Tennis. La Raquette à Doudouce - La surprise... Roger Federer !

Non, mais vous êtes dingue ou quoi ? Federer ? Roger Federer ? Une surprise de le retrouver encore une fois en demi-finale d’un Grand-Chelem ? Lui et ses 20 grand-chelems, le plus grand joueur de tous les temps, et vous êtes encore étonné ? Et bien oui ! Bien sûr, vous allez retrouver plein de personnes qui l’avaient dit avant Roland-Garros. Comme ils avaient déjà dit un an avant la Présidentielle que Macron allait l’emporter, et comme ils avaient (trente ans plus tôt…) juré que les Stones allaient tenir les Charts jusqu’à 70 ans et plus…

Mais la vérité du microcosme est toute autre. Dans le milieu du tennis, au Players Lounge, l’heure était au doute. Sur cinq sets à Roland-Garros, il peut passer la première semaine, pas plus, était l’analyse la plus courante au début du tournoi. D’aucun craignait même un arrêt buffet bien plus tôt. La surface ocre, la plus exigeante physiquement, la plus lente aussi pour son jeu d’attaque, ne lui laissait guère de chance d’aller loin dans le tournoi.

Face à Stan Wawrinka, vainqueur ici en 2015 du tournoi et…de Federer, le Bâlois allait pourtant conclure par deux volées gagnantes, en ne craignant jamais d’enchaîner sur des deuxièmes balles. Croyez-moi, je n’en veux à personne. Il y avait des arguments contre Federer sur la terre-battue de Roland-Garros. Il n’a pas la puissance des meilleurs sur terre-battue. Il n’a peut-être plus la distance pour faire 5 sets et 5 heures de combat physique. 

Tout se tenait bien. Ses réticences à venir depuis quatre longues années sur terre rejoignait ces états de fait. Comme s’imposait l’idée que son genou ou son dos s’accommoderaient mal des longs rallyes sur terre.

Bref, tout le monde avait bien raison de m’expliquer que Rodge ne pouvait pas aller très loin sur terre. Sauf que… Sauf que tout ce microcosme a juste oublié que ce gars-là, comme Nadal ou Djokovic, ne sont pas de la même race que les autres. Oublié que quand les points sont chauds, Federer peut toujours venir faire l’équilibriste au filet et qu’en face il faut aller le tirer le passing. 

Oublié que Roger sait parfaitement gérer son physique à travers un tournoi et un match. 5 sets, c’est très long…sauf quand on sait abréger un match et ne jamais jouer 5 sets… Alors, c’est devenu une habitude, Rodge part toujours fort. Dès le départ, il « parpine » dans tous les coins voir si l’autre se met au rythme. Au bout d’1h30, le Vaudois Wawrinka aurait dû être mené de deux sets. Sauf que Rodge s’use à conclure le premier et lâche le deuxième set sur un malentendu. Tandis que Stan commence à frapper dur et à ébrécher un Federer sur la défensive. 

"Attendez quand même de voir l’entame « Hop Swiss » de la demie vendredi..."

Break dans le troisième set, Stan est le plus fort et les « on vous l’avait dit » me remontent au visage. Sauf que… Sauf que c’est le moment choisi par Federer pour accélérer. Hein, quoi ? Mais oui, mon bon Monsieur, le gars qui n’est plus bien solide sur ses jambes, qui subit la puissance de Wawrinka, et bien ce gars-là, il accélère, il lâche les chevaux. 

Quelques minutes plus tard, c’est Federer qui a des balles de set. Quelques minutes encore pour conclure le tie-break du 3ème et dominer encore le 4^ème set. Et ce n’est pas un orage qui va calmer notre attaquant. Federer monte toujours plus au filet pour forcer la décision sur un dernier jeu de service qui enflamme le Lenglen. 

Roger Federer ponctue ce Roland-Garros par une demi-finale. Il est déjà plus avancé qu’au dernier Australian Open sur dur. Qu’au dernier US Open aussi, d’ailleurs. Et même qu’à Wimbledon… Son meilleur résultat en Grand-chelem depuis 16 mois ! Parce que Roger Federer est un grand joueur de terre-battue…aussi. Aurait-il fait 5 finales ici sinon ? Au fait, il va évidemment, rentrer dans le rang contre l’ogre Nadal, n’est-ce pas ? Attendez quand même de voir l’entame « Hop Swiss » de la demi-finale vendredi avant d’afficher trop vos certitudes… ! Oui, Nadal est le meilleur joueur de l’histoire sur terre-battue. Mais il affronte un monstre. Et lui, il le sait…