne veux pas me mettre de pression. Après, je suis réaliste aussi. Je n’ai pas envie de rester 400e à 30 ans et tenir avec les matchs par équipe. Le coaching, ce n’est pas trop mon truc. Je verrai juste en fonction de comment ça évolue.
Ce serait quoi l’idéal ?
Entrer dans le top 150 pour vivre du tennis et disputer les tournois prestigieux. Mieux, ce serait un rêve. Mais, pouvoir en vivre toute l’année ce serait top.
Est-ce que tu as des rêves en tant que joueuses ? Un grand titre, un classement, jouer un tournoi ?
Ça a toujours été d’être joueuse pro. Mon rêve, c’est d’atteindre un certain classement. Faire les 4 Grands Chelems, ça a l’air sympa.
Roland-Garros reste ta référence ?
Oui parce que c’est la terre battue, pas juste parce que c’est en France. Les 4 Grands Chelems sont pareils pour moi quand même.
Qu’est ce que on peut te souhaiter pour la suite ?
Jouer cet été sans souci. Entrer dans les tableaux. Avoir mon diplôme l’année prochaine et après on verra…

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