ITW - Tsonga : "L'IPTL ? Je joue pour gagner ma vie"
Par Thibaut MELIN le 07/01/2015 à 19:03
Vidéo - Interview de Tsonga sur son forfait à l'Open d'Australie
Jo-Wilfried Tsonga a donc confirmé officiellement ce mercredi matin son forfait pour l'Open d'Australie (du 19 janvier au 2 février prochain). Le n°1 Français souffre d'une tendinite à l'avant bras droit, une blessure récurrente depuis septembre dernier que le Manceau ne parvient pas à soigner correctement. Au micro de Radio France et de notre confrère Fabrice Abgrall, il est revenu sur les causes et les conséquences de cette blessure.
Pouvez-vous nous décrire votre blessure ?
Je souffre de l'avant-bras, j'ai ce que l'on appelle le syndrome de l'intersection. C'est une blessure assez récurrente pas facile à soigner, qui va m'empêcher d'aller à l'Open d'Australie dans un premier temps. Pour la suite je ne sais pas trop pour le moment, je vais avoir un peu d'arrêt, j'ai une attelle à mon avant bras et j'avoue que je n'ai pas forcément de visibilité pour la suite
Que vous-ont dit les medecins ? 3-4 semaines d'arrêt plus rééducation et reprise de l'entraînement ?
Exactement, pour l'instant je me suis fixé trois semaines d'arrêt avec ensuite de la rééducation. Maintenant je ne peux pas vraiment prédire ce qui va se passer par la suite étant donné que les médecins eux-mêmes ne savent pas vraiment à quel moment je pourrais reprendre. L'examen clinique sera vraiment important et on verra à ce moment là si je peux reprendre ou pas.
Vous trainez cette blessure depuis fin septembre maintenant, c'est une blessure qui vous a aussi empêché de disputer en partie la finale de la Coupe Davis. C'est si difficile que ça à soigner ?
Oui c'est dur à soigner, après ça dépend des individus, on ne réagit pas tous de la même manière. Après ça dépendait aussi beaucoup des échéances qui venaient. A partir du moment où j'ai eu ce problème en septembre, la question était de savoir si j'allais jouer la finale de la Coupe Davis ou pas malgré cette blessure. Et pour moi c'était très important de jouer cette finale car j'avais envie de gagner, d'être sur le terrain. Et le meilleur moyen pour moi c'était de me faire infiltrer, c'est à dire d'envoyer directement des anti-inflamatoires très puissants sur la zone concernée. L'objectif était de m'enlever la douleur pour pouvoir jouer.
Jo, n'avez-vous pas pris trop de risques en reprenant un peu tôt avec Bercy, et surtout en disputant ces tournois exhibitions par équipes juste après la finale de la Coupe Davis ?
Le gros risque c'était de tenter le coup pour la Coupe Davis. C'était le vrai risque. A partir du moment où j'avais décidé de faire tous les sacrifices pour la Coupe Davis, j'avais déjà mis ma récupération en péril. Je savais qu'en me préparant pour la Coupe Davis j'allais entamer mon début de saison et ça serait difficile d'arriver à temps pour l'Open d'Australie. Quand je suis allé jouer à l'IPTL, les medecins m'ont dit, de toutes façons, maintenant tu as la blessure, tu ne peux plus vraiment l'agraver. Et comme ça ne se jouait pas à une ou deux semaines, j'ai décidé d'aller jouer car c'est aussi mon métier et je savais déjà que l'Open d'Australie était déjà bien entamé.
Dans ce genre d'exhibition, vous n'êtes pas obligé de jouer à 100% qui plus est ?
Exactement je ne suis pas obligé de jouer à 100%. Après je reste honnête je joue aussi pour gagner ma vie. Je ne suis pas salairié d'un club, je n'ai pas de patron donc si je ne vais pas jouer je n'ai pas de rémunération. Et comme je savais que je ne jouerai pas l'Open d'Australie, c'était important de jouer là-bas. Maintenant je savais très bien avant d'aller à l'IPTL que l'Open d'Australie allait être compliqué pour moi.
Jouer ce tournoi exhibition c'était prendre le risque d'agraver la blessure plutôt que de la soigner indiscutablement ?
Biensûr mais à partir du moment où le medecin me dit que je ne pouvais pas agraver mon cas, j'ai pris mes décisions. Et aujourd'hui, que je sois allé à l'IPTL ou pas, je n'aurai pas pu jouer l'Open d'Australie.
Vous pouvez comprendre que le grand public s'interroge ? Pourquoi un joueur blessé se déplace dans un tournoi exhibition alors que justement il est blessé ?
Je comprends que l'on puisse ne pas comprendre. Mais je fais des choix pour moi en premier lieu. Le premier lésé de ne pas aller en Australie c'est moi. Et pourquoi je n'y vais pas ? Car j'ai voulu tout faire pour représenter mon pays en finale de Coupe Davis. Après je pense que cela me regarde ce que je vais faire par la suite, étant donné que cela ne mets pas en cause mon pays ou le tennis en général.
C'est la mort dans l'âme évidemment que vous renoncez à l'Open d'Australie. Dans le meilleurs des cas quand est-ce que vous avez l'intention de reprendre la compétition ?
Je n'ai aucun recul sur ces choses là. Aujourd'hui je travaille avec des professionnels de la médecine, eux mêmes ne savent pas quand j'irai mieux. L'objectif pour moi c'est dêtre patient, de tout faire pour que ça aille mieux. Et puis c'est tout ce que je peux faire. Je vais prendre mon mal en patience et continuer à bosser physiquement. Après, donner une échéance, j'en suis incapable.
Etes-vous inquiet ?
Honnêtement non. Dans toute carrière il y a des hauts et des bas. J'ai eu des moments difficiles mais le plus important c'est le moment présent. Aujourd'hui j'ai une blessure dont on connait pas le temps de guérison car elle elle est récurrente. J'ai l'habitude de ça et je vais faire du mieux que je peux.
Propos recueillis par Tennis Actu (avec la complicité de Fabrice ABGRALL)